Culture, Sciences
L’archéologie, entre science et passion pour le couple Mongne
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"Je ne croyais pas qu’on pût être amoureux d’une colonnade : c’est pourtant vrai !", s’exclame Flaubert en 1850, à la vue du temple de Baalbek, au Liban. Ce cri du cœur pourrait être celui des Mongne, tant ces deux-là investissent la terre et ses trésors anciens. Margareta Tengberg et Pascal Mongne se sont croisés il y a vingt-cinq ans lors de fouilles au Pakistan. Elle est originaire de Suède, lui de Boulogne-Billancourt. Depuis, ils ne se sont plus quittés, se sont dit oui à la mairie de Boulogne-Billancourt en 2005 et résident dans le quartier Les Princes-Marmottan depuis deux décennies.
Archéologue et historien d’art, je travaille sur le monde précolombien, la technique des arts traditionnels américains, mais aussi sur l’architecture en brique crue, confie ce docteur en archéologie, professeur à l’École du Louvre.
Les Mongne ont souvent pérégriné chacun de leur côté : Mexique, Pérou, sud des États-Unis, Chypre, Turquie, Liban, Palestine, Syrie, Irak, Égypte, Bahreïn, Oman, Afghanistan, Pakistan, etc. Archéobotaniste, Margareta enseigne au Muséum national d’Histoire naturelle :
J’étudie les restes végétaux des fouilles archéologiques du Moyen-Orient et de l’Asie centrale afin de reconstituer les interactions entre les sociétés et le monde végétal dans le passé. Nous recensons les pratiques agricoles, la collecte de bois, la domestication des plantes, l’alimentation, bref, tout ce qui concerne les végétaux et les sociétés millénaires.
Avec elle, on apprend que l’agriculture est née au Moyen-Orient il y a plus de dix mille ans. "C’est une région archéologique riche. On y retrouve des villages datant de douze mille ans avant Jésus-Christ !" En épousant Pascal, Margareta s’est également unie à Boulogne-Billancourt : "Mes parents s’y sont installés dans les années 50. Nous avons longtemps résidé rue Esnault-Pelterie, raconte Pascal. Je me souviens des abattoirs, garages et laveries, des magasins de vins, de charbon, et du marchand ambulant de pains de glace. Je me rappelle l’épicier corse, notre voisin chez qui nous achetions des bonbons. Quand les ouvriers de Renault venaient se rassasier chez lui, il renvoyait tous ses clients, adultes ou enfants, pour les servir en priorité." La maman de Pascal a d’ailleurs tenu un atelier de couture, nommé "Perline", de 1965 à 1985, avenue Victor-Hugo. Une figure du quartier à l’époque !
"Pendant le confinement, nous avons redécouvert le patrimoine de la ville"
Si la ville a évolué, le confinement a été pour eux l’occasion de la redécouvrir.
Boulogne-Billancourt est une cité très verte avec une urbanisation agréable. Nous nous sommes beaucoup promenés et avons redécouvert le patrimoine architectural de la commune. La résidence Pouillon par exemple, mais aussi multiples maisons et jardins “cachés” un peu partout.
Et l’architecture des années 30, le bois, les berges de Seine, les marchés boulonnais. "Nous y rencontrons des amis. L’ambiance est chaleureuse. En Suède, les marchés sont beaucoup plus calmes", conclut Margareta, définitivement conquise par sa cité d’adoption.