Paroles de boulonnais
Héloïse Courvoisier et Thibaut Rigaudeau, la belle histoire d’un couple sportif en or
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Si les études de kiné et la déficience visuelle les ont rapprochés, Héloïse Courvoisier, 26 ans, et Thibaut Rigaudeau, 32 ans, partagent aujourd’hui bien plus que leur handicap. Le jeune couple s’est fixé un objectif : participer aux épreuves de triathlon aux Jeux paralympiques de 2024. Vice-champion du monde et vice-champion d’Europe, quatre fois champion de France, Thibaut part favori pour représenter la France et ne se cache pas de viser l’or olympique. Héloïse figure au 6e rang mondial et fait tout pour conforter sa place dans le groupe France. "Depuis un an, je m’entraîne beaucoup plus qu’avant, souligne-t-elle. La fédération de triathlon et mon employeur ont passé un accord pour que je puisse m’entraîner et participer aux compétitions internationales. " Kinésithérapeute à la fondation Saint-Jean-de-Dieu auprès d’enfants en situation de handicap moteur, elle ne travaille plus que 15 heures par mois pour pouvoir peaufiner sa préparation. Atteinte d’un rétinoblastome héréditaire, un cancer de l’œil que son père et son grand frère subissent également, elle naît à Vendôme et grandit près d’Angers, en raison de son suivi auprès de l’institut Montéclair. Malgré le handicap, Héloïse est une bonne élève et pratique d’abord l’aviron à très haut niveau. "Je ramais avec les valides, précise-t-elle. Cette inclusion effaçait totalement le handicap mais, arrivée en juniors, il était difficile de concilier mes études et les compétitions." Bac S en poche, elle refuse d’abord d’embrasser la carrière de kiné, comme son père. « Finalement, je me suis résolue à le devenir et je ne le regrette pas », confie-t-elle. On la comprend. C’est effectivement en intégrant l’Institut Valentin-Haüy à Paris qu’elle rencontre Thibaut.
QUATRIÈME AU JEUX DE TOKYO
En plus d’une importante myopie, lui souffre d’une rétinite pigmentaire qui engendre une dégénérescence progressive des cellules sensibles à la lumière. Originaire de La Roche-sur-Yon, Thibaut joue beaucoup au football et montre, dès l’âge de 6 ans, d’excellentes capacités physiques. Il suit une scolarité normale jusqu’à ses 16 ans, puis bénéficie d’adaptations. Avec son bac ES, il s’oriente en licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) et intègre le FC Nantes cécifoot. Mais il se rompt le ligament croisé. "Je devais poursuivre en master mais la rééducation m’a éloigné des études, indique-t-il. J’ai alors passé plus d’un an à sensibiliser le public, en tant que bénévole, sur le handicap visuel dans les écoles et les entreprises." En 2016, il décide d’intégrer une école de kiné et se retrouve sur les mêmes bancs qu’Héloïse. Résidents dans le même foyer, leur belle histoire se concrétise en mai 2017. Ils partagent le même goût pour le sport. Si Héloïse reprend l’aviron avec l’ACBB à Boulogne-Billancourt,Thibaut est le premier à découvrir le paratriathlon après avoir participé à un aquathlon en 2018 où il est détecté et invité
à un stage avec l’équipe de France de triathlon. "J’ai réalisé le meilleur temps dans les trois disciplines, dit-il, encore surpris. Quelques mois plus tard, je participais à ma première manche de coupe du monde avec Cyril Viennot, mon guide. " Désormais triathlète et installé à Boulogne- Billancourt avec Héloïse, Thibaut enchaîne les compétitions et les premiers podiums. Il est sélectionné pour les jeux de Tokyo, où il finit quatrième. "Un résultat décevant mais encourageant, d’autant plus que Cyril
a décidé de me guider jusqu’aux Jeux de 2024", note-t-il.
NOUS NOUS SENTONS SUPER BIEN À BOULOGNE-BILLANCOURT
De son côté, Héloïse consacre alors tout son temps libre à l’aviron avec l’ACBB, où elle participe à de nombreux championnats avec les valides et où elle obtient d’excellents résultats. Avec Thibaut, elle s’essaye à l’athlétisme lorsqu’un jour, "Thibaut m’a offert un vélo. Je l’ai essayé avec Anne Henriet, la compagne de Cyril Viennot. Trois semaines après, nous étions alignées aux championnats de France de paratriathlon." Une compétition où les athlètes enchaînent 750 mètres de natation, 20 kilomètres de vélo et 5 kilomètres à pied. Héloïse fait forte impression. Comme Thibaut, la voilà invitée à un stage avec l’équipe de France. "Je ne m’attendais pas à ça. Ma marge de progression était énorme et j’ai décidé de m’investir à fond depuis septembre 2022. " Heureux et amoureux, déterminés et inspirants, ils sont tombés sous le charme de Boulogne-Billancourt, où ils trouvent beaucoup d’avantages. " Nous nous sentons super bien ici. Nous avons gagné en confort de vie, car c’est une ville où il fait bon vivre, raconte Thibaut. C’est aussi idéal pour nos conditions d’entraînement, avec la piste du stade Le Gallo et le bois de
Boulogne, mais surtout la piscine qui, grâce à la Ville, nous permet de bénéficier d’une ligne d’eau pour nos longueurs. » S’ils s’entraînent en même temps, chacun suit son programme : entre 3 et 4 kilomètres de natation quatre à cinq fois par semaine. Très reconnaissants envers la municipalité, Héloïse et Thibaut n’hésitent pas à participer aux Journées paralympiques dans les écoles ainsi qu’à la Nuit du handicap. "C’est toujours un plaisir d’aller à la rencontre des enfants, souligne Héloïse. Avec eux, il n’y a pas de tabou, les échanges sont vraiment chouettes. Nous aimons participer à ces journées toujours bien organisées, avec des ateliers où ils découvrent plein de sports souvent inconnus du grand public." Espérons que, grâce aux Boulonnais Héloïse et Thibaut, le monde entier connaîtra le triathlon paralympique.