Paroles de boulonnais
Corentin de Chatelperron, ingénieur aventurier, défenseur de la planète
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Corentin de Chatelperron, 38 ans, vulgarisateur et promoteur du low-tech, est un des ambassadeurs de la Maison de la Planète de Boulogne-Billancourt. Rencontre au vol, entre deux voyages, avec un oiseau rare.
Il se voyait, ado, en MacGyver et se passionnait pour la construction de radeaux, de cabanes, le bricolage. Né à Vannes, dans le Morbihan, un papa notaire, une maman conseillère conjugale, deux frères, une sœur, Corentin de Chatelperron a grandi à Muzillac, dans les terres morbihannaises. S’imaginait-il déjà sillonner le monde sur un voilier, le Nomade des mers, en quête de toutes les innovations low-tech ? "Je ne suis pas un vrai marin, sourit Corentin. Nous, en famille, c’était plutôt la randonnée. Mais ce voilier, sorte de laboratoire flottant, reste le moyen le plus écolo pour faire le tour du monde, non ?"
Titulaire d’un bac S, il intègre l’Icam de Nantes (Institut catholique des arts et métiers), école d’ingénieur généraliste. Déjà, il s’intéresse aux éoliennes, productrices d’électricité, ou bien, lors d’un stage en Inde, à celles permettant de pomper de l’eau souterraine. "J’étais et reste frappé par les classements des grandes écoles où le salaire supposé du futur ingénieur semble l’argument majeur, analyse-t-il. Je cherchais une voie professionnelle qui ait du sens, en l’occurrence, mettre mes compétences au service de la défense de l’environnement."
En 2009, notre Tintin aux cheveux bouclés part au Bangladesh en mission de volontariat, sur un chantier naval, dans un pays où beaucoup trop de pêcheurs disparaissent en mer. Il imagine un prototype de bateau plus sûr, plus solide, mixant la très coûteuse fibre de verre (d’importation) à la fibre de jute produite localement. Bien que navigateur débutant, il regagne la France sur son Tara Tari afin d’en démontrer la solidité, une démarche récompensée par des invitations aux salons nautiques, à Paris, La Rochelle, etc. Il croise aussi Pierre-Christophe Baguet, qui, dès 2010, réfléchit à un futur lieu pérenne autour du développement durable. Corentin trouve des financements et réalise son premier objectif : retourner, trois années durant, au Bangladesh pour y monter un laboratoire de recherche.
"Dans ce pays pauvre à forte densité de population, victime d’inondations, d’ouragans, où l’accès à l’électricité est compliqué, j’ai découvert que les gens développaient une ingéniosité folle pour faire face, inventaient des choses simples, locales, utiles. Pourquoi ne pas les faire partager au monde entier ?", explique-t-il. En 2013, il crée l’association Low-tech Lab et part autour du monde en 2016 avec sa petite équipe, sur son navire laboratoire. Il a, à ce jour, posé le pied dans 25 pays, réalisant au passage des documentaires pour la chaîne Arte. Il promeut le low-tech (littéralement "basse technologie") ou une autre façon de concevoir les techniques et technologies consistant à imaginer (et partager) des procédés utiles, respectueux de l’environnement, accessibles, et réalisables à peu près partout.
Nous avons visité des pays pauvres ou riches, en tentant de trouver réponse à ces problématiques : comment faire mieux avec moins, ne pas gaspiller, utiliser des ressources locales…, commente-t-il. Il s’agit d’adapter des techniques mais aussi d’un état d’esprit, d’une démarche globale transposable aux niveaux individuel, d’un quartier, d’un territoire...
Entre deux voyages, Corentin reprend contact avec la Ville de Boulogne-Billancourt, où germe l’idée de la Maison de la Planète. Il vient au-devant des Boulonnais, en 2019, lors de la Journée de la mobilité. Soutenu par la Ville, il est aujourd’hui l’un des ambassadeurs de la "Maison". Son enthousiasme, à l’image de son regard, est franc, sincère, communicatif.
Créer un lieu ouvert à tous pour sensibiliser sur la transition écologique est une idée géniale. Et il y a une remarquable cohérence entre les différentes composantes et structures de la Maison. J’ai hâte de voir comment les Boulonnais vont s’emparer de tous ces sujets-là. Il y avait une réelle attente, elle est satisfaite."
Au Low tech-Lab Boulogne-Billancourt Grand Paris, association partenaire boulonnaise, expositions et ateliers rythmeront les semaines.
L’esprit du low-tech ne consiste pas à prononcer de belles paroles. Nous voulons amener les jeunes, et les moins jeunes, à découvrir, apprendre et faire".
Plus d’infos sur lowtechlab.org
Contact Low-Tech Lab Boulogne-Billancourt Grand Paris :bbgp@lowtechlab.org
Maison de la Planète : 01 55 18 55 00.