Histoire, Loisirs
Octobre 1935, l’aéro-club de Boulogne-Billancourt prend son envol
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4 juillet 1935. Dans l’arrière-salle du Café de Paris, avenue Édouard-Vaillant, les conversations vont bon train en attendant les derniers retardataires. Aux bavardages se sont rapidement substitués des échanges parfois enflammés, tous sur le même sujet : l’aviation. Paul Ducellier a convoqué une quarantaine de ses amis, tous passionnés, comme lui, pour leur soumettre l’idée d’un club dédié à l’aéronautique. L’hôte du jour est bien connu dans la ville. Il est le rédacteur en chef du journal La Tribune républicaine de Boulogne-Billancourt, mais s’est surtout beaucoup investi dans la vie locale. On lui doit en particulier l’organisation de la première foire-exposition de la ville en avril 1933. Commissaire général de la foire, il voyait en cet événement l’occasion de démontrer la richesse industrielle, commerciale, artisanale et artistique de la ville et surtout l’opportunité de révéler Boulogne-Billancourt à ses habitants, souvent séduits par les produits parisiens. Mais ce qui passionne Paul Ducellier depuis son plus jeune âge, c’est l’aviation. Engagé en 1916, il a obtenu son brevet de pilote l’année suivante avant d’être affecté dans une escadrille de bombardement. Entré au service d’Albert Kahn en 1913, il en est devenu le secrétaire particulier après le conflit. En cette journée de juillet, 35 fanatiques d’aviation ont répondu favorablement à son invitation. Beau succès ! Pourtant, le plus dur reste à faire : les convaincre de se lancer dans l’aventure. Bien sûr, les obstacles sont nombreux. Ils n’ont ni budget, ni avion, ni installations..., pas même un terrain disponible. D’autant plus que l’aviation s’adresse alors à une population privilégiée. Or, Ducellier a pour ambition de créer un club d’aviation populaire. "Mais nous avons notre foi", leur assène-t-il. Il n’en faut pas plus pour convaincre les plus sceptiques.
Un comité directeur composé de la Première Guerre mondiale
Quelques semaines plus tard, on forme un comité directeur composé de plusieurs anciens de la Première Guerre mondiale et on trouve un local place Bir-Hakeim pour y installer le siège social. Paul Ducellier négocie avec les usines Farman, dont il connaît bien les dirigeants, un accord pour l’obtention d’un avion-école, d’un moniteur et même d’un terrain à Toussus-le-Noble. En octobre 1935, l’aéro-club de Boulogne-Billancourt est né. Les premiers élèves-pilotes sont recrutés dans les usines de la ville. Le mot d’ordre est de "recruter ses membres dans la classe ouvrière, puisqu’une grande majorité des ouvriers de Billancourt sont occupés dans des usines qui travaillent directement ou indirectement pour l’aviation et qu’à ce titre, ils s’y intéressent forcément".
Le premier brevet est décerné à Jacques André, qui, au début de la guerre, sera appelé à l’escadrille Normandie-Niémen et remportera 17 victoires aériennes. En 1939, l’association compte 650 membres, 60 pilotes acquièrent une formation de premier degré, 20 pour le deuxième degré et, enfin, 200 brevets élémentaires de mécanicien d’aviation sont délivrés. La Seconde Guerre mondiale interrompt son fonctionnement mais, dès 1945, le club se reforme et reprend ses activités sur l’aérodrome de Saint-Cyr-l’École. Proposant des baptêmes de l’air, des balades aériennes, des cours de pilotage et de parachutisme, l’aéro-club va alors contribuer à faire de l’aviation un sport d’excellence mais aussi populaire. Dans une ville où les essais des ballons dirigeables Astra et les exploits de Robert Esnault-Pelterie, Henri Farman ou Gabriel Voisin à bord de leurs appareils ont fait rêver plusieurs générations, le projet de Paul Ducellier s’est transformé en véritable institution. Et aujourd’hui encore, l’aéro-club de Boulogne-Billancourt perpétue cette tradition de l’aéronautique boulonnaise.