Paroles de boulonnais
Éric Salliot, les bonnes ondes du tennis
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Jeudi 10 novembre, 18h, la nuit est tombée. Éric Salliot arrive au TCBB. Ici – pas le genre à parler fort et à faire des moulinets avec les bras –, il est comme chez lui, un Boulonnais parmi d’autres. Papa de Clara, 17 ans, lycéenne, Éric est venu accompagner son petit Jules, 10 ans, licencié au TCBB et scolarisé à Denfert-Rochereau. " C’est un club génial ", lance-t-il d’emblée. À l’âge de son Jules, ou à peu près, le petit Éric, né en 1967, rêvait aussi. Originaire de Flers – ses parents y tenaient un magasin d’électro-ménager–, il devient champion de tennis de l’Orne minimes. La carrière sportive s’arrêtera là. Il rigole : " J’ai vite compris que je n’étais pas un cador". Mais la passion du sport et de la presse lui est chevillée au corps. Déjà, il noircit ses cahiers d’écolier de classements et de résultats. Le lundi matin, à l’aube, il dévore l’édition de Ouest-France glissée par le porteur sous la porte du magasin. Plus tard, chargé d’une page multi-sports "aux quatre coins du stade ", il publiera ses premiers papiers dans ce journal. Puis, c’est le départ pour Paris, une école de journalisme, et, dans les années 90, l’entrée dans la rubrique des sports de feu le quotidien France Soir, vraie pépinière de talents. En février 2001, il frappe à la porte de RMC.
L’Open 10-12 de Boulogne-Billancourt est un tournoi incontournable en Europe. Les conditions d’accueil y sont extraordinaires
Derrière son micro, Éric a suivi à ce jour "environ" 80 tournois du Grand Chelem (US Open, Australie, Wimbledon, Roland-Garros), les campagnes françaises en Coupe Davis ou en Fed Cup, etc. Évidemment, "couvrir Roland" est plus simple pour lui. Boulonnais invétéré, Salliot a d’abord habité rue Henri-Martin, puis rue de Paris, avant d’acheter rue Thiers. " Je mesure la chance et même le luxe que j’ai d’habiter à Boulogne-Billancourt, assure-t-il. C’est une ville dynamique, très sportive, où ma fille a aussi pratiqué la danse au conservatoire. Ici, je ne sors presque jamais la voiture. On peut tout faire à pied. "
" Patrice Dominguez, c'était le meilleur, un mec génial, généreux… "
Ses souvenirs rempliraient deux malles des Indes. Comment choisir? Il n’oubliera certes pas ce 11 septembre 2001, quand, après l’US Open, il décolle de New York, admirant les tours de Manhattan. Une nuit d’avion plus tard, arrivé à Paris, effaré, il entend à la radio le récit des impensables attentats. À quelques heures près… Il lui faut évoquer son binôme consultant pendant dix ans, le Boulonnais et regretté Patrice Dominguez. " C’était le meilleur, un mec génial, généreux, raconte Salliot. Le jour de la victoire de “Roger” (Federer, ndlr) à Roland en 2009, il me donne une tape sur le genou et me glisse “Garde l’antenne, cette balle de match est pour toi”. Un geste comme ça ne s’oublie pas. " Et enfin, c’est tout frais, il y a le dernier match du même Federer lors de la Laver Cup, le vendredi 23 septembre 2022 à Londres : " Eh oui, comme les autres, j’ai chialé comme une madeleine! " À force de patience, il décrochera avec son compère Fabrice Abgrall de Radio France, au bout du bout de la salle de presse, la toute dernière interview du Suisse en tant que joueur. Trois questions, quatre minutes, et en français s’il vous plaît.
Comme cela lui arrive souvent, cette discrète « grande gueule du sport » passera une tête au tournoi 10-12 du TCBB. " C’est un tournoi incontournable en Europe, analyse Salliot. Tu y croises tous les recruteurs, les représentants de la FFT. Les conditions d’accueil sont extraordinaires. Les jeunes prennent les repas à l’école d’à côté, il y a des familles d’accueil, 11 courts top et, de plus, c’est pendant les vacances! " Si quelques jeunes parviendront au plus haut niveau, d’autres s’arrêteront en route. " À cet âge, commente-t-il, la croissance est un facteur déterminant. J’ai vu des jeunes géniaux qui n’ont pas percé car ils finissaient par perdre contre des adversaires qu’ils dominaient techniquement mais devenus beaucoup plus costauds qu’eux… "
Croisant à longueur d’année le gotha du tennis, marqué à vie par le charisme d’un Noah, Salliot suit avec intérêt l’évolution de la jeune Boulonnaise Diane Parry. Lors du dernier Roland, il avait fait le " pari de Parry ", pronostiquant à l’antenne sa victoire contre l’ex-tenante du titre, Krejcikova. " C’est une enfant du TCBB, sourit-il. J’aime beaucoup son revers à une main, qui me fait penser à celui d’Amélie Mauresmo. Ces joueuses, à l’instar de “Caro” (Caroline Garcia, ndlr), sont des Formule 1, des athlètes extraordinaires. Diane a l’avenir devant elle. Elle est jeune, il faut la laisser grandir. "