Isaac Bonan, chevalier des cultures urbaines
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En tant qu’artistes, et étant toujours connectés au monde de l’enfance, il y a une certaine responsabilité de notre part à éveiller et transmettre aux nouvelles générations, surtout dans cette période incertaine. J’espère pouvoir, à travers mon art, les rendre conscientes tout en conservant leur insouciance. Je pense à la pratique artistique comme une projection positive, une note d’espoir et de savoir…
Isaac Bonan parle bien. Aussi bien qu’il dessine, croque, aquarellise, portraitise, illustre, la nuit, souvent, dans son studio de la rue Heyrault, non loin de la piscine. Aux beaux jours, peut-être, les Boulonnais l’auront croisé, guitare en main, cherchant l’inspiration en bord de fleuve, près de La Seine Musicale.
Je me suis installé à Boulogne-Billancourt il y a un an sur les conseils de mon cousin qui y habite, sourit Isaac. Il m’a dit, tu verras, ici, c’est très calme. Si j’aime arpenter Paris, habiter Boulogne-Billancourt me ravit et me repose, une agréable qualité de vie. Je suis très heureux de travailler pour un projet de la Ville…
Fin novembre, l’artiste fut l’une des chevilles ouvrières de la Semaine boulonnaise des droits de l’enfant avec un projet de fresque murale coréalisé avec les "kids". Après s’être fait connaître et avoir (sic) "frappé à la porte de la mairie", Isaac avait auparavant participé avec d’autres artistes et les jeunes du Déclic Ado aux toiles collectives de la Journée olympique, en octobre.
Pour le projet actuel, il a travaillé sur six portraits d’enfant représentant chacun une émotion : la joie, la peur, la tristesse, la colère, l’espoir, la surprise, chaque émotion étant reliée à une couleur.
C’est assez nouveau pour moi de représenter des figures enfantines, raconte Isaac, plus attiré d’ordinaire par les visages féminins. Je vais poser les fondations, les bases, les enfants seront comme de jeunes apprentis…
Né en Côte d’Ivoire, arrivé en France à l’âge de 4 ans, Isaac a eu une enfance voyageuse. Banlieue parisienne, Dijon, Montpellier, retour à Paris. Soutenu par sa cellule familiale, il a toujours dessiné. Il rigole franchement :
Ma première commande remonte au CP pour le magazine de l’école. Pour les copains et copines, j’étais “celui qui dessinait”. Cet environnement positif m’a poussé(…) Je ne connais pas un enfant qui ne dessine pas. Pour moi, c’était comme être dans ma bulle, en méditation. J’ai vite été intéressé par le fait de reproduire ce que je voyais autour de moi de façon figurative. Mes parents m’avaient offert des livres de contes illustrés. J’étais peu attiré par le texte, par les mots. Je passais des heures à lire ces contes mais à travers les dessins.
Ado, il suit les cours du lycée d’arts appliqués Auguste-Renoir à Paris, découvre l’aquarelle, mais aussi le street art, le spray, la bombe, admirant tout autant les peintres de la Renaissance que Raymond Moretti. La carrière du jeune artiste décolle en 2011. Un magazine de mode de Hong-Kong remarque son travail sur internet. Et Isaac est invité à exposer au prestigieux IFC Mall Center de Hong-Kong.
L’ex-enfant voyageur, (qui s’installera trois ans à Londres en 2016) multiplie les collaborations : Wall Street Journal, Washington Journal, The Guardian, la revue Charles, mais aussi agences de com ou de pub, expositions collectives, festivals de graffiti, happenings, opération de team-building, etc.
Illustrateur, fin portraitiste, adepte de l’aquarelle dont il aime le côté "fluide et brillant", Isaac est toujours en mouvement.
Je reste illustrateur dans l’âme mais je me tourne de plus en plus vers les peintures murales, explique-t-il. J’évolue du papier vers l’espace, je sors de mon atelier.
Fan de new soul et de musique afro-américaine, skater invétéré depuis l’âge de 14 ans, l’artiste partage aujourd’hui son ego avec Kazar, malicieux personnage, casquette sur l’œil, dont il a façonné le profil et qu’on a vu fleurir sur certains murs délaissés, de Londres à Paris. Isaac Bonan a.k.a. (also known as) Kazar, le breaker, le B-Boy, le chevalier des cultures urbaines…