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À l’espace Landowski, la statue qui danse
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Avec sa haute stature, sa belle patine verte imitant le bronze et son élan vigoureux, "La Danse triomphale de Pallas Athéné" de Carlo Sarrabezolles ne passe pas inaperçue dans la nef de l’espace Landowski. Œuvre emblématique des collections du musée des Années-30, cette sculpture a été généreusement offerte à la Ville de Boulogne-Billancourt en 1990 par Geneviève Appert-Sarrabezolles, fille de l’artiste.
Né à Toulouse en 1888, Carlo Sarrabezolles se forme d’abord aux Beaux-Arts de sa ville natale entre 1904 et 1907, avant de continuer ses études à Paris. Il s’illustre comme l’un des grands maîtres de la sculpture monumentale du XXe siècle, réalisant de nombreuses œuvres publiques et privées en France jusqu’à sa mort, en 1971. "La Danse triomphale de Pallas Athéné" compte parmi les sculptures que l’artiste envoie à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes organisée à Paris du 28 avril au 30 novembre 1925.
Le musée des Années 30 conserve aussi la "Vierge du village français", présentée par Sarrabezolles au cours de cette même manifestation.
Sarrabezolles, éminent représentant de l'Art déco
Cette exposition majeure dans l’histoire de l’art du XXe siècle constitue un moment fondateur pour le style Art déco, dont Sarrabezolles est l’un des plus éminents représentants. L’artiste obtient d’ailleurs la médaille d’or et le Grand Prix à l’Exposition internationale de 1925. C’est à l’entrée du pavillon du club des architectes diplômés que se dresse alors sa "Danse triomphale de Pallas Athéné".
L’artiste représente la déesse grecque Athéna, dont l’épithète de Pallas renvoie à sa protection de la sagesse et des arts. Il s’inspire de la statuaire de l’Antiquité, à travers les motifs du casque, de la lance, du bouclier et de l’égide, cette cuirasse décorée de la tête de la Gorgone Méduse. Sarrabezolles modernise ce thème traditionnel par l’étude des mouvements du corps dans la danse, thème important de la sculpture du début du XXe siècle, notamment chez Rodin et Bourdelle.
Durant l’hiver 2020-2021, une importante restauration a restitué un meilleur état à l’œuvre, en la débarrassant de la poussière et de la saleté qui s’étaient accumulées au cours des ans, en atténuant ses usures, et en consolidant ses zones les plus fragiles. Puisse la Pallas de Sarrabezolles continuer à veiller longtemps sur ce temple moderne des arts qu’est l’espace Landowski !
Par Benjamin Couilleaux, conservateur en chef du patrimoine, directeur des musées municipaux et du patrimoine de Boulogne-Billancourt.