Culture, Lectures, Evénement
Irène Frain au Salon du Livre 2023
Publié le
Irène Frain sera en dédicace à l'hôtel de ville dimanche 10 décembre
En rencontre à 17h30 dans les Salons d’honneur, avec Noël Herpe
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Ceci n’est pas un roman ! Mais… On a demandé un jour à Irène Frain, autrice d’une trentaine de romans et biographies, autant de succès, auréolée de plusieurs prix, d’animer un atelier d’écriture. Donner des conseils ? Des trucs, des ficelles ? Plutôt tracer des chemins pour retrouver la créativité spontanée et l’imagination qui nous habitaient pendant notre enfance. Avec délicatesse et complicité, elle partage son expérience, ses références littéraires. Une invitation spirituelle et élégante à ceux qui aiment lire à vivre l’aventure de l’écriture.
D'où vous est venue l'idée de ce livre ?
On m'a demandé un jour d'animer des ateliers d'écriture. Je ne me voyais pas en professeur de trucs ni en promoteur de ces listes de ces " 10 Règles pour écrire" qui fleurissent sur Internet. Elles n'aboutissent qu'à l'écriture de livres creux et interchangeables. Je me suis au contraire fondée sur les interrogations que m'ont sans cesse confiées des lecteurs lors de salons du livre tels que celui de Boulogne, ou de rencontres organisées dans les librairies : quantité de Français souhaitent écrire, pas seulement des romans mais aussi des récits de vie. Ils s'y mettent souvent en secret, si déchirés entre le désir d'écrire et la peur d'écrire, qu'ils sont vite paralysés et en arrivent à déclarer : " Je n'ai pas d'imagination" alors qu'ils en ont beaucoup. Touchée par leurs confidences, je me suis donc donnée comme objectif premier de libérer leur désir d'écrire et de leur peur d'écrire. Cette expérience m'a aussi conduite à réfléchir sur mon propre rapport à l'écriture, à m'interroger sur ce qu'elle est - essentiellement, un rempart contre notre condition mortelle, un désir de traces - et bien sûr, à relater comment les écrivains les plus célèbres ont triomphé de ce conflit perpétuel entre peur d'écrire et désir d'écrire.
Qu'appelez-vous "La Maison-Écrire" ?
Adolescente, tiraillée moi-même entre le désir d'écrire et la peur, voire la honte d'écrire, je me suis inventée une maison fantasmatique où m'attendaient des adultes qui allaient accueillir mes écrits avec bienveillance et me délivrer ainsi de la peur d'écrire. J'ai fini par baptiser cette demeure fantasmatique, " La Maison-Ecrire". Elle est toujours présente en moi et à mon avis, tous ceux qui écrivent ou rêvent d'écrire la portent aussi en eux. Je leur propose avec ce livre de l'explorer sous la forme d'une libre flânerie où ils découvrent quelques-unes de ses pièces, toutes différentes mais communicantes : cocon du journal intime, chambre des peurs, étage de l'autobiographie, placard des secrets de famille, grenier des souvenirs-songes, enfin la mystérieuse "chambre des infinis possibles", où s'élaborent les romans. Ils y croiseront aussi les fantômes des grands écrivains qui ont traversé les mêmes affres qu'eux. Et moi-même, non sous la forme d'une donneuse de leçons, mais d'une simple humaine qui propose un partage d'expérience.
Donnez-vous des conseils pour écrire, dont le premier serait "Connais-toi toi-même" ?
Oui. Mais en ajoutant : " Vous le découvrirez en écrivant". Il y a une part de lâcher-prise dans l'écriture. À côté de la part de contrôle, la technique, dont je parle aussi, l'écriture a un aspect aventureux du type " saut à l'élastique". Ne dit-on pas : " Je me lance dans un roman" ? Julien Gracq répétait d'ailleurs : "Les écrivains ne savent pas toujours ce qu'ils font."
Quels sont les livres qui vous ont donné l’envie d’écrire ?
Tous les livres que j'ai aimés. Ils m'ont exaltée, et rendue aussi un peu jalouse. J'aurais aimé les écrire. Je les évoque dans mon livre, qui, sous cet angle, est une déclaration d'amour à la littérature.
Pour écrire… faut-il ressentir la peur d’écrire, selon l’intitulé d’un chapitre de votre livre ?
Le désir d'écrire ne va pas sans la peur d'écrire. Tous les écrivains l'éprouvent. C'est celle de se dévoiler à son insu, d’être jugé ou rejeté. Les écrivains en passent tous par-là, y compris les plus iconiques. Toute écriture d'un texte est donc un roman en soi : un jour l'impression de « tenir" son livre, joie sans nom, mais le lendemain, sentiment de perdition, déprime absolue. D'où le titre de mon propre livre (qui n'a pas échappé à la règle !) Écrire est un roman. Je l'ai conçu comme une mise en confiance, via un partage d'expérience qui permet de transformer le poison paralysant de la peur en processus créatif. Ainsi, comme pour Ulysse dans L'Odyssée, les épreuves deviennent autant d'enseignements et le candidat à l'écriture peut parvenir à bon port : son livre.
Irène Frain sera en dédicace à l'hôtel de ville dimanche 10 décembre
En rencontre à 17h30 dans les Salons d’honneur, avec Noël Herpe
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