Emploi, Transports
Air indemnité : Une start-up en faveur des droits des passagers
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Entretien avec le président et fondateur de Air Indemnité, Jérôme Gratelle
Comment est née Air Indemnité ?
"J’ai un jour subi un retard important lors d’un transport aérien. J’avais une vingtaine d’années, certes, mais je n’ai pas oublié. Autour de la trentaine, après des études d’ingénieur et un passage dans le conseil en stratégie, je travaillais dans un fonds d’investissement et examinais de nombreux dossiers de sociétés dans divers secteurs. Jusqu’au jour où l’envie m’est venue d’aller voir au cœur de l’entreprise ce qui s’y passait… En 2013, j’ai entendu parler d’une société qui s’occupait d’indemnisation dans le maritime et l’aérien.
Comment avez-vous su que ce secteur était porteur ?
La société à reprendre avait un chiffre d'affaires très faible alors que 2 ou 3 millions de personnes sont concernées par les voyages aériens. Des business angels et deux fonds m’ont suivi dans ma démarche. Depuis, nous avons procédé à une levée de fonds supplémentaire et la Banque Publique d'Investissement (BPI) est entrée au capital.
Comment s’est passée la montée en puissance ?
Air Indemnité existe depuis le 1er juillet 2014. Une vision très industrielle, très technologique était nécessaire. Et il fallait nous faire connaître. En 2015, j’ai travaillé avec une agence de relations presse, et comme c’était un bon sujet « conso », nous avons eu de belles retombées. Depuis 2014, nous doublons de taille chaque année.
Vous êtes désormais installés à BoulogneBillancourt…
C’est important pour nous d’être situés à l’ouest de Paris, près de tout. La qualité de vie et de travail est importante pour nos 30 salariés, et il y a une vraie vie de quartier. À titre personnel, j’adore venir travailler à vélo. Et je vais nager le matin à la piscine qui est ouverte dès 7h. Le bonheur !
La qualité de vie et de travail qu’offre Boulogne-Billancourt est importante pour nos 30 salariés, il y a une vraie vie de quartier.
Apprendre que l’on peut se faire dédommager, c’est une surprise pour beaucoup de passagers…
En effet, 70 % des passagers ne savent pas qu’ils ont des droits. Ce sont les chiffres officiels. En cas de retard ou d’annulation, ils ne font pas la démarche de demander réparation. Beaucoup restent persuadés qu’ils n’obtiendront rien.
Quelle est la base réglementaire qui sert pour ces demandes ?
Notre activité s’appuie sur un règlement européen de 2004, complété par de la jurisprudence. Son but est de réguler les relations entre passagers et compagnies aériennes. Ce règlement comporte trois pans. Primo, la prise en charge à l’aéroport. Dans le cas d’une annulation de vol à 20h ou bien d’un retard important en soirée, la compagnie pourrait être amenée à prendre en charge votre hébergement et vos frais de restauration. Deuzio, le remboursement : un vol annulé suppose que la compagnie doit vous acheminer dans des conditions comparables, ce qui n’est guère fréquent… Tierco, l’indemnisation : quand un vol est annulé ou arrive avec un retard supérieur à 3h, il y a préjudice et donc possibilité d’indemnité. Elle est fixée à 250 € pour un vol court courrier, 400 € pour un moyen et 600 € pour les longs trajets.
Quel est votre modèle économique ?
Nous travaillons au « success fee », autrement dit nous prenons une commission (30 %) sur les indemnités que nous obtenons pour nos clients. Les compagnies règlent souvent. Néanmoins, près d’un tiers des cas vont au contentieux. Nous travaillons alors avec des avocats spécialisés.
Quelles sont les perspectives de développement ?
Nous sommes déjà leaders en France. Nos récentes levées de fonds nous permettent d’envisager un développement européen. Les perspectives sont bonnes, le marché est en croissance. Nous devons encore faire connaître cette réglementation qui permet l’indemnisation. Et compte tenu de l’augmentation du trafic aérien, des infrastructures qui ne suivent pas forcément, les retards et les annulations sont en progression…"