Culture, Lectures, Evénement
Mazarine Pingeot au Salon du Livre 2023
Publié le
Mazarine Pingeot sera en dédicace à l'hôtel de ville samedi 9 décembre
En rencontre à 15h30 dans les Salons d’honneur avec Dominique Barbéris sur le thème "La puissance du roman"
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Pousser la porte d’un salon de massage : un acte en apparence anodin. Pas pour Souheila, qui s’y ressource. Alors quand le scandale éclate, elle fait partie des clientes manipulées qui vont s’ériger en collectif. Mais toutes ne partagent pas la même détermination. Plume précise, humour acéré, la romancière balaie les thèmes qui lui tiennent à cœur, la quête des origines, l’appartenance à un groupe. Et ne résiste pas au coup de griffe envers les exagérations des combats néoféministes…
Pourquoi Souheila votre héroïne, pour qui "tout va bien, ou plus exactement, rien de va mal" pousse-t-elle la porte de ce salon de massage ?
Parce qu’elle est insatisfaite, qu’elle cherche un lieu qui lui soit propre, et secret de préférence ; un lieu où elle peut être elle-même sans obéir aux différentes injonctions sociales et aux différentes places que la société vous assigne. Un lieu où elle peut disparaître. C’est un personnage qui doute et qui cherche, qui n’arrive pas à se sentir à l’aise dans les différents groupes, y compris dans son couple. Elle ne sait pas trop ce qui la pousse à entrer dans ce salon de massage, mais entre le massage et le psy que lui recommandent ses amies, elle choisit délibérément le massage : un lieu où l’on s’occupe d’elle, où son corps est redéfini par des mains féminines et maternelles. Certes, elle sait bien que ces femmes sont plutôt des employées surexploitées et sans doute peu protégées par le droit du travail, mais il n’empêche, elle y retourne comme dans un cocon, une matrice.
Ce groupe de femmes qui se constitue pour défendre leur statut de victime est loin d'être homogène… ?
Non en effet, c’était pour moi tout l’intérêt d’’écrire sur ce « collectif », pour montrer que les positions divergent, que chacun défend quelque chose d’autre que la seule cause qui les réunit, les unes un agenda personnel, les autres une manière de s’intégrer et de trouver une place justement dans un groupe, certaines s’intéressent à la justice, d’autres à la vengeance, etc. Mais finalement, ce sont quand même les plus radicales qui l’emportent : les rapports de force organisent tout collectif, même et surtout lorsque le pouvoir n’est pas institué ni manifeste : dès lors, il faut suivre les leaders, et Souheila, mon personnage, n’y arrive pas : le discours simplifié qui sert une cause (ce qui est normal, un discours trop complexe ne serait pas audible), ne correspond en rien à ses propres ambivalences. Dès lors, elle a du mal à rester dans ce groupe, ce « corps collectif », son corps individuel s’y refuse.
Vous instillez beaucoup d'humour dans les scènes de procès. Est-ce une manière de suggérer de la nuance dans les combats féministes ?
Oui, je pense qu’on manque fondamentalement d’humour sur ces sujets. Un esprit de sérieux s’est abattu sur notre société, on ne peut plus débattre, rire, dialoguer : désormais l’invective l’emporte, et les débats entre adversaires sont remplacés par des conflits entre ennemis. On moralise tout, or il ne me semble pas qu’’on puisse réduire les combats féministes au camp du bien contre le mal, puisqu’à l’intérieur des combats eux-mêmes, il y a des discussions, des positions différentes, des stratégies différentes. Pourquoi les faire taire ? J’ai toujours peur quand la démocratie s’éloigne. Et il me semble qu’on peut faire partie d’un mouvement tout en aiguisant son esprit critique et tout en instillant de l’humour, un humour satirique mais jamais méchant. L’idée est plus de croquer notre époque que de dénoncer à mon tour, car un roman n’est pas une thèse, mais le lieu où peut se déployer la pluralité des points de vue.
Mazarine Pingeot sera en dédicace à l'hôtel de ville samedi 9 décembre
En rencontre à 15h30 dans les Salons d’honneur avec Dominique Barbéris sur le thème "La puissance du roman"
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