Loisirs, Sport
Vendée Globe 2020 : la préparation de Stéphane Le Diraison
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En solitaire, sans assistance, avec l’interdiction d’utiliser leur moteur, les concurrents entameront leur périple de plus de 43 000 kilomètres autour du monde. Une révolution effectuée en 74 jours et 3 heures lors de la dernière édition. À travers l’Atlantique, l’océan Indien et le Pacifique, les marins composeront avec le vent, souvent violent, parfois manquant. Le long des côtes, puis au large de l’Antarctique, ils affronteront des vagues hautes comme des immeubles de dix étages et frôleront les glaces de l’été austral. Après sa première participation en 2016 et son démâtage dans les mers du Sud, Stéphane Le Diraison remet les voiles à bord de Time For Oceans. Soutenu par la Ville de Boulogne-Billancourt, le Conseil départemental des Hauts-de-Seine , les entreprises Suez et Bouygues Construction, ce Boulonnais engagé qui sensibilise à la préservation des océans portera haut les couleurs de Boulogne-Billancourt sur les écrans des cinq continents.
Retour sur la préparation physique, technique et mentale du skipper
Quel est votre programme jusqu’au grand jour ?
Les sorties en mer continuent, à la fois pour des validations techniques et l’entraînement sportif. Quand le bateau ne navigue pas, l’équipe peaufine les réglages et les préparatifs, c’est-à-dire les sacs, l’équipement de sécurité, l’avitaillement, les vêtements, la pharmacie, tous les derniers détails. Le 1er novembre, tous les skippers seront en confinement strict. Je n’aurai pas le droit de monter sur le bateau pendant une semaine.
La gestion du sommeil est toujours un grand sujet des courses en solitaire. Quels progrès avez-vous réalisés depuis la dernière édition ?
L’an dernier, j’ai franchi une nouvelle étape, avec des médecins qui ont réalisé un dosage de mélatonine, l’hormone du sommeil, en situation réelle de course. J’avais un petit réfrigérateur à bord et j’effectuais des prélèvements de salive toutes les heures. Comme dans un film de science-fiction, j’ai même avalé une gélule connectée en bluetooth qui a regardé l’intérieur de mon corps et pris des relevés de température. En dehors de ces avancées techniques, j’ai bien sûr continué à naviguer et donc optimisé, avec l’expérience, ma façon de gérer le sommeil.
Mécaniquement, le bateau d’aujourd’hui est plus performant…
La coque de la génération 2008 a gagné de la puissance, les foils sont gagnants sur toutes les allures, excepté au près, lorsqu’on remonte au vent. Avec le nouveau safran, l’ergonomie, la protection, la sécurité et le contrôle ont été améliorés. Le bateau va beaucoup plus vite, donc les chocs sont plus durs, les mouvements plus secs et plus bruyants. Entre les safrans et les foils qui sifflent très fort, le puits de quille qui aspire, le gréement qui vibre et la coque qui tape comme un tambour, il faut apprendre à vivre avec le bruit… Avec la vitesse, il y a aussi un risque de casse ! Grâce à une nouvelle structure, le bateau est beaucoup plus solide qu’avant.
Qu’avez-vous fait en 2016 que vous ne referiez pas ?
Le principal problème a été, a posteriori, ma gestion du rythme de course. C’est une vraie course d’endurance, elle dure plusieurs mois. En 2016, je ne suis pas parti assez fort, j’étais un peu trop dans l’observation et ça filait fort devant. Du coup, j’ai pris un retard, que j’ai ensuite rattrapé pour revenir à la 10e place. Et là, j’ai probablement été un peu grisé et pris un rythme trop élevé qui a pu jouer un rôle dans l’aléas matériel. J’ai réalisé le 4e temps de l’océan Indien, plus rapide que Thomson sur Hugo Boss. Peut-être étais-je un peu exalté, avec un sentiment, trompeur, que l’on prend le dessus sur les mers du Sud. Cette année, je vais essayer de partir un peu plus fort et de mieux gérer le rythme dans le Grand Sud car l’objectif, avant toute chose, c’est d’aller au bout.