Paroles de boulonnais
Laurence Malençon "Mon lieu préféré à Boulogne? La piscine !"
Publié le
Passionnée par la Révolution française depuis son plus jeune âge, Laurence Malençon en a tiré un passionnant roman, L’Indivisible, qu’elle présentera au Salon du Livre. Depuis 2003, une autre passion la conduit plusieurs fois par semaine dans les bassins de la piscine, avec la section triathlon de l’ACBB.
Passion... Révolution !
Elle a une dizaine d’années. Assise avec sa maman au Palais des Congrès, elle assiste, fascinée, à une représentation de Danton et Robespierre, le spectacle de Robert Hossein. Des hommes en costume d’époque sont assis dans la salle, à côté d’elle. Ils montent sur scène, débattent, s’emportent. Il est question de vie et de mort, de politique et d’idéal. Elle ne comprend pas tout, mais Laurence Malençon vient de tomber dans la marmite révolutionnaire. Et remercie encore aujourd’hui sa maman de l’avoir emmenée revoir le spectacle "au moins six fois". Une passion y est née, qui ne l’a plus quittée ; le résultat d’années de lectures et de recherches est un livre : L’Indivisible, jeux d’amours et d’espionnage sous la Révolution (Plon). Un roman parfaitement documenté, plein du bruit et de la fureur du temps de la Terreur, qui montre les révolutionnaires sous un jour inattendu… Dans le "civil", la Boulonnaise – depuis 1998 – est directrice de l’innovation chez Hopscotch, et accompagne les entreprises dans leurs démarches de transition, après avoir dirigé pendant quinze ans sa propre agence de communication qui s’appelait – bien sûr ! – "Rouge".
Je travaille sur la communication des plans de transition et de transformation des entreprises : digital, RSE, managérial, post-confinement… Je vois des initiatives impressionnantes, venant de dirigeants impliqués, qui infusent dans tout le tissu économique. J’ai un attachement particulier aux entreprises à vocation sociale et solidaire, vrais laboratoires de bonnes pratiques.
Il est tentant alors de lui demander si le moment présent, également de transition, lui évoque des parentés avec ces années de tourmente. "Il faut s’intéresser à la Révolution non pas sous l’angle de la seule Terreur, mais comme un incroyable laboratoire d’innovations et d’expériences. On invente la machine à vapeur, le télégraphe, on fonde les premiers phalanstères, les premières grandes écoles. Il règne une foi immense dans la science et les techniques. Cette période révolutionnaire va façonner la France moderne et faire souffler un vent d’idées et de réformes dans le monde entier. Aujourd’hui, comme à l’époque, on valorise aussi la jeunesse, la créativité est encouragée, la rupture technologique change la société. Oui, les ponts sont nombreux."
Les idées viennent en nageant
Pour préparer ce roman qu’elle porte en elle depuis trente ans, Laurence Malençon a lu tous les ouvrages de référence d’historiens. Par hasard, elle tombe sur celui d’Olivier Blanc, lequel a exploré des archives étrangères inédites : ces dernières révèlent l’imprégnation du milieu révolutionnaire par des espions de tout poil. "Il faut se rappeler que la France de 1793-94 et son gouvernement étaient en guerre contre quinze armées extérieures et intérieures. La pénurie était partout. C’était le jeu des puissances étrangères d’attiser le chaos ; les Anglais avaient des espions au plus haut sommet de l’État. Tout le monde se surveillait, la corruption régnait. Les idéalistes, eux, bataillaient tellement pour faire triompher leurs idées qu’ils étaient au bord de l’épuisement. De nos jours, on parlerait de 'burn out'. On peut vraiment parler de fièvre révolutionnaire."
C’est l’évocation de ces jeux d’espions et de menaces permanentes que Laurence Malençon fait revivre avec réalisme et un grand soin du détail. Elle a choisi la forme d’un roman car "un essai…, je n’aurais pas été crédible, n’étant pas historienne". Et pourtant, on apprend beaucoup, dans cette plongée au cœur de l’intimité des grands révolutionnaires, du fonctionnement des institutions et des enjeux d’une période intense, parfois cruelle, mais incroyablement prolifique. Laurence Malençon signera son ouvrage en décembre prochain, au Salon du Livre de Boulogne-Billancourt, sa ville qu’elle "adore, où la vie culturelle est inspirante". Un tome 2 est en cours d’écriture. Et comme pour le premier, elle le peaufine… dans l’eau.
Mon lieu préféré à Boulogne ? La piscine !
Membre de la section triathlon de l’ACBB, Laurence nage ses 8 kilomètres par semaine, 3 entraînements au cours desquels elle "bouffe du carreau". Mais son cerveau tourne alors à plein régime. Tout juste si elle ne poursuit pas l’écriture des chapitres de son livre dès sa sortie du bassin, faisant rimer, pour le meilleur, triathlon et Révolution.