Alain Delon après la projection du film "La Piscine" au cinéma Pathé Boulogne, le 24 novembre 2011, dans le cadre de l'exposition consacrée à Romy Schneider (photo BAHI).

Cinéma, Evénement

Quand Alain Delon tournait à Boulogne-Billancourt

"J'ai vécu toute ma carrière à Boulogne-Billancourt, j'y ai passé trente ans de ma vie !" Ainsi s'exclamait, il y a quelques années, la légende du cinéma français qui s'est éteinte le 18 août 2024. Alain Delon était revenu sur les terres des anciens studios de cinéma en 2010, pour l'inauguration du musée Paul-Belmondo et, l'année suivante, à l'occasion d'une exposition consacrée à Romy Schneider.

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2010 : L'amateur d'art inaugure avec Jean-Paul le musée Belmondo

Son mentor Jean Gabin, qu'il appelait "patron", disparu en 1976 (auquel la ville a dédié une exposition en 2022), puis Lino Ventura mort onze ans plus tard, il reste à la star Delon son camarade et ami, Jean-Paul Belmondo, faux rival et vrai partenaire à quatre reprises au cinéma. C'est tout naturellement qu'il est à ses côtés, le 13 septembre 2010, lors de l'inauguration du musée Paul-Belmondo, écrin du XVIIIè siècle abritant l'immense collection des œuvres du dernier grand sculpteur classique, dont les enfants, Jean-Paul, Alain et Muriel, avaient fait don à la Ville de Boulogne-Billancourt

Les deux stars françaises ont débuté ensemble à la fin des années 1950 et se croisent dans les bars de Saint-Germain. On les trouve au casting de Sois belle et tais-toi , de Marc Allégret (1958), où ils partagent quelques scènes autour d'un flipper. Ils se recroisent furtivement dans le film choral Paris brûle-t-il ?, sorti en 1966. Quatre ans plus tard, Alain Delon fait écrire un scénario par Jacques Deray, Jean Cau et Claude Sautet et le propose à Jean-Paul Belmondo. Ce sera Borsalino, l'histoire de deux truands marseillais alliés et rivaux dans les années 1930. A 63 ans et 65 ans, Patrice Leconte les réunit de nouveau à l'affiche d'Une chance sur deux, entourant Vanessa Paradis. Mais le 6 septembre 2021, Belmondo est le premier à partir, Alain Delon se dit "complètement anéanti".

Avec la disparition de Jean-Paul, je perds ce qui reste de ma vie. C'était le seul acteur qui avait fait la même carrière que moi. […] On ne se voyait pas souvent, mais quand on se retrouvait, c'était comme si on s'était quittés la veille.

2011 : Son premier amour rend hommage à Romy éternelle 

L'année suivante, Alain Delon revient à Boulogne-Billancourt pour présenter et dialoguer avec le public lors de la projection du film La Piscine, le 24 novembre 2011. A l'occasion du 30e anniversaire de la disparition de Romy Schneider, l'espace Landowski rend en effet hommage à l'actrice à travers une exposition qui réunit, du 4 novembre 2011 au 22 février 2012, documents d'archives, photos et affiches originales retraçant la carrière et la vie bouleversante d'une icône du cinéma.

Face à une salle comble, Alain Delon est ému aux larmes en évoquant sa fiancée (de 1958 à 1963), qui l'avait choisi pour être son partenaire dans Christine  en 1958 et qu'il avait imposée sur le tournage de La Piscine  dix ans plus tard : 

Vous en connaissez, vous, des actrices dont on pourrait parler de la même façon que nous le faisons ce soir, avec autant d'amour et d'émotion ?... Nous avons été très heureux ensemble. J'ai été à 20 ans son amour de 20 ans, et elle a été mon amour de 20 ans ; ça, ça ne s'explique pas...

Quand Alain Delon tournait dans les studios de Boulogne

Aux studios de Boulogne, j'avais un appartement. J'y ai tourné avec Gabin. La dernière image du film "Deux Hommes dans la ville", quand Gabin s'éloigne en marmonnant, c'est la rue de Silly, devant les studios.

(entrevue accordée à BBI Culture  n°6, janvier 2012).

  • 1958 : Christine,  de Pierre Gaspard-Huit, avec Romy Schneider, Micheline Presle, Jean-Claude Brialy
  • 1959 : Le Chemin des écoliers,  de Michel Boisrond, d'après le roman homonyme de Marcel Aymé, avec Françoise Arnoul, Bourvil, Lino Ventura, Jean-Claude Brialy, Pierre Mondy, Paulette Dubost
  • 1962 : Le Diable et les dix commandements,  de Julien Duvivier, avec Fernandel, Michel Simon, Françoise Arnoul, Charles Aznavour, Micheline Presle, Mel Ferrer, Claude Dauphin, Louis de Funès, Jean-Claude Brialy, Lino Ventura
  • 1969 : La Main,  d’Henri Glaeser, avec Caruso, Michel Duchaussoy, Pierre Dux
  • 1970 : Le Cercle rouge,  de Jen-Pierre Melville, avec Bourvil, Gian Maria Volontè, Yves Montand
  • 1971 : Doucement les basses,  de Jacques Deray, avec Paul Meurisse, Julien Guiomar, Paul Préboist
  • 1973 : Deux hommes dans la ville,  de José Giiovanni, avec Jean Gabin, Alain Delon, Victor Lanoux
  • 1974 : La Race des seigneurs,  de Pierre Granier-Deferre, avec Jeanne Moreau, Claude Rich, Castaldi 
  • 1974 : Borsalino and co,  de Jacques Deray, avec Riccardo Cucciolla, Daniel Ivernel, André Falcon
  • 1975 : Le Gitan,  de José Giovanni, avec Paul Meurisse, Annie Girardot, Bernard Giraudeau
  • 1976 : Monsieur Klein,  de Joseph Losey, avec Jeanne Moreau, Juliet Berto, Jean Bouise, Suzanne Flon
  • 1976 : Le Gang,  de Jacques Deray, sorti en 1977
  • 1977 : L’Homme pressé,  d’Edouard Molinaro, avec Mireille Darc (Studios de Billancourt)
  • 1979 : Le Toubib,  de Pierre Granier-Deferre, avec Véronique Jannot, Bernard Giraudeau
  • 1980 : Trois hommes à abattre,  de Jacques Deray, avec Dalila Di Lazzaro, Pierre Dux, Michel Auclair
  • 1990 :  Dancing Machine,  de Gilles Bèhat, avec Claude Brasseur, Patrick Dupond, Tonya Kinzinger