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Stand-Up Paddle : Olivia Piana, numéro 1 mondiale
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Actuellement au Portugal où elle vit depuis un an, la licenciée boulonnaise de l'ACBB Canoë-Kayak Stand up paddle a repris les entraînements quotidiens après un mois de vacances bien méritées. Basée à Vila Nova de Milfontes, cadre idéal pour s’entraîner, Olivia Piana reprend bientôt la compétition à l’occasion de la Glagla Race à Annecy le 18 janvier.
Bonjour Olivia, comment vous sentez-vous après cette grande saison 2019 et à l’aube d’une nouvelle année ?
"Je me sens super bien en ce moment. Je suis au Portugal où j’habite depuis un an, à Villa Nova de Milfontes plus précisément. J’ai pris un mois de vacances en fin d’année mais je me suis remise à l’entraînement depuis. C’est un cadre idéal pour s’entraîner surtout durant l’hiver. J’ai hâte de reprendre la compétition sur le lac d’Annecy dans une semaine.
Au début de votre carrière vous pratiquiez la planche à voile et le triathlon, comment en êtes-vous arrivée au SUP ?
J’ai grandi à Digne-les-Bains dans les Alpes de Haute Provence. J'ai appris la planche à voile avec ma maman, et j'ai vite découvert le SUP quand le sport est arrivé en France. J’ai fait du triathlon à un niveau modeste mais ça m’a surtout permis d’améliorer mon endurance et de découvrir d'autres méthodes d'entraînement. La planche à voile a développé mon équilibre et ma glisse sur l’eau. Ces deux disciplines m'ont été très bénéfiques pour les courses de SUP et cela explique mon adaptation rapide à cette pratique.
Malgré votre grand succès en 2019, vous avez connu des moments plus difficiles au début de votre carrière. Pouvez-vous nous raconter ?
L’année 2014 a été assez compliquée… Je me suis blessée lors d’un reportage pour mon sponsor de l’époque. Ce sponsor qui a décidé de me lâcher en fin d’année après ma demande de concevoir une planche faite sur mesure pour moi. Il faut savoir que les planches à l’époque étaient faites par des hommes pour des hommes et étaient donc trop volumineuses pour beaucoup de femmes. Je me suis retrouvée sans sponsor et blessée une partie de l’année alors que j’avais eu des résultats encourageants les années précédentes. Ça a été un coup dur mais ça m’a permis de me reconnecter à moi-même et à mes priorités. J’ai donc poursuivi mon entraînement seule, sans personne pour me dire "allez c’est l’heure de l’entraînement".
Puis en 2016, vous revenez sur le devant de la scène avec un nouveau sponsor et des très bons résultats ?
En 2015 je suis repartie de zéro, j'ai été représentante commerciale sur les événements pour une marque de SUP. C'était un moyen de participer aux courses tout en travaillant. J'ai ensuite réintégré l'équipe de France en 2016 pour les championnats d’Europe à Lacanau où je remporte les deux épreuves, la Longue Distance et la Technical Race. Je termine aussi deux fois vice-championne du monde dans ces deux mêmes disciplines aux mondiaux des Fiji.
Vous devenez championne du monde pour la première fois en 2018. Comment avez-vous vécu cette saison ?
C'était incroyable. Devenir championne du monde c'était un aboutissement, un rêve ! J'ai donné tellement d'énergie avec passion pour en arriver là. C'est un moment intense que je n'oublierai jamais.
Et puis vient cette fameuse année 2019, dont on parlera longtemps. Vous avez presque tout gagné cette saison ?
Oui et ce qui est surprenant ce que l’année a mal commencé. Mon sponsor principal a été forcé de couper mon contrat. Ça m'a déstabilisé mentalement, j'ai subi des difficultés de logistique notamment pour la livraison de mes planches. Finalement je gagne les épreuves Euro Tour de Bilbao et de Saint-Sébastien, mes deux préférées ! Comme je l'ai toujours dit, quand tu fais les choses avec le coeur, ça paye forcément un jour. Je fais un très beau championnat du monde ICF en remportant le Sprint et la Technical Race et en prenant l'argent en Longue Distance. C'était un moment d'autant plus fort car c'était les premiers mondiaux historiques organisés par l'ICF.
Que ressentez-vous par rapport à cette première place mondiale au World Ranking de Supracer ?
C'était une grande surprise ! Je voulais simplement intégrer le top 5 à l’issue de l’année et me voilà numéro 1. Je suis fière et heureuse pour la France, pour l’ACBB et pour tous ceux qui m’encouragent depuis le début.
Avec votre palmarès et tout ce que vous avez apporté au SUP français, pensez-vous être un modèle féminin pour la future génération ?
Mon rôle est de donner envie aux femmes de pratiquer ce sport mais aussi aux hommes. Je pense avoir une bonne influence pour le SUP féminin, j'ai repoussé certaines limites notamment au sein de l'industrie, en R&D et au niveau des salaires égaux entre les athlètes hommes et femmes. Le SUP plaît beaucoup aux femmes, elles sont plus nombreuses que les hommes à le pratiquer en loisir. La présence des femmes est de plus en plus importante à chaque compétition. C'est très positif pour la future génération de jeunes femmes qui souhaite se réaliser à travers ce sport.
Que peut-on vous souhaiter pour cette année 2020 ?
Simplement du bonheur, dans la vie comme sur l’eau même si j’ai souvent réussi à lier les deux. Une bonne année ou une bonne carrière ne se résume pas qu'aux résultats, il y a les gens autour, tout ce qu’on peut partager, ça n’a pas de prix. Cette année les championnats du monde ICF de SUP ont lieu au Portugal en septembre, j’espère y faire de bonnes performances."