Paroles de boulonnais

Stanislas Carmont, acteur d’Un p’tit truc en plus « Mon handicap, c’est mon identité »

" Boulogne est un repère pour moi, c’est rassurant. Je m’y sens bien et j’y suis très lié."

Publié le

Ancien élève de l’école Jean-Baptiste Clément et du collège Jacqueline-Auriol, le Boulonnais Stanislas Carmont, 25 ans, est l’un des acteurs du formidable film d’Artus, Un p’tit truc en plus. Pour le jeune comédien autiste, ce long-métrage va changer le regard des gens sur les personnes en situation de handicap.

ll est des rencontres qui marquent. Stanislas Carmont est de ceux qui ne laissent pas indifférent. Souriant, affable, éloquent et attachant, ce Boulonnais de toujours à la diction impeccable vient de monter les marches du festival de Cannes grâce au succès du film d’Artus , Un p’tit truc en plus, sorti en salles le 1er mai. Et lui, son petit truc en plus, c’est d’être un comédien… autiste. Diagnostiqué à l’âge de 8 ans, Stanislas a parfois du mal à supporter le regard des autres, surtout celui des jeunes , qui peut être dur. " Le fait que je sois différent me met parfois dans une situation pas très évidente. Quand je vais au fast-food par exemple, il y a beaucoup d’adolescents, et ils ont tendance à ne pas être très sympas. J’ai vite peur d’être moqué, critiqué ", précise l’acteur.

Pour affronter ses peurs, à 18 ans, le jeune homme décide de s’inscrire au Théâtre du Cristal, dans le Val -d’Oise, qui ne recrute que des comédiens professionnels en situation de handicap : " C’est très thérapeutique. Quand on joue, on s’exprime, on se libère de ses angoisses. Le théâtre, c’est un voyage à travers le public et le cinéma, c’est un voyage à travers la caméra. Avec eux, on se détache un instant de son han - dicap. Mais, il ne faut pas oublier ce qu’on est, au contraire, il faut se battre pour être accepté comme on est. Je n’ai pas envie d’oublier mon handicap. C’est ce qui me donne mon identité. " Sa passion pour le cinéma est née… de refus répétés : " Je voulais vraiment essayer de faire du cinéma, mais j’ai échoué à tous les castings que j’ai passés, se souvient Stanislas. Pour moi, le fait d’avoir galéré m’a motivé. Quand on est pris du premier coup, tout est facile, et je pense que la difficulté d’accéder à quelque chose renforce la motivation. Quand j’ai été pris pour Un p’tit truc en plus, j’avais vraiment hâte de commencer à jouer. " Avec plus de 5 millions de spectateurs, et ce n’est pas fini, le film est devenu le plus gros succès de 2024 au box-office France. Il raconte l’histoire de deux braqueurs qui trouvent refuge, pour échapper à la police, au sein d’une colonie de vacances pour jeunes porteurs de handicap. Selon Stanislas , le long-métrage fait évoluer les mentalités : " Les gens ne se disent pas “ ils sont handicapés, on va rigoler d’eux ”. Ils ne rigolent pas d’eux, mais avec eux. Avec ce film, les gens deviennent bienveillants et nous acceptent comme on est. Ça a changé pas mal de regards. "

"Boulogne-Billancourt est un repère pour moi"

Stanislas a grandi à Boulogne-Billancourt et y vit toujours. En primaire, il a intégré une classe pour l’inclusion scolaire (CLIS) à l’école JeanBaptiste-Clément. Il quitte quelque temps la ville avant d’y revenir dans une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS) du collège Jacqueline-Auriol. " Quand j’étais enfant, j’allais souvent au centre de loisirs. J’ai fait aussi un peu de judo ici ", remarque-t-il. Le jeune homme est très attaché à ses racines boulonnaises : " Boulogne est un repère pour moi, c’est rassurant. Je m’y sens bien et j’y suis très lié. J’aime beaucoup la place Marcel-Sembat, ainsi qu’être au pied de l’entrée principale de la mairie. J’aime bien aussi me balader dans le centre commercial Les Passages, je trouve qu’il est assez sympa. C’est vraiment une ville très agréable. On me reconnaît un petit peu maintenant dans la rue. Certaines personnes viennent me voir et me disent bravo pour mon film. "

Beaucoup vont aussi découvrir qu’en plus d’auteur et interprète, Stanislas est le leader du groupe de rock Astéréotypie, collectif dont les quatre membres sont autistes. Le groupe s’est retrouvé à l’affiche de nombreux concerts et festivals, dont les célèbres Trans Musicales de Rennes en 2022. Des concerts à Montréal sont envisagés.Côté comédie, Stanislas a déjà le pro - jet de tourner dans un épisode de la série Panda avec Julien Doré : " Je me sens plutôt heureux et j’essaie vraiment de profiter de l’instant. "