Arts, Musées
Dans les pas de Marguerite Huré, peintre verrier
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Il fait bon, à Boulogne-Billancourt, s’arrêter au coin d’une rue et grimper dans la machine à remonter le temps. Ainsi en cette fraîche matinée de printemps, dans la calme et coudée rue du Belvédère. Nous sommes entre 1929 et 1939, au niveau du numéro 25. Elle vient d’en pousser la porte et on la voit désormais au travail dans son atelier.
Elle, c’est Marguerite Huré (1895-1967), peintre verrier à l’œuvre importante, et qui ouvrit l’art sacré à une forme d’expression plus abstraite. L’architecte Auguste Perret, dont elle est proche, a lui-même imaginé le lieu pour elle, à deux pas de l’atelier de Dora Gordine. Peut-être d’autres peintres ou plasticiens, tels Maurice Denis, le père Couturier ou Jean Bazaine sont-ils passés lui rendre visite… In Situ-Revue des patrimoines consacre un article de référence àl’artiste, un peu oubliée du grand public mais doublement liée à notre ville. On y apprend qu’en décembre 2000, le fonds d’atelier de Marguerite Huré fut cédé au musée des Années 30 après le décès de Marcelle Lecamp, son héritière, ancienne collaboratrice et elle-même artiste. Un don équivalant à un quasi-sauvetage, permettant de conserver et d’inventorier une partie de l’œuvre de Marguerite.
Marguerite Huré fait partie des peintres verriers qui ont joué un rôle essentiel dans l’ouverture du vitrail à la modernité dès l’entre-deux-guerres (…) Des années 1920 à 60, elle traite ses verrières, toutes marquées par sa passion pour la couleur, aussi bien sur le mode figuratif qu’abstrait, alors même que, dans les années 1950, la plupart des artistes et peintres verriers se spécialisent dans l’un ou l’autre parti.
Et l’on doit également à cette artiste une invention technique, dite la "brique Huré", un "procédé de la mise en carreau des verrières". Les œuvres et réalisations de Marguerite Huré sont à découvrir dans de nombreux lieux sacrés en France, de l’église Notre-Dame du Raincy à l’église Saint-Joseph du Havre, de la chapelle du Petit séminaire de Voreppe à l’abbaye de la Trinité de Fécamp. Marchant rue du Belvédère, nous aurions tout aussi bien pu entendre parler d’elle en ouvrant notre journal.
Forte personnalité, indépendante, femme dans un métier d’homme, un rien garçonne, tirant sur sa bouffarde, Marguerite, surnommée "Plum" dans sa jeunesse, suscita la curiosité des gazettes. Du Figaro à L’Intransigeant, du Gaulois à La Croix. Via une fiche wikipedia bien faite, sur internet, on lit avec délectation, dans Comœdia du samedi 10 avril 1926, cet article titré "La jeune fille à la pipe et les vitraux du Raincy".