Paroles de boulonnais
Tristan Petitgirard, homme de théâtre
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Acteur, auteur de théâtre, scénariste, il a été récompensé par le Molière 2019 du meilleur metteur en scène du théâtre privé pour la pièce La Machine de Turing, évocation de l’incroyable destin d’Alan Turing, le mathématicien anglais qui a brisé le code secret d’Enigma, la machine de chiffrement allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Tristan Petitgirard est un Boulonnais heureux d’y vivre.
Des murs couverts d’affiches de pièces de théâtre. Un dessin dédicacé représentant Aznavour. Un profil de Guitry, grande figure d’admiration du maître de maison. À côté d’une petite scène miniature, trône le Molière. Le domicile boulonnais de Tristan Petitgirard et de sa famille est le repaire d’un fou de scène, auteur, scénariste, metteur en scène, acteur. Ce quadra chaleureux aligne un parcours impressionnant : déjà auteur de plusieurs pièces saluées, il a mis en scène en 2018, La Machine de Turing, immense succès, pour lequel il a reçu le Molière de la mise en scène, une parmi les quatre récompenses recueillies par la pièce écrite par Benoit Solès.
C’est à Boulogne-Billancourt qu’il a choisi de s’installer, avec sa compagne Chloé et leurs deux enfants, un chemin tout tracé.
Mes meilleurs amis y habitent presque tous, j’y viens depuis toujours. Cette ville est un lieu rare : pour moi qui ai plusieurs passions dans la vie, elle les facilite toutes. D’abord, par son rayonnement artistique : le Carré Belle-Feuille et sa programmation exceptionnelle, un conservatoire de haut niveau, La Seine Musicale…
Et ce père attentif, lui-même enfant de la balle, il est le fils de Laurent Petitgirard, compositeur et chef d’orchestre, se félicite de voir sa fille suivre l’enseignement de la Maîtrise des Hauts-de-Seine sur l’île Seguin et des Enfants de la comédie, et son fils heureux de ses cours de guitare électrique à Prizma.
Ma deuxième passion, c’est le sport. Ici, je suis servi ! Je joue au tennis au TCBB, mes enfants aussi, mon fils fait du foot avec l’ACBB. Toutes ces activités se font à proximité. Aucune autre ville ne propose autant, elle est familiale, à taille humaine, un cocon où l’on respire…
La maison du loup donnée au Carré en 2022
Cet hyperactif, c’est lui qui le dit, a constamment une dizaine de projets sur le feu. La plupart sont pour le moment suspendus. Si la crise sanitaire l’a bien entendu impacté, il n’a pas cessé de travailler :
L’écriture a toujours été un désir absolu. Je ne peux accepter de dépendre, comme tout comédien, du désir des autres. Ces derniers mois, j’ai écrit le film que j’attends de réaliser, l’adaptation au cinéma de ma comédie "Des plans sur la comète".
Il espère commencer à tourner au printemps 2022, le casting est en cours. Mais avant, son chantier principal s’appelle "La Maison du loup". À nouveau, une pièce écrite par son ami Benoit Solès. Une équipée de copains, toujours les mêmes, qui sera jouée pour la première fois, croisons les doigts !, cet été à Ramatuelle. L’une des premières représentations de la tournée qui se tiendra le 22 mars 2022 au Carré Belle-Feuille. Où, il y a encore quelques semaines, il menait des auditions pour la pièce "Trou de mémoire", de Patrick Rotman, dans le cadre du Fonds municipal d’aide à la culture. Alors qu’on lui souhaite le même succès phénoménal que pour "La Machine de Turing", Tristan Petitgirard montre un livre, l’une de ses grandes fiertés : la pièce éditée, « qui est entrée au programme dans les collèges et les lycées. Première pièce contemporaine ! Elle continuera ainsi à être jouée, avec d’autres distributions. Il est essentiel de faire découvrir le théâtre aux nouvelles générations.
Quand nous jouons dans des quartiers dits difficiles, mon régal c’est quand j’entends les ados dire en sortant “c’était mieux que Netflix!”.
La recette d'une bonne pièce
La recette d’une bonne pièce, il y réfléchit sans cesse :
Le spectateur a beaucoup changé. Il a emmagasiné une bibliothèque de narrations considérable, il a vu beaucoup de séries, comprend vite l’histoire. Dans « spectateur », il y a « acteur », il faut laisser des manques pour retenir l’attention, maintenir la question “que va-t-il se passer après ?”.
Il l’admet volontiers, les Molière lui ont fait plaisir. Il prend les choses avec humour : "On se dit, eh bien, ça, c’est fait !", tout en reconnaissant que, désormais, son nom est estampillé "succès " et que ses pièces, comme "Rupture à domicile", se montent à l’étranger.
Homme-orchestre, il s’assume avec un bonheur "transversal" en étant scénariste pour la télé, en faisant des doublages, en accompagnant les captations de ses pièces.
Et d’ailleurs, j’étais ce matin chez Digital rue du Château, et j’ai embrayé pour le montage chez Magneto Prod, rue d’Aguesseau. En passant par Max & Zoé, le resto de mon ami Bruno Ignace. Ici, nous sommes au cœur de tout !
Dans tout ça, quel est le rôle qu’il préfère ? "J’ai la chance de pouvoir exercer différents métiers. Mais ma place, c’est d’être dans un théâtre."