Paroles de boulonnais
Philippe Rabasse,directeur général d’Aubay
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Le Boulonnais Philippe Rabasse est directeur général d’Aubay, société de conseil en transition numérique. Ce fleuron boulonnais a su faire preuve d’une remarquable agilité face aux crises. Philippe Rabasse a la réussite discrète. Pourtant, Aubay, société qu’il a fondée il y a presque 25 ans avec une "bande de copains", est cotée en bourse, emploie 7 800 personnes en Europe et affiche un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros.
Installée à Boulogne-Billancourt depuis 2003, elle y occupe trois sites. Le directeur général l’admet bien volontiers, la ville convient à merveille à ses clients et à ses collaborateurs, avec sa desserte aisée et sa réputation de dynamisme. Elle lui convient aussi à titre personnel, puisqu’il y habite avec bonheur depuis l’installation d’Aubay. Ses trois filles y ont été élevées, l’une d’elles s’étant récemment mariée à la mairie.
J’aime cette ville, j’y suis heureux. Je n’imagine pas un instant en bouger, ni professionnellement ni personnellement.
Quand on lui demande le secret du succès de son entreprise, il évoque "un collectif d’associés impliqué et stable", et un caractère "familial" bien ancré dans l’ADN de la société.
Nous gérons Aubay comme une entreprise de nature familiale, avec une vision à long terme. Nos décisions portent des ambitions, mais aussi de la prudence. Cette constance a permis à Aubay de tripler son chiffre d’affaires en 12 ans et de faire face aux crises successives (...). Le noyau des fondateurs se connaissait depuis longtemps, mais il nous a fallu franchir le pas, “se déséquilibrer vers l’avant”. Nous avons commencé sur les chapeaux de roues. Dès la première année, nous avons atteint 100 collaborateurs. L’essor de l’internet nous a bien sûr boostés."
Une entreprise installée dans sept pays
Premiers succès donc, suivis de l’introduction en bourse pour réaliser des acquisitions. Le défi ? Atteindre rapidement la taille critique, ce qui a permis de résister à la crise de 2001 et surtout à celle dite "des subprimes" en 2008-2009, la plus périlleuse, car elle touchait la banque et l’assurance, secteur majeur pour Aubay.
Depuis, l’entreprise est devenue européenne, installée dans sept pays,"au plus près de nos grands clients, toujours, la proximité, c’est une règle" ; et demeure une référence dans le secteur financier mais aussi dans ceux de l’énergie et des télécoms. La période Covid a mis les équipes au défi, comme partout.
Nous sommes parvenus à nous adapter en une semaine, en déployant des outils pour nos collaborateurs et pour nos clients, raconte Philippe Rabasse. Je dois l’avouer, je n’étais pas tenté par le télétravail. Mais j’ai constaté des résultats probants, des clients satisfaits et des collaborateurs motivés. Depuis, nous avons instauré de la flexibilité sur la base de deux jours par semaine. Et ça fonctionne bien.
Et, aujourd’hui, quelles sont les conséquences de la guerre en Ukraine ? "Pour l’instant, on résiste bien, et notre écosystème aussi , assure-t-il.
Pas d’angélisme néanmoins, le dirigeant est aux aguets : "Je tire de mes expériences passées la règle “d’éviter les inquiétudes inutiles”, autrement dit, nous continuons à croître et à recruter. Il sera temps de nous adapter le moment venu si la demande de nos clients baisse."
On peut croiser ce sportif, qui pratique le vélo et le golf, faisant ses courses dans son quartier.
J’adore les commerçants de l’avenue Jean-Baptiste-Clément ! Avec le temps, on se connaît, on parle, on plaisante.
Peu de chances, en revanche, de le voir sur les plateaux télé des émissions économiques : "Je n’ai pas d’ego médiatique, je ne donne pas ou peu d’interviews, à part pour BBI", dit-il dans un sourire.
L’avenir de ce tout récent sexagénaire ? Certes lié à sa société, même s’il réfléchit à une transition managériale : "Ce qui compte, c’est la personne morale que forment Aubay et ses collaborateurs; il existe au sein de l’entreprise de nombreux talents qui peuvent l’emmener plus loin dans les dix prochaines années. "
Impossible, cependant, d’imaginer Philippe Rabasse inactif. Entrepreneur dans l’âme, il met son expérience au service de jeunes entreprises. Avec son épouse Armelle – ancienne directrice générale chez Accenture et Unibail, personnalité référente dans les instances de la mixité et de l’innovation managériale –, il est un investisseur très impliqué : "Ce que je gagne, je le réinjecte dans des projets qui me convainquent. Ça fait du bien de voir des talents se lancer en France. Il faut juste que je me retienne de leur donner trop de conseils !"
Pourtant, fort de sa belle trajectoire, inspirante pour de futurs chefs d’entreprise, peut-il donner sa recette ? "Beaucoup de chance et un peu de travail", s’exclame-t-il en riant. Ou l’inverse, pense-t-on…