@Sandra Saragoussi
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Santé, Sciences, Handicap

Les Boulonnais Louis de Veron et Rémi du Chalard, 1er prix du concours Lépine avec leur invention pour les non/malvoyants

Cofondateurs de la société Artha France en 2018, les Boulonnais Louis de Veron et Rémi du Chalard ont remporté le prix du président de la République, soit le premier prix, au concours Lépine le vendredi 10 mai. Leur innovation technologique majeure donne aux personnes déficientes visuelles les moyens de développer une perception tout à fait nouvelle de leur environnement.

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Près de 300 inventeurs étaient présents à la Foire de Paris début mai pour présenter leurs projets aux 40 membres du jury du concours Lépine. Jugée la plus utile et la plus pertinente, l’invention des deux Boulonnais, cofondateurs de la société Artha Frances’est distinguée avec le premier prix et est promise à un bel avenir.

BBI : Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne votre invention ?

Louis de Veron : Il s’agit de lunettes qui filment l’environnement, le poteau, le vélo qui passe, la poubelle… et qui vont renvoyer l’image vers une ceinture lombaire dite haptique, entraînant la transmission d’une information via le sens du toucher. À l’intérieur de cette ceinture, de petites impulsions mécaniques vont dessiner très rapidement l’image qui a été envoyée par la caméra. Le cerveau reçoit ces informations depuis le dos de la personne et est capable de reconstituer une image mentale.

BBI : Que voit la personne nonvoyante ou malvoyante ?

L.d.V.: Nous ne rendons pas la vue aux personnes non-voyantes, mais notre solution leur permet de percevoir, de ressentir l’environnement. Elles découvrent des endroits qu’elles ne connaissent pas et gagnent ainsi en autonomie et en sécurité. Le dispositif permet de traduire la vision jusqu’à 10 mètres devant soi. Pour l’utilisateur, son handicap devient plus discret. Il peut sortir seul. C’est donc aussi une aide concrète et un soulagement pour les aidants.

BBI : Quand votre invention sera-t-elle commercialisée ?

L.d.V.: Nous avons fini nos tests de prototype et nous avons déjà obtenu une première levée de fonds. Les préséries sont lancées et nous visons le lancement de la commercialisation sur le marché pour décembre prochain.

BBI : Quel sera l’avenir de votre invention ?

L.d.V.: Nous sommes en contact avec l’agence Innovation santé pour accélérer les choses, comme le remboursement par la Sécurité sociale, car, en précommande, cela coûte 3000 euros. Cela va prendre du temps, mais l’appareil pourra être prescrit par les orthoptistes, ophtalmologistes, opticiens et instructeurs pour la locomotion. En plus d’offrir de l’autonomie aux personnes non-voyantes, cette technologie permettrait d’économiser des millions d’euros. Elle est moins chère et aussi performante qu’un implant rétinien. De plus, elle réduirait les frais de taxi, de déplacement et des multiples aides quotidiennes aujourd’hui indispensables aux malvoyants et non-voyants.

Propos recueillis par J.-S. Favard