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Rosalind Franklin, un incroyable talent

Partagez les découvertes de Rosalind Franklin, scientifique d’exception, sur le charbon, mais aussi sur les virus et l’ADN avec extraction et observation de votre propre ADN, dans le cadre de "La Science se livre", samedi 1er février 2025 à 10h30 à la Médiathèque Landowski.

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Auteure d’avancées majeures sur la chimie du charbon et du graphite, ainsi que sur la structure des virus, la contribution déterminante de Rosalind Franklin à la découverte de la structure à double hélice de l’ADN commence seulement à être reconnue.

  • Samedi 1er février à 10h30 
  • Médiathèque Landowski (2e étage). Entrée libre.
  • La Science se livre

Rosalind Franklin

Chimiste, biologiste moléculaire et cristallographe, Rosalind Franklin est célèbre pour ses travaux sur le charbon et les virus. Ses photographies de l'ADN par cristallographie aux rayons X ne sont pas moins célèbres et ont largement contribué à la découverte de la structure à double hélice de la molécule. Son rôle, cependant, n'a pas été récompensé par un prix Nobel.

Rosalind Elsie Franklin naît le 25 juillet 1920 à Notting Hill, à Londres, dans une riche famille juive, Élève brillante, Rosalind Franklin réalise un parcours exemplaire tout au long de sa scolarité. Elle a la chance d'intégrer à 11 ans le St Paul's Girls' School, un des seuls établissements de Londres où la physique et la chimique sont enseignées aux jeunes filles. Là, elle montre ses talents pour ces matières, ainsi que pour le latin et le français, qu'elle apprendra à parler couramment. En 1938, elle passe avec brio son examen de fin de scolarité et obtient une bourse universitaire.

En cette première moitié du XXe siècle marquée par la montée du nazisme et la guerre, la vie de Rosalind Franklin est influencée par ces évènements. Sa famille accueille des jeunes réfugiés juifs fuyant l'Allemagne et l'Europe de l'est grâce au programme de secours Kindertransport (transport d'enfants, en allemand). Son père lui intime de céder sa bourse universitaire à un réfugié, ce qui n'empêchera pas Rosalind Franklin d'intégrer le Newham College, à l'université de Cambridge, afin d'y étudier la chimie.

Elle obtient son PhD (doctorat) en 1945 pour ses travaux sur la porosité du charbon, qui contribueront à la classification des charbons et permettront de déterminer leur intérêt industriel en ce contexte de guerre, notamment dans la production de carburants et de masques à gaz.

Les photographies historiques de l’ADN aux rayons X

Après la guerre, Rosalind Franklin se rend en France grâce à une réfugiée nommée Adrienne Weill, ancienne étudiante de l'université Pierre et Marie Curie, qu'elle avait rencontrée à Cambridge. En 1947, elle a l'opportunité d'entrer au Laboratoire central des services chimiques, à Paris, où elle se forme à la cristallographie aux rayons X, aussi appelé diffractométrie aux rayons X, aux côtés de Jacques Mering, spécialiste du domaine. Elle se sert de ces nouvelles connaissances pour poursuivre ses recherches sur le charbon, notamment sur le passage du charbon au graphite.

De retour à Londres, Rosalind Franklin intègre le King's College en 1951. Affectée au département de biophysique, elle met à profit son expertise en cristallographie aux rayons X pour étudier l'ADN. Elle vient alors prêter main forte à Maurice Wilkins et Raymond Gosling, un doctorant, qui avaient déjà effectué des travaux de diffraction sur cette molécule, en améliorant considérablement la technique utilisée. Mais des tensions s'installent entre Franklin et Wilkins...

Dans ce contexte, Rosalind Franklin et Raymond Gosling découvrent les deux conformations de la molécule d'ADN, qu'elle nommera A et B. Les deux chercheurs réalisent également de superbes clichés de l’ADN par diffractométrie aux rayons X, qui permettront d'identifier la structure à double hélice. Ainsi, en 1953, Rosalind Franklin arrive à la conclusion que les deux conformations de l'ADN présentent une telle structure et commence à les décrire dans des articles scientifiques.

Les travaux de Rosalind Franklin ont été écartés

Au King's College, Maurice Wilkins poursuit ses recherches sur l'ADN B en parallèle des travaux de Rosalind Franklin, de même que James Watson et Francis Crick à l'université de Cambridge. Ces derniers s'appuient largement sur les découvertes effectuées par Rosalind Franklin et Maurice Wilkins pour construire un modèle moléculaire de l'ADN.

En mars 1953, Rosalind Franklin quitte le King's College pour le Birckbeck College. Ses travaux sur l'ADN sont alors aboutis, mais ils doivent rester au King's College, sur ordre du directeur. De leur côté, James Watson et Francis Crick publient leur modèle dans la revue  Nature  en avril 1953. Les travaux antérieurs de Rosalind Franklin et Maurice Wilkins ne seront publiés que plus tard, comme en soutien au modèle de Crick et Watson.

Par un concours de circonstances, Rosalind Franklin sera ainsi écartée de la découverte de la structure à double hélice de l'ADN. Les tensions avec les autres chercheurs, d'une part, et sa position sceptique et prudente envers le modèle proposé par Crick et Watson, sont un début d'explication. Maurice Wilkins, James Watson et Francis Crick ont quant à eux accepté de collaborer. Il apparaît aussi que les travaux de Rosalind Franklin ont été utilisés à son insu après son départ du King's College.

Disparue avant un possible Nobel

Au Birckbeck College, Rosalind Franklin entame des recherches sur l'ARN et sur les virus. Elle étudie notamment le virus de la mosaïque du tabac, toujours par diffractométrie aux rayons X. Elle découvre notamment que tous les virus de ce type ont la même longueur et qu'ils possèdent un unique brin. Par la suite, elle travaille également sur le virus de la mosaïque du concombre, le virus de la mosaïque jaune du navet, puis s'intéresse aux virus affectant les animaux et commence à étudier la structure des poliovirus (voir ses publications).

Dès 1956, la santé de Rosalind Franklin se dégrade en raison d'un cancer de l'ovaire. Après plusieurs traitements, elle décède finalement le 16 avril 1958 à Chelsea, à Londres, à seulement 38 ans.

En 1962, ses collègues James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins obtiennent le prix Nobel pour la découverte de la structure à double hélice de l'ADN. Rosalind Franklin, malgré son rôle primordial, ne sera malheureusement pas récompensée. Au-delà des tensions existant entre les chercheurs du vivant de Rosalind Franklin, cet "oubli" vient aussi du fait que le prix Nobel ne peut être attribué à titre posthume.