Histoire, Santé, Sécurité
Quand les sous-sols de l’hôtel de ville abritaient un poste de secours
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Ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale, les sous-sols du bâtiment ont été un refuge pour bon nombre de Boulonnais.
Dès 1935, conformément à la législation sur les attaques aérochimiques, la municipalité avait aménagé un poste de secours dans les sous-sols de l’hôtel de ville pour pallier cette inquiétante éventualité aux redoutables effets. Dans un contexte de tensions internationales accrues, deux innovations de la Première Guerre mondiale, l’aviation de bombardement et les gaz de combat, avaient alimenté la crainte d’un tel péril. Installé dans la partie est des sous-sols, le poste de secours était accessible par l’arrière du bâtiment grâce à une rampe que pouvaient emprunter les camions transportant les blessés. De là, ils étaient installés dans une salle permettant de les répartir selon leurs blessures ; une salle était dédiée aux suffoqués, une autre aux opérations, une troisième aux blessés gazés en attente d’évacuation, une suivante aux vésiqués, c’est-à-dire aux personnes ayant été en contact avec des gaz affectant la peau. Enfin, une salle de lavage des yeux venait compléter l’ensemble.
Des vies sauvées après le bombardement du 3 mars 1942
En 1938, alors qu’émergent les premiers signes d’une guerre imminente, il est décidé de renforcer le plafond du poste de secours à l’aide de poutrelles en bois. De cette façon, son fonctionnement restera assuré pendant toute la durée de l’alerte et au-delà, en attendant que la sécurité à l’extérieur soit devenue suffisante pour pouvoir évacuer le poste en toute tranquillité. Si Boulogne-Billancourt ne déplore aucune victime d’attaque chimique, son poste de secours a cependant été très utile lors du bombardement du 3 mars 1942, où, pendant près de 36 heures, les professionnels de santé ont œuvré pour sauver des vies. L’hôpital Ambroise-Paré, alors implanté aux abords de l’actuelle avenue du Général-Leclerc, ayant été touché par des bombes du fait de sa proximité avec les usines Renault, le poste de secours a permis de prendre en charge les blessés avant leur transfert dans les hôpitaux alentour. Afin de fluidifier les accès au centre, deux sorties de secours sont aménagées en souterrain pour relier l’hôtel de ville aux jardins de la rue Henripré et à la rue Gallieni. Ces galeries voûtées, d’une largeur d’un mètre cinquante, pour laisser un dégagement suffisant aux brancards, ont aussi été utilisées comme abris pour le personnel communal lors des bombardements de 1943. Le poste de secours a aujourd’hui disparu et les sorties de secours ont été comblées depuis bien longtemps. Les sous-sols ont retrouvé une sérénité propice à la conservation des archives municipales mais gardent en mémoire cet épisode méconnu de l’histoire de notre hôtel de ville.