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L’hôtel de ville, source d’inspiration pour les étudiants en écoles d’art
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En ce vendredi d’hiver, 15 jeunes, planche à dessin en main, sont en contemplation dans le hall de la mairie. Ce sont des étudiants de LISAA (L’Institut supérieur des arts appliqués), une école reconnue et bien établie sur le territoire national. Ces jeunes âgés de 18 à 24 ans se préparent à réaliser un exercice aussi délicat que passionnant : représenter en croquis le hall de l’hôtel de ville de Boulogne-Billancourt. Un choix qui ne doit rien au hasard, confie leur professeure Ekaterina Tkatch : "Pour travailler sur le style Art déco et les années 1920- 1930, cet hôtel de ville est une chance."
Toutefois, les étudiants ne doivent pas se contenter d’un simple "copier-coller". Ils ont pour consigne d’incorporer à leur dessin un objet monumental, fonctionnel ou non, suspendu au milieu de la structure. Robin, âgé de 20 ans, songe à ajouter un train. "Le volume intérieur est impressionnant, je verrais bien cet hôtel de ville se transformer en gare."
Assises à côté de lui, Sarah et Audrey comparent le bâtiment municipal à un hall d’exposition – ça tombe bien, c’est aussi à ça qu’il sert. "En tout cas, cette mairie n’a rien à voir avec celles que j’ai pu visiter", glisse la première. "Moi, je la trouve très inspirante", chuchote la seconde. Robin apprécie également les nombreux détails, ceux qui échappent au premier coup d’œil mais surgissent au fur et à mesure que le regard se promène : "Il y a, par exemple, ces poutres en forme d’escalier qui montrent que rien n’a été laissé au hasard. Elles sont d’ailleurs assez difficiles à représenter!" Si Ekaterina Tkatch a choisi l’ouvrage de Tony Garnier pour mettre à l’épreuve ses étudiants, c’est aussi parce qu’il propose de nombreuses lignes de fuite : "Le bâtiment abrite des volumes très géométriques, en cela il offre une base de travail intéressante pour mettre en application les règles de perspective vues en cours." Pour les élèves, le défi consiste à réaliser un dessin avec une perspective à trois points de fuite, en plus d’une vue générale de l’ensemble. "Deux travaux à rendre au format A3", ajoute la professeure. Les meilleures compositions seront exposées lors des journées portes ouvertes de l’école, organisées au printemps.
La Ville demande le classement de la mairie au titre des Monuments historiques
Les 90 ans de l’hôtel de ville constituent un des événements forts de cette année 2024 à BoulogneBillancourt. Pour marquer cet anniversaire, la Ville demande son classement au titre des Monuments historiques auprès du ministère de la Culture. Quand il ouvre ses portes au public en juillet 1934, le nouvel hôtel de ville incarne pleinement l’union de Boulogne et de Billancourt qui avait été effective huit ans auparavant. Déjà qualifié de chef-d’œuvre par ses tout premiers visiteurs, le bâtiment avait été commandé par le sénateur-maire André Morizet, qui avait eu la brillante idée de choisir le centre géographique de la ville comme emplacement. Tout aussi remarquable a été sa décision de confier son édification aux architectes Tony Garnier, Grand Prix de Rome en 1899, et Jacques Debat-Ponsan.
Chef d'oeuvre de l'architecture des années 1930
Dès 1925, André Morizet convainc son conseil municipal de l’intérêt d’une nouvelle mairie. Il missionne une délégation en Belgique, où elle découvre l’organisation la plus rationnelle possible des services municipaux. La délégation poursuit son travail à Lyon pour voir les réalisations de Tony Garnier, à qui André Morizet confie très vite le projet. Les esquisses de l’architecte, conservées aujourd’hui aux Archives municipales, montrent déjà les contours de l’édifice final. Deux parallélépipèdes accolés, l’un dévolu aux services municipaux et l’autre destiné aux réceptions et aux bureaux du maire et de ses adjoints, constituent toujours aujourd’hui l’hôtel de ville. Les hautes fenêtres, la pierre rosée de Comblanchien et l’entrée principale, monumentale, concourent à la noblesse du bâtiment des réceptions voulue par le sénateur-maire et l’architecte. Les salons d’honneur forment un seul et même espace long de 50 mètres, haut de 10 mètres, et sont décorés d’or pour les parois hautes et de marbre noir Golzinne pour le soubassement. Le bâtiment des services municipaux et à l’accueil des citoyens s’organise autour du grand et large espace du hall des guichets, 65 mètres de long, 28 mètres de large et 22 mètres de haut. Trois coursives en encorbellement desservent les bureaux dans les étages. Cet espace magnifique et baigné de lumière naturelle a notamment permis à ce monument d’avant-garde d’être inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments historiques en 1975. Le classement, demandé par la Ville lors du conseil municipal du 7 décembre 2023, échelon de protection le plus élevé, est décidé par arrêté du ministre de la Culture, après deux avis des commissions nationale et régionale du patrimoine et de l’architecture. Compte tenu de ce cheminement administratif, la demande peut prendre un certain temps avant d’aboutir. Incluant droits et devoirs, le classement permettra notamment d’obtenir une expertise technique et des financements pour la restauration des bâtiments, avant que soient lancés de nécessaires travaux de réhabilitation dans le respect de leur construction.