Paroles de boulonnais
Frédéric et Valentin Potier, père et fils réalisateurs de Prodigieuses, un film à quatre mains
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Le mercredi 20 novembre sortait en salles le film Prodigieuses, racontant l’histoire vraie des jumelles Audrey et Diane Pleynet, pianistes virtuoses admises dans la prestigieuse université de musique de Karlsruhe, en Allemagne. Leur ascension est stoppée par une maladie orpheline qui les empêche de jouer. Leur détermination va pourtant leur permettre de développer une technique unique au monde et de réinventer une façon de jouer une partition à quatre mains. C’est aussi à quatre mains que les Boulonnais Frédéric et Valentin Potier, père et fils, ont écrit le scénario et réalisé le film.
Frédéric Potier, ancien réalisateur de publicités durant trente ans, emmenait régulièrement son fils Valentin sur les tournages. Cela lui a mis le pied à l’étrier pour se lancer, lui aussi, dans le milieu et faire plus tard une école de cinéma. L’idée de travailler ensemble leur est donc venue naturellement : "Nous avions un peu ce rêve de faire un long-métrage tous les deux. Pour commencer, nous avons réalisé un court-métrage. Ainsi est sorti 216 Mois. Quand nous avons rencontré les sœurs Pleynet, la question ne s’est pas posée, nous nous sommes décidés à écrire le scénario et à réaliser le film ensemble" , explique Valentin. Entre leur rencontre avec les jumelles et la sortie du film, il s’est passé environ sept ans. Le Covid, un changement de production et un cancer de la gorge que Frédéric a déclaré juste avant le tournage ont retardé la sortie du film. "Ce temps peut être un piège. Mais notre baromètre était ce premier rendez-vous avec les jumelles et l’émotion ressentie, souligne Valentin. L’objectif restait le même : porter leur histoire." En novembre dernier, sortait enfin Prodigieuses.
CELA NOUS TENAIT À CŒUR DE SORTIR LE FILM À BOULOGNE-BILLANCOURT
Pour un premier long-métrage, le film a eu un très bel accueil du public. Il sortira dans quelques mois sur Canal +, puis sur France 3. "Nous sommes heureux, car le film a eu une belle sortie en France. Cela nous tenait à cœur qu'il paraisse dans la ville, et nous avions dit au distributeur : “vous le mettez où vous voulez, mais il faut qu’il sorte au cinéma de Boulogne-Billancourt” !", s’amuse Valentin. Prodigieuses a ainsi été à l’affiche au cinéma Pathé pour la plus grande fierté des Potier. Deux avant-premières ont même été organisées dans le cinéma, dont une suivie d'un échange avec les spectateurs. Le film est porté par les excellentes actrices Camille Razat et Mélanie Robert, qui interprètent à merveille la sororité. "Les sœurs Pleynet nous ont raconté leur histoire et nous avons été très émus, car il y avait beaucoup de force dans ce qu’elles nous disaient et un très beau message de résilience, explique Frédéric. Elles nous ont fourni des manuscrits, une sorte de carnet de vie de plus de 1000 pages qui relatait tout leur parcours. Elles nous ont laissé carte blanche à l’écriture. Certains passages sont romancés, mais l’idée était de ne pas trahir le sens de leur récit." Frédéric et Valentin ne se sont pas vraiment réparti les rôles. Tous deux étaient au scénario et à la direction d’acteurs, complémentaires. « Nous avons beaucoup travaillé en amont pour nous mettre d’accord, confie Valentin. Quand nous arrivions sur le plateau, nous parlions d’une seule voix. » Dans le rôle des parents, le duo Franck Dubosc et Isabelle Carré a aussi très bien fonctionné, selon les réalisateurs boulonnais.
LE CINÉMA EST ÉVIDEMMENT UN INCONTOURNABLE DE BOULOGNE-BILLANCOURT
Installés à Boulogne-Billancourt depuis 1984, Frédéric et Valentin aiment leur ville. "Elle est agréable, aérée, familiale. On s’y sent bien. Il y a plein de possibilités de faire du sport. Mes enfants font du tennis et ont fait du judo, de la danse classique. Pour élever une famille, c’est parfait, précise Valentin. On est privilégiés ici. Mes enfants adorent aller dans le centre-ville car il est dynamique. C’est une ville avec beaucoup de culture. Le cinéma est évidemment un incontournable : on a de la chance d’avoir deux salles vraiment chouettes, le Pathé et le cinéma Landowski. On est quand même gâtés." Valentin a pourtant quitté Boulogne-Billancourt pendant quelques années lorsqu’il avait 23 ans, mais a décidé de s’y réinstaller après la naissance de sa fille : "Si j’y suis revenu, c’est que je l’apprécie ! Ma fille de 14 ans a fait une partie de sa scolarité dans la ville et mon fils de 11 ans, Marceau, est au collège ici. Il a d’ailleurs une petite scène dans le film. Le jour du tournage, nous avons été trois générations de Potier sur le plateau! » Et si on leur demande s’ils souhaitent tourner dans la ville un jour, ils répondent en chœur : « Cela dépendra du scénario, mais nous y pensons. Le scénario de Prodigieuses a déjà été entièrement écrit à Boulogne-Billancourt!"