Paroles de boulonnais
Mathilde Lencou-Barême, récompensée à l’international pour ses recherches sur les sciences de l’Antiquité
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Enseignante-chercheuse en lettres classiques au département des Sciences de l’Antiquité à l’École normale supérieure (ENS), la Boulonnaise Mathilde Lencou-Barême vient de recevoir un Venus International Women Award, décerné par la fondation indienne Venus International Foundation, qui récompense les réalisations de 50 femmes chercheuses. Parallèlement membre du Conseil économique, social et environnemental local (Cesel) depuis 2021, elle est très impliquée dans sa vie boulonnaise.
Quand on discute avec Mathilde Lencou-Barême, on se demande comment elle parvient à concilier toutes ses activités : enseignante-chercheuse à l’ENS rue d’Ulm, elle est aussi membre du Cesel et mère de cinq enfants allant de 10 à 27 ans. Le samedi 2 mars, à Chennai, en Inde, elle a reçu un Venus International Women Award, dans la catégorie sciences humaines et sociales, prix qui récompense les réalisations de 50 femmes chercheuses internationales. Sur place, elle a également donné une conférence intitulée « Le voyage d’Alexandre le Grand en Inde » à l’Alliance française de Pondichéry. L’Antiquité étant constamment sollicitée pour répondre aux questions actuelles dans les domaines, entre autres, de la politique et de l’art, ses recherches sur l’influence et l’héritage des sciences de l’Antiquité dans le monde contemporain ont retenu l’attention du jury. « C’est la première fois que la fondation décerne un prix en lettres classiques, celui-là vient donc combler un manque. Il s’agit d’un prix honorifique qui m’a permis de faire des rencontres et, je l’espère, de donner de la confiance en soi, surtout pour les femmes qui en manquent beaucoup de manière générale », confie Mathilde.
Elle insiste d’ailleurs sur la complexité d’être une femme dans son métier : « La difficulté est de faire reconnaître que la recherche prend du temps, explique-t-elle. Il n’est pas évident de dire“je ne peux pas garder les enfants car je vais travailler à la bibliothèque”. » Pour arriver à tout concilier, Mathilde l’admet, elle ne dort pas beaucoup : « Je me couche vers 1h30-2h et je me lève à 6h30. Je tiens comme ça. J’ai la chance d’avoir de la liberté, surtout à l’ENS. Même si la recherche avance lentement, il faut avoir l’esprit en éveil en permanence sur tous les plans. L’équilibre personnel est dur à trouver pour les femmes. Être avec mes enfants est un jeu d’équilibriste. Je sais que si je les accompagne à une activité le matin, je vais devoir travailler tard le soir. Il y a toujours une charge mentale pour les femmes, car nous devons toujours faire fonctionner l’entreprise familiale ! »
"C'est une ville très attentive aux familles"
De formation scientifique, elle entre à « Normale Sup » en 1989. Après avoir obtenu une licence en philosophie, elle choisit de s’orienter en langues anciennes. Agrégée de lettres classiques, elle devient enseignante chercheuse à 27 ans. Depuis 2002, elle est maître de conférences de latin au Département des sciences de l’Antiquité de l’ENS. Installée à Boulogne-Billancourt depuis treize ans, Mathilde aime s’y ressourcer. Elle apprécie particulièrement la ville pour son accueil aux familles : « C’est une ville très attentive aux familles. L’accueil est chaleureux et beaucoup de choses sont proposées pour les enfants. Les parcs y sont nombreux, les bibliothèques, géniales, et les animateurs, très dévoués dans les centres de loisirs. Boulogne-Billancourt est culturellement très riche également. J’essaie d’aller voir des expositions au musée Albert-Kahn, au musée des Années-30 ou à l’espace Landowski. L’exposition sur Gabin m’a beaucoup plu. » La chercheuse est aussi sensible aux efforts fournis par la Ville en matière de sécurité routière.
La latiniste est membre du Cesel depuis 2021 et rend des avis sur les grands enjeux de la ville. Elle a ainsi participé à deux commissions, l’une sur l’avenir du commerce de détail et de la restauration et l’autre sur la question de la circulation en vue des Jeux olympiques : « L’implication et le sérieux des Boulonnais nommés au Cesel m’ont particulièrement frappée. Les travaux sont très réguliers et nous avons pu rendre des rapports très argumentés, qui ont été écoutés. Cela m’a permis de rencontrer des Boulonnais différents les uns des autres et de mieux comprendre les enjeux de la vie municipale. J’ai toujours eu cet appétit et un fort intérêt pour la politique locale. » Une manière pour Mathilde de s’impliquer pleinement dans sa ville. « J’ai un peu de mal à m’arrêter, sourit la Boulonnaise. C’est un vrai problème de ne pas savoir se reposer! »