Paroles de boulonnais
Nicolas Beuglet
Serial thriller boulonnais
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Intrigue palpitante, atmosphère glaçante et plongée dans les horreurs de l’Histoire... Le Boulonnais Nicolas Beuglet fait frissonner des milliers de lecteurs à chacun de ses best-sellers. Ce maître du polar présente cette année au Salon du livre L’Île du diable, sorti en septembre aux Éditions XO. Autopsie d’un succès fulgurant.
Silhouette longiligne et regard perçant : au Salon du livre, Nicolas Beuglet fait figure d’habitué. Chaque premier week-end de décembre, l’auteur rejoint l’espace Landowski pour présenter son dernier succès. « Boulonnais depuis dix ans, je suis fidèle au Salon depuis mes débuts. » Entre deux flâneries sur la Grand-Place et au centre commercial Les Passages, « comme tous les Boulonnais », ce papa poule discret fréquente également la Bibliothèque pour tous-Galliéni, où il renouvelle le stock de livres de ses deux filles, âgées de 6 et 9 ans. « Elles lisent seulesmais souvent, le soir, je leur conte des histoires en changeant les voix des personnages. » Et de citer en exemple l’ouvrage du moment, L’Affaire Caïus, une enquête au temps de la Rome antique, « l’un des livres qui m’a donné envie, quand j’étais en 5e, d’écrire des thrillers ».
S’il commence effectivement sa carrière en racontant des histoires, Nicolas Beuglet exerce d’abord comme journaliste sur Fun TV, avant de rejoindre M6 en tant que scénariste puis producteur. « Après quinze ans à la télévision, j’avais l’impression d’avoir fait tout ce qui pouvait me rendre un peu heureux. » À la recherche de liberté narrative, il se lance en 2011 dans l’écriture scénaristique et romanesque avec le soutien de sa femme, Caroline, « ma première lectrice ». Premier ouvrage, premier succès aux éditions Michel Lafon sous le pseudonyme de Nicolas Sker. En 2016, cette fois, Nicolas Beuglet signe de son nom chez XO. Avec quelque 300 000 exemplaires vendus, Le Cri met pour la première fois en scène son enquêtrice vedette, Sarah Geringën, et propulse cet auteur profondément féministe sur le devant de la scène littéraire. En 2018, Complot affirme définitivement son identité, mêlant la grande et la petite histoire, le réel et la fiction. L’Île du diable, paru en septembre, boucle en beauté cette trilogie nordique.
PLUME ET DISCOURS AIGUISÉS
Fidèle à sa fibre journalistique, cet amoureux de l’Histoire fait invariablement reposer ses romans sur des faits réels, souvent scientifiques. « J’ai besoin d’y croire pour pouvoir raconter. » Au-delà du suspense et des mystères de l’intrigue, l’auteur questionne et agace la curiosité. « En refermant le livre, le lecteur doit se dire “Ah, j’ai appris quelque chose, je vais essayer d’en savoir plus”. » Pour chaque ouvrage, des recherches colossales sont entreprises. Tous les matins, quand ses filles sont à l’école, il dévore des ouvrages ultra-spécialisés sur la psychologie ou l’épigénétique. « Parfois, je vais me taper 400 pages pour une ligne intéressante. » À l’image de son auteur préféré, Stefan Zweig, il distille dans son récit les dernières découvertes scientifiques, archéologiques et génétiques. « Le thriller est le support qui se prête le mieux à l’exploration. Sa forme addictive fait que le lecteur accepte plus volontiers les informations. »
Fil rouge de ses polars, la question des origines de l’homme est omniprésente. « C’est la question, et ma question. » En témoigne son livre fétiche, qui n’est autre que la Bible. « Pas parce que j’y crois, mais parce que c’est un livre des origines, qui parle des origines, et un texte fondateur. » Passé maître dans l’art de restituer une ambiance avec quelques détails, « une odeur, un bruit, une sensation sur sa peau », Nicolas Beuglet ne cherche pas à faire peur, mais plutôt à surprendre. « Tout est dans le plaisir d’attendre la révélation d’un mystère. » Scénariste à la ville, il suit de très près la future adaptation de ses ouvrages sur le petit écran : « Des options ont été posées pour une série télé surLe Cri, Complot, et peut-être aussiL’Île du diable. » En attendant que ce projet prenne forme, le Boulonnais travaille aujourd’hui sur son nouveau roman, d’ores et déjà inspiré par ses thèmes de prédilection. « J’aime l’Histoire et les histoires », conclut celui qui situe l’émergence de la conscience humaine au moment de l’apparition des récits. « J’ai une profonde conviction sur l’indispensable nécessité de raconter. C’est vraiment constitutif de notre évolution et de notre plaisir de vivre, partagé de façon universelle. » Une volonté de transmettre dont les Boulonnais pourront profiter au Salon du livre samedi 7 décembre, et à laBibliothèque pour tous-Galliéni mardi 10 décembre à partir de 18h, pour un « apéro livre » en entrée libre.
Julie Fagard
L’Île du diable, Éditions XO, 320 p., 19,90 €.