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Unique en France ! Succès des résidences d’artistes dans trois écoles boulonnaises : des projets innovants, créatifs et fédérateurs

Toujours à la pointe, Boulogne-Billancourt est ville pilote pour la création artistique et le partage des savoirs avec l’installation d’artistes en résidence dans les écoles. Cette initiative a pu voir le jour avec le soutien de l’Inspection académique et du
ministère de l’Éducation nationale.

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Un projet concerté. Dès septembre 2023, et à l’instar des écoles pilotes Robert Doisneau (bilangue), Biodiversité et Numérique, qui portaient des innovations pédagogiques, la Ville a souhaité développer de nouveaux projets dans différentes écoles.
Sur proposition des inspecteurs de l’Éducation nationale Florence Samarine et Jérôme Biau, le projet d’artistes en résidence a été retenu. Avec l’Éducation nationale, la Ville a donc auditionné des artistes qui proposaient un programme pertinent. Elle s’engageait à faciliter leur installation – y compris leur logement – et leurs conditions de création. L’Éducation nationale était ensuite chargée de sélectionner les établissements. Lors de la présentation du dispositif au mois de novembre, les équipes pédagogiques de toutes les écoles se sont montrées motivées.
Sur la trentaine d’établissements, trois ont donc été sélectionnés : la maternelle Voisin, l’élémentaire Maître-Jacques et la primaire du Numérique.
Une belle coopération avec l’Éducation nationale
 et avec, notamment, le soutien opérationnel et immédiat de Florence Samarine et de Jérôme Biau, tous deux inspecteurs pour Boulogne-Billancourt, et leurs équipes. Frédéric Fulgence, directeur académique des services départementaux de l’Éducation nationale des Hauts-de-Seine, a aussi largement contribué à faire éclore ce projet en facilitant sa mise en place et en le valorisant jusqu’au ministère de l’Éducation nationale. Cette initiative avait recueilli l’accord du ministre de l’époque, Gabriel Attal.
Afin de faciliter leur mise en œuvre dès l’année 2024, les trois premières résidences d’artiste ont été entièrement financées par la Ville. Le dispositif a toutefois vocation à être cofinancé, à l’avenir, par la Ville et l’Éducation nationale, dans le cadre du dispositif Notre école, faisons-la ensemble (NEFLE).
Six mois plus tard seulement, le projet était mis en place. Ainsi, du mois de mars jusqu’à la fin de l’année scolaire, Jean-Baptiste Caron, plasticien, Tami Notsani, photographe, et Insula orchestra, avec le chœur accentus, sont venus à la rencontre des élèves. Chaque artiste, à raison d’une heure à une heure et demi par atelier, a fait découvrir sa façon de travailler et a proposé aux écoliers de réaliser plusieurs œuvres. L’objectif ? Permettre aux élèves de rencontrer au plus près l’artiste et son œuvre et développer leur pratique artistique. De leur côté, les équipes éducatives ont pu enrichir le volet culturel du projet d’établissement et échanger avec ces créateurs. La poursuite de ce programme est engagée pour 2024/2025, le but étant d’étendre le champ des experts en résidence (BD, sciences, littérature, musique, théâtre, etc.).

Avec Jean-Baptiste Caron, artiste plasticien, à la maternelle Voisin : "Les enfants étaient émerveillés"

Déjà présent dans l’établissement l’an passé, Jean-Baptiste Caron a été choisi pour intervenir dans cinq classes de la maternelle Voisin. "C’était assez simple pour nous de mettre cette résidence en place et un plaisir de retravailler avec Jean-Baptiste", explique Gaëlle Salom, directrice de la maternelle et enseignante en grande section. Lors des ateliers, les élèves ont pu découvrir la transformation de la matière (solide, liquide), en faisant des moulages de tourbillons dénommés vortex, avec de la cire, créer des couleurs en les mélangeant pour faire un arc-en-ciel, rendre visible l’invisible en laissant l’empreinte de leur souffle dans du plâtre, ou encore faire des dessins soufflés avec du fusain.
Ahmed se souvient : "J’ai appris de nouvelles couleurs comme le vert kaki, le jaune citron et le jaune d’or. Et puis, on a dessiné des vortex. Je suis content parce que je ne connaissais pas ce mot! " Jenna a été marquée par l’arc-en-ciel "parce qu’il y avait plein de mélanges de couleurs." Lucas sourit : "Quand on a pris le plâtre et l’eau, ça nous a éclaboussés, c’était drôle !"  De son côté, l’artiste précise : "On arrive facilement à faire de grandes choses. Ils sont surprenants, pleins d’imagination et de créativité." Un projet commun qui a réuni petits et grands : "Tout le monde avait le même objectif, il y avait un côté fédérateur pour toute la communauté éducative : parents, Atsem, enseignants… ", souligne Gaëlle Salom. Une belle initiation à l’art qui s’est achevée par une exposition des œuvres le mardi 25 juin.

Avec Tami Notsani, photographe plasticienne, à l’élémentaire Maître-Jacques : travail sur le lien intergénérationnel

L’artiste a porté le projet "Passé recomposé" avec quatre classes de l’école Maître-Jacques (CP, CE1, CE2 et un double niveau CE2/CM1) et travaillé autour de l’identité, la mémoire, la transformation et la transmission. "C’était un projet artistique autour du lien intergénérationnel. Je voulais montrer aux enfants qu’il y avait des échanges possibles avec nos aînés", précise Tami Notsani, photographe. Les jeunes ont donc rencontré sept aînés de la ville – Jeannette, Jean, Paul, Fanny, Alexandro, Ferit et Charles – et reçu le témoignage de deux autres – Nicole et Monique – qui leur ont chacun raconté un souvenir de leur enfance. À partir de chacune des neuf histoires, les élèves ont ensuite restitué leurs souvenirs sous la forme de cyanotypes (procédé photographique qui permet d’obtenir un tirage bleu de Prusse, ndlr), de dessins et de planches de "BD photographique". Pour Samia Matmati, directrice de l’école : "Même s’ils sont sensibilisés à l’art, ils ne connaissaient pas forcément la photographie, mais Tami a une telle empathie que ça a tout de suite fonctionné."  L’artiste, elle, évoque le travail des enfants avec enthousiasme : "Ils ont interprété avec leur propre langage, leurs propres mots. Parfois, j’avais envie d’être comme eux, d’avoir autant d’authenticité ! " Lors de la restitution, le vendredi 28 juin, les élèves ont pu montrer à leurs parents les œuvres travaillées lors des ateliers et raconter l’histoire des aînés en arborant un tee-shirt à l’effigie de chacun des seniors lorsqu’ils étaient écoliers.

Avec Insula orchestra à l’école primaire du Numérique : "Offrir ce genre de projet, c’est exceptionnel"

L’intervention d’Insula orchestra à la primaire du Numérique s’est inscrite dans la continuité d’un programme d’éducation artistique et culturelle engagé dès janvier avec trois classes de l’école (deux CE2 et un CE2/CM2) qui avaient assisté au spectacle Hansel et Gretel à La Seine Musicale. Ces classes ont pu travailler avec la chanteuse lyrique et metteuse en scène du conte Élise Beckers, puis créer eux-mêmes un spectacle de théâtre musical autour du conte Frérot et Sœurette des frères Grimm. Ils l’ont présenté le lundi 1er juillet à l’espace Bernard-Palissy. Et ont également bénéficié d’interventions de l’artiste plasticienne Aydé Rouvière. Parallèlement, cinq autres classes (une moyenne section, deux CE1, un CM1 et un CM2) ont été intégrées au projet. Au programme : participation à des ateliers de jeu vocal avec une chanteuse du chœur accentus, Sylvaine Davené, et d’arts plastiques, avec la plasticienne Mélanie Alpach. Ces créations ont donné lieu à une exposition visuelle et sonore dans l’école. Les enfants ont aussi fabriqué les éléments de décor et des masques. Siam Soua, enseignante en classe de CE2, très investie, souligne : "Offrir ce genre de projet à nos élèves, c’est exceptionnel. Cela permet de valoriser tous les apprentissages." Pour Élise Beckers, le spectacle a constamment évolué : "Je reprenais l’écriture et travaillais avec la matière que les enfants créaient." Le résultat final a ravi les apprentis artistes : "J’étais stressé, mais content, car j’ai trouvé le courage de parler devant autant de monde", explique Ayoub. Livia, elle, souligne : " J’étais très fière de jouer devant mes parents." Jeanne Dilé, chargée de l’action culturelle au sein d’Insula Orchestra, conclut : "Chaque classe a pu créer des ambiances sonores qui ont servi à la fois pour le spectacle et pour l’exposition."