Paroles de boulonnais
Gerrick, son swing nous met KO
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"La meilleure école de rap français, c’est Boulogne-Billancourt, affirme Gerrick, 22 ans, ancien élève du collège Jacqueline-Auriol. "J’ai commencé à faire de la musique vers 14-15 ans. À l’époque, j’écoutais les groupes mythiques boulonnais. Beat 2 Boul’, LIM, Booba…" Dans la cour du collège, sa voix et ses improvisations sortent du lot. Incité par sa mère, qui lui a transmis sa passion de la musique, il couche ses premiers textes sur le papier. "Je ne pensais pas en être capable, mais mes amis et ma famille m’ont soutenu. Je pense que je manquais de confiance en moi." Car Gerrick, né à Libreville, au Gabon, souffre depuis sa naissance du syndrome de Little, qui paralyse ses membres inférieurs.
Un passionné de musique et de sport
Arrivé en France à l’âge de 4 ans pour soigner sa maladie, il a d’abord vécu dans une famille d’accueil en Eure-et-Loir. Pendant dix ans, ses parents font quelques allers-retours chaque année. En 2012, il rejoint sa mère qui s'est installée à Boulogne-Billancourt. "Ensemble, nous écoutions de la rumba congolaise, comme Fally Ipupa, mon chanteur préféré. Parallèlement à mes débuts dans la musique, j’ai commencé la boxe au sein de l’ACBB avec Djibril Maïga, qui est toujours mon coach aujourd’hui. Cette discipline m’aide à m’assagir, à me développer physiquement et donc à prendre confiance." Gerrick s’investit un peu plus dans la musique et l’apprend auprès d’amis, gérants du magasin En mode, situé boulevard de la République. " IIs distribuaient certains artistes et m’ont aidé à structurer mes textes et à découvrir de nouvelles sonorités."
Un triomphe au Carré Music Club
Le jeune rappeur effectue ses premiers enregistrements au Cebije, au studio de LIM dans le quartier du Pont-de-Sèvres et chez Addictive à Meudon-la-Forêt. Il signe ses premiers "sons" lors de l’été 2018 et les publie sur sa chaîne YouTube. Une amie lui conseille alors de s’inscrire au Tremplin Go West de mai 2019. Le dossier rempli et les bandes son envoyées, Gerrick répète son set de 30 minutes. Il met tout le monde KO, remporte les prix du public et du Carré Music Club (jury). "Cette reconnaissance m’a ouvert des portes. Grâce à la Ville, j’ai pu me produire sur la scène de la Grand-Place lors de la Fête de la musique, puis j’ai eu accès à des conseils d’une coach vocale pour préparer le concert au Carré Music Club, dont la capacité est de 86 places." Plus de 160 personnes s’y sont pressées le 24 janvier.
Une mixtape en préparation
Ce succès inattendu a obligé Gerrick à assurer deux prestations consécutives. " C’était génial, s’exclame-t-il. J’étais fier de mon travail. J’ai mis du temps à redescendre. La Ville m’a beaucoup soutenu. Je m’en rends compte désormais et je l’en remercie." Gonflé à bloc par cette belle expérience, Gerrick sort bientôt une mixtape baptisée "Polyvalent", où il mêle des morceaux de rap, de variété et de rumba congolaise. "Plus je grandis et plus je me découvre de nouvelles ambitions, qui m'amèneront à proposer autre chose que du rap."
Jean-Sébastien Favard
En 2014, BBI avait rencontré Gerrick dans le cadre d’un dossier sur le handisport (page 56). Pour le consulter, cliquez ici