Paroles de boulonnais
Pierre Calmelet, homme de chœur et de cœur
Publié le
Il a dirigé des centaines de fois les orchestres du Conservatoire à rayonnement régional (CRR), qui jouent régulièrement à l’auditorium et partout dans la ville. Il a formé des milliers d’enfants boulonnais au conservatoire, en a accueilli davantage lors des spectacles et concerts pour les écoles primaires. Pierre Calmelet est un passeur de musiques, un homme de chœur et de cœur.
"Il y a quelques jours, ma fille de 7 ans m’a demandé : “Papa, comment fait-on pour devenir adulte?” Passé l’étonnement, je lui ai dit : “C’est toi qui va te construire et devenir adulte, grâce aux belles rencontres que tu feras tout au long de ta vie”. Je le pense vraiment, c’est ce qu’il m’est arrivé. Si j’ai aidé quelques enfants à devenir adultes, j’aurai le sentiment de ne pas avoir été inutile."
L’homme qui parle ainsi est musicien dans l’âme, professeur au conservatoire de Boulogne-Billancourt, chef d’orchestre et chef de chœur. Pierre Calmelet a formé ou conduit vers la musique des milliers d’enfants. Dès son plus jeune âge, il veut devenir luthier, ses parents lui intiment un "passe ton bac d’abord ". Il en rit encore : "Heureusement qu’ils ont insisté, j’ai découvert la littérature et je me suis passionné pour la philosophie." Il quitte Lons-le-Saulnier, rejoint le conservatoire de Lyon, puis celui de Genève. Il y fait la rencontre décisive, "celle qui fait grandir d’un coup", du chef de chœur et professeur Michel Corboz. Il en devient l’assistant, et comprend que sa vocation est là, celle d’apprendre pour transmettre. Ensuite, c’est le Conservatoire national supérieur de Paris, d’où il sort avec le Premier Prix de direction d’orchestre. Quand, en 1987, on lui offre quelques heures de cours à donner au CRR de Boulogne-Billancourt, il ne se doute pas encore qu’il vient de trouver son port d’attache. Il y ouvre la toute première classe de direction de chœur d’Île-de-France, qui demeure l’une des plus réputées. Il développe le chant, la chorale, la direction d’orchestre, multiplie les expériences d’enseignement. Avec une envie constante, celle d’initier les enfants à la musique.
Préparer les concerts, les spectacles, près de 20 par an !
À quoi ressemble l’emploi du temps d’un prof de conservatoire ? À un exercice d’équilibriste "entre les heures de cours, le travail préparatoire, les concerts et spectacles, la carrière personnelle". Pierre Calmelet dirige les six orchestres du conservatoire, de celui des petits, l’orchestre en herbe, à celui des quasi-professionnels. "Jouer en orchestre est un formidable moteur pour beaucoup de jeunes", affirme-t-il. À côté, il faut préparer les concerts, les spectacles, près de 20 par an ! Destinés au public boulonnais, souvent familial, et aussi – c’est essentiel pour lui – au public scolaire.
"Près de 5000 enfants des écoles primaires viennent chaque année sur le temps scolaire à l’auditorium". Ils y entendent tous les styles musicaux, du conte musical au jazz, du baroque au symphonique. En dehors des concerts donnés au CRR, "je suis un militant du hors-les-murs. Nous jouons aux Abondances, partout dans la ville pour la Fête de la musique, et, bien entendu, nous donnons le Concert du nouvel an, toujours complet, dans les salons de l’hôtel de ville. C’est un moment où le public boulonnais voit de jeunes Boulonnais faire entendre leur travail, et qui en sont fiers." Une dernière petite question : pourquoi dirige-t-il sans baguette, à l’inverse de ses confrères chefs d’orchestre ? "Je dirigeais un jour un orchestre universitaire, j’ai demandé à mes instrumentistes s’ils préféraient avec ou sans baguette, explique-t-il. Ils m’ont tous répondu : “sans!” C’est un symbole de domination, je m’en passe, ce qui m’intéresse c’est l’échange, l’accord."
Propos recueillis par Christiane Degrain
Chanter pour combattre la maladie
Le conservatoire est loin d’être un univers élitiste, on y croise des musiciens de formations d’amateurs accueillies pour y répéter. Pierre Calmelet en a fondé deux, qu’il dirige bénévolement : le Madrigal de Paris, un chœur d’une trentaine de chanteurs de haut niveau. Et Un chœur qui bat, une chorale formée en grande partie par des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. "J’aime travailler avec eux. Je sens leur joie, après avoir chanté pendant deux heures, d’avoir dépassé la maladie." Ce chœur s’est produit fin mars dernier à l’issue du deuxième Open national de Ping Parkinson organisé par l’ACBB Tennis de table.