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Vendée Globe : bravo à Stéphane Le Diraison qui boucle son tour du monde
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Ce jeudi 11 février à 22 heures et 36 minutes, dans une nuit glaciale, Stéphane Le Diraison a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne après 95 jours, 8 heures et 16 minutes de navigation autour du monde. En 18e position, le skipper boulonnais entre dans l’histoire du Vendée Globe.
Dans la tempête des mers du sud ou le calme du Pot au Noir, à travers les rafales hurlantes des Cinquantièmes ou dans la chaleur de l’équateur, Time for Oceans a porté haut les couleurs de Boulogne-Billancourt et défendu les valeurs sportives, humaines et environnementales de la Ville sur les océans du globe.
Le Vendée Globe n’a pas été de tout repos, j’ai dû faire preuve de détermination, j’ai subi une météo souvent peu favorable mais je l’ai fait, je l’ai fait !
Journal de bord
Jeudi 11 février
Au large des Sables d'Olonne, Stéphane Le Diraison s'apprête à boucler son tour du monde !
- 22h : Stéphane Le Diraison est face à la ligne d'arrivée qu'il approche par le sud-ouest.
- 21h30 : L'Imoca est désormais à 6,6 milles nautiques de la ligne, soit 12,2 kilomètres.
- 21h15 : Arrivée prévue dans 45 minutes ! Stéphane Le Diraison se prépare pour une dernière manoeuvre. Ce virement de bord vers l'est positionnera l'Imoca face à la ligne d'arrivée.
- 20h45 : Avec 32 milles d'avance sur la concurrente britannique Pip Hare, soit plus de 51 kilomètres, Stéphane Le Diraison s'assure la 18e place de ce Vendée Globe. À 10 milles de l'arrivée, notre marin boulonnais s'approche des Sables d'Olonne par le nord-ouest.
- 20h15 : Dans moins d'une heure désormais, Stéphane Le Diraison bouclera son premier tour du monde en solitaire et sans assistance. Time for Oceans maintient sa vitesse, dans deux mètres de houle.
- 20h00 : Plus que 12,6 milles nautiques, soit 23,4 kilomètres avant la ligne d'arrivée ! Le skipper boulonnais navigue actuellement à 10 noeuds par vent d'est-sud-est. Ce jeudi, au large des côtes vendéennes, les températures glaciales n'ont rien à envier aux mers du sud que notre skipper traversait encore début janvier.
Dernière nuit à bord de Time for Oceans ! Plus que 185 mn avant de clôturer ce Vendée Globe... C’est avec beaucoup d’émotion que je me dirige vers les Sables d’Olonne. Les températures sont glaciales, les dernières manœuvres que j’effectue sont vraiment compliquées.
Mercredi 10 février : Stéphane nous écrit
Après 90 jours en mer, me voilà enfin en approche des Sables d'Olonne, à l'entrée du Golf de Gascogne. Je profite à fond de ces moments presque en solitaire. Rendez-vous aux Sables !
Mardi 9 février : Stéphane nous écrit
Je suis à 749 milles de l’arrivée ! La fatigue se fait ressentir mais tout va bien à bord, cette fin de course au contact est épuisante mais aussi stimulante...
Il y a quelques heures, mon J3 s’est déchiré. Aussi près du but ce n’est franchement pas le moment mais je vais réparer tout ça dès que je pourrai affaler ma voile.
Je reste concentré, si tout se passe comme prévu, ce soir, je vais passer mon avant dernière nuit en mer à bord de Time for Oceans ! La météo incertaine sur cette fin de parcours me prive d’un ETA (heure estimée d'arrivée) précis mais je vous tiens au courant.
L’aventure touche à sa fin mais rien n’est encore joué, je ne lâcherai rien jusqu’à la ligne d’arrivée. Arnaud Boissières est 100 mn devant moi, de quoi garder la motivation jusqu’au bout.
Lundi 8 février : dernière semaine de course
Stéphane Le Diraison entame sa 14e et dernière semaine de course au large du cap Finisterre. Au coude à coude avec le concurrent Alan Roura, Time for Oceans affronte une succession de grains avec de forts coups de vent dans 4 à 5 mètres de houle. Si les conditions de mer se maintiennent, le marin boulonnais devrait passer la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne jeudi dans la matinée.
Vendredi 5 février : nouvelles du bord
C’est assez incroyable, ça fait 90 jours qu’on est parti et se retrouver à 4 bateaux, voire 6, après autant d’options, de différences de bateaux et de façons de naviguer, c’est troublant. C’est sympathique car ça nous permet de jouer le jeu jusqu’au bout et de donner le meilleur pour faire avancer notre bateau. On a tous nos handicaps, moi c’est mon gréement, Alan (Roura) c’est sa quille, on essaye de tirer notre épingle du jeu avec l’état dans lequel sont nos bateaux. Le seul bémol, c’est que la fatigue s’est lourdement installée et ce combat pitoyable à la fin est terrible pour l’organisme. J’ai envie d’un peu plus de calme, donc c’est un peu éprouvant. C’est vrai que le bateau est fatigué donc ce n’est pas facile de bien positionner le curseur. Quand est-ce que j’assure ? Quand est ce que je peux tirer un peu plus ? On a fait 95% du parcours, ce combat est sympa, mais il ne faut pas se tromper d’objectif.
J’adore cette confrontation, ça donne un intérêt supplémentaire à cette course car ça me permet de naviguer du mieux que je peux. Je ne dis pas que je ne regarde pas la ligne, elle se fait espérer, mais c’est vrai que quand il y a des petits coups de mou en se projetant sur l’arrivée, ça ne dure pas car il y a des bateaux autour donc ça permet de vite se reconcentrer sur la course à chaque fois.
Depuis deux jours, j’ai des conditions sympathiques avec un vent qui doit être de force 4-5, très maniable. Tant qu’on faisait du nord, on avait les vagues dans la figure, et là on a une mer avec de longues houles, donc c’est très agréable. C’est vraiment une chance d’avoir ces conditions. A la fin, ça va se renforcer un peu. Une fois passé au nord des Açores, on va passer dans un système dépressionnaire, avec son cortège de vents plus forts et de pluie. Il va y avoir un passage de 2-3 jours au niveau du cap Finisterre où on devrait aller vite, mais ça sera aussi un peu plus risqué. Il faudra plus que jamais trouver le bon dosage. La fin de course s’annonce plutôt bonne et ce n’est pas de refus. Notre groupe a vraiment payé cher les conditions météo, on a eu des conditions plus difficiles que le groupe de tête.
Ça va être super de se retrouver, avec Alan et Cali, ça fait trois mois qu’on est au contact et qu’on se parle. Avec Kojiro, on était à vue aux Açores à l’aller, Pip Hare a fait une très belle course avec son vieux bateau, Didac aussi. Tous les six, on n’aura pas besoin de beaucoup se parler, les regards suffiront, on sait ce qu’on a vécu et ce qu’on a partagé. On a hâte de passer du temps ensemble et on l’aura bien mérité.
Jeudi 4 février : virement de bord vers les Açores
La compétition continue ! Après un long parcours vers l'ouest dans l'Atlantique Nord pour accrocher un vent favorable, Stéphane Le Diraison et les trois concurrents Arnaud Boissières, Alan Roura et Kojiro Shiraishi virent de bord en direction des Açores, la dernière étape avant la traversée agitée du golfe de Gascogne et l'arrivée sur les pontons des Sables d'Olonne. Toujours au contact, le Boulonnais maintient une vitesse de croisière de plus de 11 noeuds, soit plus de 20,5 kilomètres/heure.
Mercredi 3 février : Stéphane prend une place au classement
Au milieu de l'Atlantique Nord, Stéphane Le Diraison navigue désormais en 16e position devant le concurrent japonais Kojiro Shiraishi et se lance à la poursuite de "Cali", Arnaud Boissières. Notre skipper poursuit sa route vers le nord par vent de travers pour rejoindre un système dépressionnaire qui poussera Time for Oceans vers les Sables d'Olonne. Arrivée prévue la semaine prochaine !
Mardi 2 février : l'Atlantique par l'ouest
Toujours en 17e position dans un groupe serré de six skippers, Stéphane Le Diraison profite d'un système dépressionnaire pour remonter l'océan Atlantique par l'ouest. Une seconde dépresssion devrait alors permettre au marin boulonnais de toucher un vent favorable qui poussera Time for Oceans vers l'est et les Sables d'Olonne.
Lundi 1er février : 13e semaine de course
Stéphane Le Diraison débute sa 13e semaine de course au large en solitaire. Au milieu de l'Atlantique Nord, entre les latitudes du Cap-Vert et des îles Canaries, le skipper boulonnais navigue à près de 25 kilomètres par heure dans une houle de 3 mètres. À 2 410 milles nautiques de l'arrivée, soit 4 464 kilomètres, Times for Oceans devrait toucher la terre vendéenne dans dix jours si les conditions de navigation se maintiennent.
J’avais mis mon réveil, mais je suis resté me prélasser dans ma bannette et je me suis rendormi. J’ai donc dormi 6 heures. Ça m’agace car j’étais en train de revenir sur mes concurrents. Finalement, par miracle, je n’ai pas perdu trop de terrain. Je commence à être bien fatigué car je n’ai même pas entendu le réveil.
Je suis content que la mer se soit un petit peu calmée, c’était cool de faire des belles distances comme ça, on allait à 16-18 nœuds, mais c’est exigeant car il y a beaucoup de mer. On est un peu cassé en deux après avoir buriné pendant plusieurs jours. Ça fait du bien de faire une pause fraicheur là. On est un peu dégouté de devoir faire le tour de la paroisse, on passe très à l’ouest des Açores, on se rajoute du chemin. On n’aura vraiment pas été chanceux sur la météo jusqu’au bout.
Je suis content d’avoir pu rejoindre les concurrents de devant. Je n’aurais pas parié dessus avec tout le retard que j’avais au cap Horn. Cette dorsale va m’aider car ça va ralentir par devant et ça me permet de les recoller. Il va falloir rester opportuniste. Il faut réussir à être malin pour réussir à repartir avec eux. On va avoir une fin de course sympa, avec du contact.
On en a pas mal discuté ensemble. Si on est là, c’est qu’on a eu pas mal d’ennuis, chacun a des choses qui le gêne. Aujourd’hui il faut trouver le bon dosage entre la compétition, l’envie de faire du mieux possible et arriver au bout de cette course. Je ne veux pas prendre le risque de casser le bateau pour juste gagner une place. On n’est plus très loin du but, donc ce n’est plus très évident. C’est très intéressant. Il faut aussi se ménager, car il n’y a pas que le bateau qui est fatigué. C’est un paramètre essentiel à intégrer.
Dimanche 31 janvier : Atlantique Nord
Le skipper boulonnais franchit l'équateur dans le sens sud-nord. Contre la mer, à 75 degrés du vent, ce retour n'est pas une promenade de santé pour Stéphane Le Diraison :
C'est très inconfortable. Ça agite fort, ça tape fort. Mais je suis content de voir que je navigue dans l'hémisphère nord
Samedi 30 janvier
Ce samedi 30 janvier, un invité d'honneur exceptionnel était présent sur le plateau du live pour dialoguer avec Stéphane Le Diraison et les Boulonnais. Triple vainqueur de la solitaire du Figaro et double vainqueur de la Transat Jacques Vabre, le navigateur Yann Eliès est revenu sur cette édition marquée par des conditions météorologiques difficiles. Sur la route du retour, au contact avec cinq concurrents, notre skipper espère gagner des places au classement :
Je vais tout faire pour leur griller la politesse !
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Vendredi 29 janvier : envoyez vos vidéos de soutien !
Chaque jour, je reçois des dizaines et des dizaines de messages de soutien et d’encouragements, des dessins, des photos, des vidéos... et même des chansons ! Aujourd’hui, je vous remercie, vous, qui me suivez depuis le départ du Vendée Globe, la course n’est pas terminée ! Alors je reste concentré pour ramener Time for Oceans aux Sables d’Olonne le plus vite possible !
Pour encouragez Stéphane Le Diraison durant cette dernière partie de la course, envoyez vos vidéos au format paysage (5 à 10 secondes) par mail à l’adresse contact@timeforoceans.com !
Jeudi 28 janvier : Pot au Noir
Je suis actuellement proche de l’équateur au contact avec Alan Roura, Arnaud Boissières et Kojiro Shiraishi ! Le passage de l’équateur dans la remontée de l’Atlantique est la dernière étape symbolique de cette course du Vendée Globe, elle signifie l’approche de la ligne d’arrivée, la fin de la boucle.
ZICT chargée en nuages et orages. Pas trop de solution miracle et mon positionnement ouest me bloque. La zone tampon devrait toutefois être assez restreinte. Je suis dedans et les nuages sont très actifs.
Le casse tête du Pot au Noir peut commencer, je suis un peu plus à l’ouest que mes concurrents, j’espère passer cette étape rapidement.
Mercredi 27 janvier : message du bord
Au départ des Sables d'Olonne, sur le village du Vendée Globe, un grand écran projetait en boucle une vidéo de présentation de la course. Dans la séquence consécutive au passage du cap Horn, une voix suave affirmait qu'une fois viré le cap mythique "il n'y a plus qu'à rentrer à la maison". Ah oui, vraiment ? Quid des 7.000 milles qui représentent 25% du parcours ? Des dépressions Sud et Nord-Atlantique ? Du près dans l'alizé ? Du passage du Pot-au-Noir ?
Cette partie du parcours est au contraire très exigeante car les conditions, bien que plus maniables, sont très changeantes. Et puis il y a la fatigue qui s'est installée insidieusement, rendant plus compliquée chaque manœuvre. Sans parler du bateau qui a souffert dans le Grand Sud... Il y a aussi le sentiment d'arriver alors qu'on est encore très loin du but, les journées s'étirent et le temps paraît plus long.
Heureusement, le soleil illumine la remontée de l'Atlantique et la bagarre fait rage autour de moi avec un groupe de six bateaux. Voilà de quoi maintenir la motivation à son plus haut niveau ! Le hasard de la météo m'a permis de faire une trajectoire le long des côtes d'Amérique du Sud. L'occasion de rêver en regardant les cartes, l'occasion aussi de croiser des routes maritimes et d'être confronté à l'emprise des hommes sur les océans.
Avant São Paulo, j'ai ainsi croisé des hordes de porte-containers géants en provenance d'Asie fonçant sur la mégalopole pour y déverser un flot de produits plus au moins utiles. Ces monstres des mers, qui dépassent allègrement les 300 mètres de long, sont lancés à plus de vingt nœuds ,et tant pis s'ils engloutissent des quantités abyssales de pétrole, le consommateur ne veut pas attendre !
D'ailleurs du pétrole, ici, il y en a, alors pourquoi se priver ? Au large du Cabo Frio, à l'Est de Rio de Janeiro, des dizaines de plateformes de forage pompent sans relâche le sous-sol. Loin de moi l'idée de jeter l’opprobre sur l'exploitation pétrolière tandis que je navigue sur un bateau construit en partie avec des dérivés du pétrole. Ma réflexion est plutôt de me dire : peut-on faire autrement ?
Nous sommes dans une zone gorgée de soleil et balayée en permanence par le vent des alizés. Ne pourrait-on pas remplacer ces plate-formes de forage par des éoliennes offshore et installer des panneaux solaires ? Ceci implique un changement de nos modes de vie et de notre façon de consommer. C'est dans cet esprit que l'équipe "Time For Oceans" s'est lancée il y a un an dans l'étude d'un bateau éco-conçu. L'objectif est d'évaluer des procédés de mise en œuvre plus vertueux et l'utilisation de matériaux naturels comme la fibre de lin. Les résultats sont très encourageants, des solutions existent. La prochaine étape sera de construire des éléments structurels d'un bateau de compétition afin de démontrer la viabilité des résultats. Diminuer l'empreinte carbone du projet, tout en maintenant la performance et en préservant les coûts voilà l'enjeu ! Il est temps d'agir... il est ENCORE temps d'agir !
Mardi 26 janvier : Stéphane nous écrit
Cela fait maintenant 79 jours que je suis parti des Sables d'Olonne pour faire le tour du monde à la voile avec deux objectifs en tête : le premier, boucler la boucle ; le second, transmettre un message fort. Jusqu’à présent la course n’a pas été de tout repos, mais elle est loin d’être terminée.
Il me reste 3.730 milles nautiques à parcourir. Je ne lâcherai rien ! Je suis conscient de la chance que j’ai de vivre une expérience comme celle-ci. Et plus encore, quand le message que j’emporte avec moi est celui de la préservation des océans.
Le projet Time for Oceans, que vous soutenez grâce à votre implication sur les réseaux sociaux, est sans aucun doute une preuve que nous sommes tous sensibles à cette cause qui m’anime depuis tant d’années.
Ensemble, il est encore temps d’agir. N’hésitez pas à partager nos valeurs avec le plus grand nombre, car les océans sont menacés.
Lundi 25 janvier : Stéphane avance au classement
Une place de gagnée ! J’ai dépassé ma concurrente Pip Hare. Désormais j’occupe la 17e place et je pars à l’assaut de mes petits amis Arnaud Boissières et Alan Roura.
Les conditions de navigation sont bien meilleures que celles des mers du sud, bien que très changeantes. La dernière partie du parcours est très exigeante, les manœuvres sont de plus en plus compliquées. Je suis très fatigué, le bateau aussi. Mais, heureusement, j’ai de quoi rester motivé, nous sommes un groupe de 6 bateaux avec lesquels je me bats pour gagner quelques places...
Samedi 23 janvier : à l'approche des Açores
Je remonte l'Atlantique tout droit à 10 nœuds. Je ne boude pas mon plaisir de naviguer au sec, portes ouvertes sur une mer plate ! L'alizé est assez faible, mais la zone est quand même très perturbée, notamment en passant la latitude du Cabo Frio, un peu au-dessus de Rio : un front de froid permanent, siège de départ de dépressions qui vont vers l'Atlantique Sud. J'ai ainsi eu cette nuit et ce matin de gros grains qui font passer de 10 à 30 noeuds, avec des variations de plus ou moins 50 degrés...
Après deux nuits difficiles, mon ordinateur a planté donc ne m’a pas réveillé : j'ai ainsi dormi pendant 4h de suite... Heureusement, il n’y a pas eu un grain et le bateau a filé tout droit ! Au ieu d'écouter la radio, je m’abreuve plusieurs heures par jour de podcasts d’histoire, de philosophie et de science, de quoi être incollable au Trivial Pursuit en arrivant !
Je suis content de cette remontée de l’Atlantique car la météo ne m’a pas jusque là donné beaucoup de chance, à part dans la remontée du Pacifique. Cette fois, j'ai saisi l’opportunité à la fois de potentiellement revenir et de remonter facilement, plutôt au portant, malgré deux dépressions dont une grosse dans l’est de l’Uruguay : je suis passé dans l’ouest comme Didac (Costa) et C. Giraud, tandis qu’Alan (Roura) et Cali (Arnaud Boissières) sont passés dans l’est et Pip (Hare) essayait de faire l’intermédiaire.
Dans le Pot-au-Noir, les skippers de notre groupe vont être très proches. Alan et Cali n’ont plus que 200 miles d’avance sur moi, contre 1000 aux Malouines. La suite dépendra des conditions météo. Pip a profité dans le grand Sud de la simplicité de son bateau, plus ancien, mais si le vent entre plus fort, elle ne devrait pas résister à mon retour ! Je devrais pouvoir tenir Didac à distance ; quant à Giraud, son bateau est supérieur au mien et il devrait avoir un peu de vitesse dans l’est.
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Stéphane Le Diraison a souligné le rôle important de l’architecte du bateau : pas seulement celui qui le dessine mais aussi celui qui suit les modifications, qu'on a quotidiennement au téléphone lors de la préparation et qu'on appelle en cas de problème, dans une grande confiance et une écoute mutuelle. David de Prémorel, ingénieur de Finot Conq, en direct dans cette visio, est aussi très impliqué dans la conception environnementale de l'aventure.
Vendredi 22 janvier : nuit sportive et stressante à bord
La trappe du foil bâbord a littéralement explosé, comme cela m'était arrivé à tribord dans l’océan Indien. 3 à 4.000 litres d’eau dans le bateau, deux heures à tout vider avec une certaine angoisse ! Ayant vécu la même chose auparavant avec de la mer et des eaux glacées, j’ai cette fois été très efficace pour résoudre le problème. Ça reste stressant et pas anodin d’embarquer ce volume, mais c’est réparé ! Le temps que ça sèche demain, je pourrai à nouveau ressortir le foil.
A chaque fois que j’arrive à remonter et prendre de la vitesse, je suis stoppé par des problèmes techniques... C’est rageant, mais je ne compte pas baisser les bras !
En finissant d’écoper à la main, j’ai découvert un ennui embêtant : le vérin de quille bâbord a tourné et la vanne s’est enfoncée dans la peau intérieure du fond de coque. Je dois absolument réparer ça !
Jeudi 21 janvier : les Sables d'Olonne dans le viseur
Bonne nouvelle : j’ai enfin retrouvé pas mal de vent depuis cette nuit ! Je suis à la 18e place. Je tiens bon, j’ai actuellement parcouru près de 80% de la course, le chemin est encore long mais les Sables d’Olonne sont dans mon viseur !
Mercredi 20 janvier : préservons les océans !
Stéphane Le Diraison et la Ville de Boulogne-Billancourt sont réunis autour d'une grande cause : la défense de l’environnement, du développement durable et, plus particulièrement, des océans. Au large des côtes sud-américaines, le skipper boulonnais dénonce les navires-usines qui pêchent à l'aide de chaluts immenses et appellent les consommateurs à changer leurs habitudes pour protéger les richesses des fonds marins.
Au moment où j’écris ces quelques lignes, je me trouve au large de l’Uruguay, les conditions sont excellentes, le soleil illumine la journée et permet de sécher les vêtements détrempés par des semaines de navigation dans le Grand Sud.
Pourtant, une ombre ternit le tableau : j’ai croisé à plusieurs reprises des navires-usines de pêche. Ces monstres des mers opèrent en flottilles et raflent tout ce qui vit sous la surface à grands coups de filets. Inutile de vous dire que l’ambiance n’avait pas l’air d’être propice à la sélection des espèces…Ces ogres des mers opèrent un véritable carnage, sans discernement avec pour seul objectif de répondre toujours plus à la demande. Nous connaissons tous l’existence de ces bateaux génocidaires ; les voir en opération est choquant et souligne la propension des hommes à détruire leur environnement.
Que pouvons-nous faire ? En tant que consommateur, notre pouvoir est immense, nous avons le choix des espèces que nous achetons. Par exemple il est possible d’acheter du thon qui a été pêché avec des techniques non destructrices, ou de boycotter la dorade sébaste, poisson des grands fonds qui a mis des années à atteindre la maturité.
Mardi 19 janvier : trois caps, trois ambiances
Nous sommes désormais à J+71 dans cette course mythique du Vendée Globe. Et une dépression force 8, une ! Deux dépressions depuis les Malouines, le vent fort c’était hier après-midi et toute la nuit. Là, ça mollit, le soleil revient.
Il fait beaucoup plus chaud, désormais :(normalement) fini les dépressions, au moins jusqu’aux Açores. La route n’est pas finie, mais jusqu’à présent, j’en ai vu de toutes les couleurs...
Le parcours de cette course en solitaire autour du monde exige de laisser à bâbord trois caps : Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn. Chacun d’eux impacte notre moral, ils sont des points de repères de notre performance, des moments de fête et de satisfaction à bord.
Bonne Espérance
C'est un promontoire rocheux situé à l’extrême sud de la ville du Cap en République d’Afrique du Sud. Une fois franchi, le doute n’était plus permis, je savais que j’étais parti pour plusieurs semaines de navigation dans le froid, le vent n’a pas toujours été au rendez-vous, l’océan Indien était surprenant car plusieurs bulles anticycloniques m’ont barré la route.
Leeuwin
C’est le cap le plus au sud-ouest du continent australien, situé dans l’état d’Australie occidentale. Il est le point le plus au sud d’une péninsule en forme d’enclume. Même si Leeuwin ne signifie pas grand-chose pour grand nombre des marins du Vendée Globe, il reste un marqueur dans l’avancée de ma course, l’entrée dans l’océan Pacifique, dans une mer rude où les coups de vents allaient se succéder. Il m’a tout de même permis de faire la fête à bord de Time for Oceans avec un bon repas de gala !
Horn
Troisième et dernier, le plus au sud des grands caps, il est situé à l’extrémité sud de l’île Horn, dans la partie chilienne de l’archipel de la Terre de Feu. Le franchir a été pour moi une grande délivrance, vous l’avez certainement remarqué dans les cris de guerre que j’ai pu pousser lors de son passage. J’ai passé les jours le précédent dans un état de fatigue impressionnant... J’ai dû affronter des creux allant parfois jusqu’à 8 mètres, tout en étant poussé par des rafales de vent puissantes, tout ça dans le froid et la pluie. Même si la remontée de l’Atlantique s’annonce particulièrement éprouvante, je me sens comme libéré. Je suis entré dans la confrérie très fermée des "cap-horniers".
Lundi 18 janvier : porté par la brise
Enfin le soleil ! Sur la route du retour, les conditions de vent et de mer sont optimales pour notre skipper boulonnais. Sous 19 degrés Celsius, Time for Oceans navigue actuellement au large des côtes uruguayennes, poussé vers l'est par une brise portante. Toujours devant son concurrent espagnol Didac Costa, Stéphane Le Diraison remonte vers le Cabo Frio au Brésil et les alizés.
Dimanche 17 janvier : Stéphane nous écrit
Ça se passe bien : j’ai pris cette option qui s’imposait d’elle-même. Une route plus "classique" par l’est me faisait faire deux à trois jours de près dans du vent fort : ce n’était pas très motivant. Maintenant, il faut que j’arrive à me recaler dans l’est ! Mais ça se présente pas mal puisque j’ai réussi à bien contourner le premier noyau de basses pressions, et le deuxième est pour demain… La nuit est superbe, étoilée, magnifique mais très peu ventée ,parce que je suis dans la zone intermédiaire entre ces deux perturbations.
C’était prévu : j’ai quelques heures comme ça à une dizaine de nœuds. Hier, c’était génial avec 20 nœuds de vent portant, une mer plate, un grand soleil ! Un petit coin de paradis après les mers du Sud… Je faisais de bons milles sur la route et le thermomètre est bien remonté. Je navigue toujours de conserve avec mon ami Didac Costa mais j’ai réussi à le distancer un peu… Pip Hare n’est plus très loin dans l’est : ça se resserre. Ça me fait bien plaisir de les rattraper !Je viens de taper un truc… Déjà hier, j’ai senti un choc et quand je suis sorti, c’était un amas incroyable d’algues, heureusement plutôt mou. Mais pour l’instant, j’ai l’opportunité de remonter avec des vents portants vers le Brésil : je vais pouvoir rallier rapidement le Cabo Frio, il faut profiter de cette brise pour me recaler dans l’est : à suivre, j’aurai des alizés ! Il faudra que je tire des bords au près…
Samedi 16 janvier
Depuis mes 15 ans, je veux passer le cap Horn. Je l'ai tellement rêvé !
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Après 69 jours de course et une semaine particulièrement éprouvante, Stéphane le Diraison revient sur le passage du Cap Horn et les conditions de navigation lors de notre visio en direct du Vendée Globe. Vents de 60 noeuds, creux de 8 à 10 mètres, notre skipper est le seul à être passé aussi près du Cap Horn (4 km).
En présence du respirologue boulonnais Edouard Stacke, le marin nous explique suivre méticuleusement les conseils de son coach et tente d'effectuer diverses séances de relaxation profonde, d'exercices et d'étirements. Ce spécialiste nous parle de l'importance d'extérioriser ses émotions à travers des cris et des hurlements.
Vendredi 15 janvier : vers Rio de Janeiro
La température se réchauffe à bord de Time for Oceans. Pour éviter une dépression au nord des îles Malouines, Stéphane Le Diraison trace une route à l'ouest pour remonter vers Rio de Janeiro dans des conditions plus favorables. Au coude à coude avec le concurrent Didac Costa, le skipper boulonnais ne relâche pas sa vitesse qui avoisine même les 18 noeuds, soit plus de 33 kilomètres par heure.
Je tente le coup ! Ensuite, l'enjeu sera de se décaler dans l'est pour refaire le cap sur l'Equateur.
Jeudi 14 janvier : la route du retour
Direction les îles Malouines ! Après son passage du cap Horn hier à 13h03 (TU) après 65 jours 23 heures et 43 minutes de course, Stéphane Le Diraison débute sa remontée de l'Atlantique contre le vent. Notre skipper attend désormais des conditions de mer plus clémentes afin de monter dans le mât retendre son gréement.
À la découverte des iles Malouines, je tente un passage à l'ouest. La reprise de la tension dans le gréement devrait pouvoir se faire dans moins de 24h. La bonne nouvelle c'est que je ne devrais pas avoir à m'arrêter pour monter au mât !
Mercredi 13 janvier : Stéphane franchit le cap Horn !
Il l'a fait ! Après 65 jours de navigation, Stéphane Le Diraison a laissé le cap mythique du Vendée Globe sur bâbord après une navigation le long de la cordillère des Andes. La plus longue chaîne continentale de montagnes au monde qui s'étend sur la côte ouest de l'Amérique du Sud marque traditionnement la route des marins vers le cap Horn.
Grand moment d'émotion à bord de Time for Oceans puisque, derrière moi, j'aperçois la cordillère des Andes et c'est sublime.
Ce n'était pas 'gratos’ d'aller vers le cap Horn. Ah le cochon, il se sera fait désirer jusqu'au bout ! L’approche aura été longue.
Ensuite, je vais faire du Nord et le thermomètre va remonter. Ce ne sera pas de refus : j'ai approché le cap dans un vent de Sud-Ouest, glacial. C’est vivifiant, mais j'en ai ras le bol de devoir mettre des gants pour dormir : tout est humide, trempé et tu vis emmitouflé… mais les mains dépassent.
L’aventure suivante sera de guetter un moment propice pour monter dans le mât afin de retendre le gréement. Ça fait 10 jours que je dois le faire, mais je n’avais pas les conditions. Je vais attendre d’avoir une mer plus calme, peut-être aux Malouines.
La houle du Pacifique, c'est quand même un truc de dingue. Elle m'a fait du mal dans tous les sens : c'était usant physiquement, nerveusement. Il y a 4 jours, la grosse cartouche a succédé à plein d'autres. J’ai enchaîné les fronts. 45 nœuds, ça va bien, mais quand on attaque les 60, c'est beaucoup, c'est énormément de manœuvres. Parce que je joue le jeu à fond : ma place au classement est justifiée par mille choses, mais pas parce que je ne me bats pas. Bref, je suis entré fatigué dans la cartouche et elle fut terrible : je me faisais sortir de la couchette. Je voyais foncer sur moi des immeubles. Le fichier m’annonçait de la houle de 7,5 mètres. Ça, c'est la moyenne du tiers des vagues les plus hautes. Quand tu es sur cette moyenne de fichier, ça veut dire que tu en vois régulièrement à 10 mètres et qu’il y en a plein à 8 ou 9 mètres.
Il faisait petit mon bateau. J'ai un hublot qui me permet de regarder sur l'avant, j'ai fini par ne plus regarder dedans. Le bateau descendait et j’avais l'impression que j’allais sancir. J’ai fini par ne plus regarder vers derrière non plus : des montagnes qui déferlaient sur le cockpit.
Je suis sorti une fois dans une relative accalmie, pour voir si tout allait bien. Je restais dans le cockpit, hein. Là, j’entends un grondement. J’ai juste eu le temps de me jeter contre le panneau, qu’une montagne d’eau remplissait entièrement le cockpit ! J’étais dans l'eau entièrement ! Les conditions ont été dantesques, usantes physiquement ; j’ai été projeté dans tous les sens. Nerveusement ausi, je suis allé chercher loin.
Je serais curieux d’avoir les statistiques de la flotte. Il me semble que je suis celui qui a eu le plus de petit temps, mais je dois être aussi celui qui gagne le record du gros temps. Cali (Arnaud Boissières) et Alan (Roura) ont pris aussi, mais ils avaient moins de vagues. J'ai eu la leur, de cartouche ; j’en ai pris une aussi en Tasmanie, j’ai connu une dépression tropicale en Afrique du Sud. Pour moi, cela aura été le Vendée Globe de tous les contrastes.
Mon rêve maintenant ? Une remontée à 20 noeuds de vent travers ! "
Mardi 12 janvier : l'art de régler la voilure
Le Vendée Globe est avant tout une performance physique et…. mentale !
C’est dur, voire très dur, mais c’était également mon objectif pour cette course, dépasser mes limites, donc je m’accroche à fond !
Je subis encore des vents de force 8 et, depuis hier soir, j’ai enchaîné les changements de voiles. Au total : du tourmentin au J3, puis J2, puis Jibtop, et idem pour les ris et inversement.
Après la pratique, voici la théorie qui me permet de vous présenter une partie de la garde-robe de Time for Oceans.
Voiles d’avant
Jibtop : grande voile plate, polyvalente qui remplace le J1. Très performante, notamment au reaching et pour remonter vers le vent.
J2 : plus petite que le Jibtop, elle reste à poste, et fait partie des voiles indispensables dans le bateau.
J3 : encore plus petite que le J2, c’est une voile prévue pour le vent soutenu.
Tourmentin : de couleur orange fluo , c’est la minuscule voile de tempête obligatoire au regard de la législation internationale.
Grand-voile
Une seule voile, que Stéphane peut réduire grâce aux systèmes de ris (1, 2 et 3 ris), permettant ainsi de minimiser la surface de toile.
Avec Time for Oceans, nous allons bientôt pouvoir nous reposer un tout petit peu en attendant, pensez à nous ! On espère passer le Cap Horn d'ici 2 jours !
Lundi 11 janvier : après la pluie, le beau temps
A l'approche du cap Horn, les conditions se calment enfin pour Stéphane Le Diraison. Notre skipper boulonnais profite d'une météo plus clémente après 72 heures éprouvantes dans une violente tempête.
J'ai un peu l'impression d'être sorti des flammes de l'enfer.
Samedi 9 janvier : Revivez le 9ème live avec Stéphane
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Jeudi 7 janvier : notre skipper s'engage pour la préservation des océans
Les années 2021 à 2030 ont été proclamées « Décennie des sciences océaniques au service du développement durable » par l'Organisation des Nations Unies pour mobiliser toutes les forces vives autour d’un programme commun de recherche et d’innovation technologique.
Aux côtés de la Fondation Good Planet, présidée par Yann-Arthus Bertrand, et de l'association No Plastic in my Sea, Stéphane Le Diraison s'engage pour la préservation des océans.
La mission coordonnée par l'Unesco Intergovernmental Oceanographic Commission est d’imaginer des solutions transformatrices issues des sciences océaniques au service du développement durable, tissant ainsi un lien entre les populations et nos océans.
Elle doit permettre l’amélioration de la gestion des ressources de l’océan et des zones côtières. Son objectif est d’assurer un système soutenable d’observation de l’océan, qui fournit des données précises et des informations accessibles à tous les utilisateurs sur l’état de l’océan, dans tous les bassins océaniques.
Je pense que dans ce programme Ocean Decade, il y a beaucoup d’axes qui pourraient être creusés. En tant que marin, je pense notamment aux marées, ces énergies puissantes et prédictives qui pourraient être utilisées pour produire de l’électricité...
Il est encore temps d’agir pour la préservation des océans.
Mercredi 6 janvier : météo musclée sur le Pacifique
"C'est dans le grain qu'on reconnaît le marin !" Au large du point Nemo, point le plus éloigné de toute terre émergée, notre skipper affronte une série de dépressions et des conditions de mer particulièrement délicates. Sans faiblir, l'Imoca aux voiles bleues trace sa route vers le cap Horn, à travers des creux de 5 mètres.
Malgré tous les problèmes techniques rencontrés durant ces dernières semaines de course, je maintiens mon allure en direction du cap Horn.
Les conditions que j’affronte au large du point Nemo sont musclées. Rafales de vent à 55 noeuds, température glaciale et mer déchaînée sont au rendez-vous.
Je reçois un nombre de messages considérable chaque jour.
Merci beaucoup pour votre soutien."
Mardi 5 janvier : cap Horn dans le viseur
Après le cap de Bonne-Espérance et le cap Leeuwin, d’ici quelques jours je franchirai le dernier cap mythique de cette course du Vendée Globe. J’ai nommé, le cap Horn !
La route est encore longue, on ne lâche rien.
Merci pour votre soutien, et vos encouragements.
Sur la route du cap Horn, les péripéties s’enchaînent à bord de Time for Oceans ! Actuellement à proximité du point Nemo, Stéphane Le Diraison fait face à un relâchement des câbles qui tiennent le mât.
Pour pouvoir les remettre en tension, il me manque une grosse clef plate…
J’ai pourtant un joli stock d’outils en tout genre à bord.
Je cherche une solution, je vais devoir fabriquer cette clef ou peut-être monter en haut du mât. Mais dans des conditions pareilles ce n’est pas envisageable, je vais donc ronger mon frein et attendre de passer le cap Horn.
CeVendée Globe me met à l’épreuve chaque jour, cependant rassurez vous, je suis déterminé et motivé pour venir à bout de tous ces problèmes techniques.
Lundi 4 janvier : Stéphane garde le cap dans le souffle austral
Au large du point Nemo, le skipper boulonnais maintient le cap face à une grosse dépression australe. Le programme est impressionnant : vagues hautes de 6 mètres, rafales de vent et températures glaciales.
Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de géographie tant le parcours du Vendée Globe recèle de singularités !
Dans l'ordre chronologique, il y a d'abord le passage de l'équateur (0 degré de latitude), hautement symbolique pour les marins. Puis le passage du méridien de Greenwich (0 degré de longitude) qui accompagne l'entrée dans les mers du sud et rappelle aux férus d'histoire la bataille, jadis, pour définir le méridien de référence.
Fonçant cap à l'est, les milles s’enchaînent et les degrés de longitude défilent jusqu'à atteindre 180 degrés est, méridien que l'on appelle « l'Antiméridien ». Survient alors un événement inattendu : en basculant dans les longitudes ouest, on change de date et on revient une journée en arrière. Incroyable, mais vrai ! Qui n'a jamais rêvé de vivre deux fois le même jour ? Et bien ici c'est possible.
Mieux que la théorie de la relativité d'Einstein suivant laquelle on pourrait imaginer voyager dans le temps, il suffit de passer une ligne imaginaire et, bingo, on gagne une journée. Le secret de la vie éternelle est-il de se positionner près de cette ligne et de la franchir tous les jours ? Je vous laisse y méditer tranquillement. Voilà de quoi passer un peu de temps avec les enfants pour leur expliquer.
Outre ces réflexions presque philosophiques, aux antipodes, j'ai eu la chance inouïe de passer à proximité de l'île de Macquarie. L'année dernière le Père-Noël m'avait offert un livre sur les îles les plus inaccessibles de notre planète. Macquarie avait retenu toute mon attention et me faisait rêver avec sa forme tout en longueur, son côté abrupte et sauvage comme une muraille face aux éléments déchaînés des mers du sud. Approchant de l'île par un temps lumineux, je découvrais la réalité de son existence et j'avais la sensation de rentrer dans mon rêve. Fabuleux ! »
Samedi 2 janvier : rediffusion du 8e live de Stéphane Le Diraison
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Jeudi 31 décembre : la bataille continue même pour le Réveillon
Tandis que Jérémie Beyou (Charal) file dans une brise de secteur Nord-Ouest, en bordure d’anticyclone le long de la Zone d'Exclusion Antarctique, Stéphane Le Diraison tient la corde. Le skipper boulonnais doit toutefois se méfier de Didac Costa (One Planet One Ocean) qui le talonne actuellement. Jour de la Saint-Sylvestre ou pas, la bataille continue sur le Vendée Globe ! N'oublions pas notre boulonnais en mer en ce jour festif : n'hésitez pas à lui transmettre vos messages d'encouragements.
Mercredi 30 décembre : un flux propulsif sour l'île Campbell
Après avoir dépassé Macquarie, notre skipper glisse actuellement le long de la zone d'exclusion Antarctique sous l’île Campbell avec un flux de Nord-Ouest propulsif.
Terre, terre ! Mais que c'est beau ! 155° sud aux antipodes... Cette île sortie de nulle part : c'est incroyable !
Mardi 29 décembre : de retour dans le sillage de Jérémie Beyou
Le travail a payé pour Stéphane Le Diraison... Alors qu'il avait prévu de longer l’île de Macquarie pour réparer son chariot de grand-voile, le skipper boulonnais a finalement trouvé une solution avec le soutien de son équipe à terre ! Il peut reprendre sa route dans le sillage de Jérémie Beyou (Charal). Allez Stéphane !!!
Après 24h de travail acharné, j’ai réussi à réparer et pour le moment ça fonctionne ! Merci à toutes les personnes à terre qui m’ont soutenu et aidé à trouver des solutions. Épuisé, je me repose un peu et vous raconterai les détails de mes 24 dernières heures dans une vidéo !
Lundi 28 décembre : de la casse à bord de Time For Oceans
Le mythique Vendée Globe reste décidément un véritable challenge. Cette fois-ci, le chariot de commande de Hook du voilier de Stéphane Le Diraison a explosé à 2h du matin alors qu'il allait renvoyer la grand-voile haute. Le skipper boulonnais va passer du temps dans le mat... Deux hypothèses se présentent à lui : Macquarie ou Campbell. Dans les deux cas, il ne s'arrêtera pas et se mettra juste sous le vent de l'île pour profiter de l'abri de la houle.
C'est un petit peu la gueule de bois... Je voulais renvoyer la grand voile haute. Mais, cette fois-ci, c'est carrément le charriot de commande de Hook qui a cassé. Et là, je n'ai pas de solution de réparation. Il va falloir se mettre à l'abri pour monter au mat. C'est la mauvaise nouvelle et du coup je ralentit le bateau le temps de trouver une solution.
Dimanche 27 décembre : ça souffle fort sur la route de la Nouvelle-Zélande
Actuellement au sud de la Tasmanie, Stéphane Le Diraison a mis le cap sur la Nouvelle-Zélande. Pas une sinécure puisque le marin boulonnais affronte des vents très forts avec des rafales approchant les 50 nœuds. Trop occupé sur le pont à cause des mauvaises conditions météo, il n'a pas pu participer à la traditionnelle visio diffusée samedi 26 décembre sur la page Facebook de la Ville.
Je suis au sud de la Tasmanie ; cap sur la Nouvelle-Zélande. J'affronte un fort coup de vent, c'est-à-dire des vents de plus de 45 noeuds, 50 dans les rafales. Il a fallu que j'aille manoeuvrer sur le pont pour réduire la voilure. Là, je n'ai plus que la grand voile avec trois ris. Donc il va falloir faire preuve de patience...
Samedi 26 décembre : pas de live en raison du mauvais temps
Après 48 jours de mer et 25 000 km parcours, Stéphane Le Diraison a déjà bouclé la moitié du parcours ! Croisant actuellement à la longitude de la Tasmanie, le skipper va bientôt rentrer dans le Pacifique : une zone qu'il ne connaît pas suite à son abandon sur le Vendée Globe 2016. Au sein d'un petit groupe plutôt homogène, son objectif est clairement de gratter quelques positions en entrant dans le plus grand océan du monde. Il va toutefois falloir faire preuve de patience puisqu'il affronte pour l'heure des conditions météo difficiles avec des vents du nord assez violents, de l'ordre de 45 nœuds.
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Vendredi 25 décembre : joyeux Noël au beau milieu du Pacifique
Depuis l’océan Indien, Stéphane Le Diraison nous envoie l’air vivifiant des mers australes, chargé d’iode et plein d’energie ! Joyeux Noël !
C'est un grand jour ! C'est Noël et figurez-vous que j'étais en train de prendre un ris sur le pont et quand je suis rentré dans la cabine, incroyable, le père Noël était passé et m'avait déposé un sac. C'est plein là-dedans. J'ai été extrêmement gâté. J'ai de quoi grignoter, lire et même m'amuser... Merci beaucoup d'agrémenter ce Noël très particulier
Jeudi 24 décembre : Stéphane nous écrit
C’est une journée assez particulière, le hasard fait que je passe à deux pas de l’endroit où j’ai démâté il y a 4 ans. C’était pour moi une expérience terrible, mais formatrice, très forte. Je suis hyper ému de repasser par ici. Quand je suis revenu à Melbourne sous gréement de fortune, je m’étais dit que - par la porte par la fenêtre - je reviendrai sur ce Vendée Globe pour finir ce tour du monde, pour vivre l’aventure jusqu’au bout. Je viens de passer cette longitude. Et c’est noël donc c’est un peu mon cadeau ! Ça fait 4 ans que je bosse comme un dingue pour ça. La première partie a été difficile, je n’ai pas été épargné par les conditions, j’ai eu beaucoup d’ennuis techniques, c’était long, j’ai mis 5 jours de plus. Mais je suis super content, super fier d’être là dans ce Vendée Globe avec un bateau entier que je préserve avec la farouche volonté d’aller au bout ! C’est la même coque qu’en 2016 mais ce n’est pas le même gréement, ce ne sont plus les mêmes appendices, j’ai des foils, de nouveaux safrans, un nouveau pont… En vérité ce n’est plus le même bateau. C’est un bateau très séduisant dans cette configuration-là. J’ai un peu de regret de ne pas avoir été assez vite jusqu’ici. Le chantier a été accéléré avec le confinement. Nous n’avons pas rattrapé ces deux mois de mises au point, j’ai un peu essuyé les plâtres sur l’eau du coup. Mais c’est une super aventure, d’être là dans le sud de l’Australie, ce n’est pas rien ! La prochaine étape est super intéressante. Je me détourne de la dépression, en direction de la Tasmanie puis de l’île Macquarie. Ensuite la prochaine grande étape c’est le Cap Horn, rien que d’en parler j’en ai la chair de poule ! Après toutes ces années à en rêver. Ce sera le 3ème cap ! Mais bon… C’est dans presque trois semaines.
Le skipper n’est plus tout à fait le même non plus par rapport à 2016. Autant sur une Route du Rhum je n’ai pas hésité à aller dans le dur, autant là je gère la course totalement différemment, avec une certaine maturité. J’ai le sentiment de me remettre dans la course là où je l’avais laissée. Aujourd'hui, je réalise plus ce que je suis en train de vivre, l’énormité de ce challenge ainsi que le plaisir et la chance de relever ce défi. Je savoure, même si ce n’est pas facile tous les jours.
Je suis un nouvel homme depuis que j’ai franchi cette longitude du démâtage de 2016 ! Joyeux noël !
Mercredi 23 décembre : c'est la fête à bord !
Je viens de passer ce fameux mythique cap Leeuwin. Je viens sans aucun doute de laisser derrière moi l’une des parties du parcours la plus difficile de ce Vendée Globe.
Qui dit passage de Cap, dit fête à bord de Time for Oceans. Comme convenu, je célèbre dignement ce passage, bière fraîche et repas de gala sont au rendez-vous.
À la tienne Leeuwin !
Mardi 22 décembre : Stéphane au cap Leeuwin
Deuxième des trois caps du Vendée Globe, le cap Leeuwin, situé à la pointe sud-ouest de l'Australie, marque symboliquement la fin prochaine de l'océan Indien. Stéphane Le Diraison devrait le doubler dans la journée. Son nom vient du Leeuwin (Lionne), un galion hollandais qui a découvert et cartographié une partie de la côte sud-ouest de l’Australie en mars 1622.
L'approche du Cap Leeuwin est un événement à bord. En le laissant à bâbord j'aurai le sentiment de laisser derrière moi une partie difficile du parcours, peut-être même la plus difficile.
Je m'apprête à le célébrer dignement, ce sera même la fête : repas de gala, bière (fraîche ici), musique, danse, cris guerriers sur le pont.
Oui Leeuwin, venir à toi est une épreuve et tu seras dignement célébré...
Lundi 21 décembre : Stéphane Le Diraison nous écrit
C’était la bataille cette nuit. J’ai prévenu la direction de course à 1h du matin car, depuis le début de la course, je rencontre des problèmes d'étanchéité au niveau des puits de foils, notamment par les trappes de visite.
Mais cette nuit la trappe tribord s'est faite littéralement souffler. J'ai donc du rentrer le foil et évoluer à une allure ralentie pendant plusieurs heures pour faire un collage résistant. Par contre c’est un peu humide dans le bateau...
Au passage j'ai du vider également la soute à voiles qui s'est remplie d'eau.
J'ai pu renvoyer un peu de toile mais le foil reste au chaud encore une douzaine d'heures, le temps du séchage.
C'est sous contrôle mais je vais naviguer lentement pendant 12h afin que le collage sèche bien.
Dimanche 20 décembre : Stéphane Le Diraison bientôt au cap Leeuwin
Le Vendée Globe est une aventure humaine vertigineuse : distance parcourue, conditions météorologiques rencontrées, durée, engagement physique et mental, autant de paramètres qui s'additionnent pour faire de ce tour du monde à la voile en solitaire un défi de Titans.
En franchissant la ligne de départ, tout en pointant l'étrave à l'Ouest, j'étais en route vers Les Sables d'Olonne qui se situaient précisément dans mon Est. Etrange n'est ce pas ? Dès l'école primaire j'ai appris que la terre était ronde, tout disposé à croire mon professeur. Plus tard au collège j'ai pris connaissance des travaux de Copernic, de Galilée, et de l'incroyable tour du monde de Magellan. La terre est bel et bien ronde, on le sait ! Toutefois aller le vérifier par soi-même est une autre histoire...
La magie s'opère au large des côtes brésiliennes : bien que l'on mette le cap vers l'Afrique du sud, on repassera par ce même point deux mois plus tard en ayant toujours progressé vers l'Est. Heureusement il y a des points de passage qui jalonnent le parcours et matérialisent la progression.
Tout d'abord le fameux Cap de Bonne Espérance, extrémité sud du continent africain ouvrant la porte de l'Océan Indien. Et quel océan ! Impétueux, imprévisible, fougueux, les qualificatifs ne manquent pas pour le décrire.
Puis vient le continent Australien dont le cap Leeuwin garde l'entrée. Aujourd'hui cela fait 6 semaines que je suis à bord de mon bateau, 3 semaines que je progresse dans les mers du Sud et me voilà en approche du cap mythique. Certes je passerai au large et n'apercevrai pas la côte mais la présence de ce continent est bien sensible sur les systèmes météorologiques et plus encore sur mon mental.
Samedi 19 décembre : échange entre Stéphane et Yann Arthus-Bertrand
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Malgré beaucoup de travail sur le bateau, Stéphane Le Diraison continue sa progression de façon régulière vers le cap Leeuwin et rattrape les bateaux de devant.
Retrouvez la visio, en présence du photographe boulonnais Yann Arthus-Bertrand sur le Facebook de la Ville. Avec quelques clichés de ses voyages, le président de la fondation Good Planet sensibilise les internautes au changement climatique.
Stéphane Le Diraison était à la vacation de 10h ce matin
Les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas vraiment. Je commence à voir un petit bout du grand Sud avec l’avant de la dépression qui nous est passée dessus. C’était encore une nuit particulière, sans vent, pas de vent. Je deviens philosophe, je suis patient et j’essaye d’aller chasser le vent qui devrait me porter jusqu’en Australie. Enfin ! Qui vient à point à qui sait attendre ! Sinon encore de la bricole, ce matin j’avais un hydrogénérateur qui ne fonctionnait plus, rien de bien méchant, mais c’est quand même des heures de travail pour faire ça proprement. C’était donc une journée plutôt tranquille, je profite à chaque fois du petit temps pour bricoler, nettoyer, ranger, comme ça quand le vent rentre tout est propre.
Je suis passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel, j’ai réussi à faire mon chemin niveau mental. Ce sont des aléas, on ne maîtrise pas, c’est comme ça. Chacun fait sa course, de toute façon, il y plusieurs courses sur ce Vendée Globe. Ce qu’on vient tous chercher, c’est la mise au défi. Qu’on soit devant ou derrière, la mise au défi est la même, c’est faire avancer son bateau au mieux, avec les conditions dont on dispose et les conditions techniques du moment. C’est du travail quotidien. C’est sûr que ça serait une belle récompense d’avoir une belle fin d’océan Indien et un début de Pacifique sympathique avec des enchaînements de dépression plus classiques pour pouvoir travailler les trajectoires comme ce à quoi on s’attendait en venant ici. Il semblerait que ça soit le cas, encore quelques heures d’empannages et on y sera. Personnellement, ça va me faire extrêmement plaisir d’arriver en Australie. Avant-hier c’était la triste date de l’anniversaire de mon démâtage qui est resté un souvenir marquant et traumatisant. Dans quelques jours, je passerai dans les parages de mon démâtage. Je suis presque superstitieux, à tout faire pour être épargné cette année. J’ai un peu le sentiment que je reprendrai le Vendée Globe là où je l’avais laissé. C’est un sentiment assez euphorisant, j’ai reconstruit un projet et aujourd’hui me revoilà pour la fin du parcours.
Je me suis rendu compte que le traumatisme était plus profond que ce que je voulais admettre. Dès le début du Vendée Globe, c’est revenu. Dès qu’il y avait des conditions fortes et subtiles, il y avait toujours une peur viscérale de casser mon bateau. Ça m’a rendu sans doute trop prudent parfois. Peut-être pas trop finalement car je suis bien content d’être là aujourd’hui avec un bateau entier. C’est très présent et la promesse que je me suis faite, c’est de finir. On se rappelle que de ceux qui finissent. J’espère en passant cette zone mettre tout cela un petit peu derrière moi. Ça va être nouveau pour moi après cet océan Pacifique et ça va être une belle occasion pour moi de retrouver de l’énergie jusqu’aux Sables d’Olonne.
Chaque jour il y a un défi, il faut aller puiser dans ses forces pour chaque manœuvre. Ce sont des bateaux très techniques et très exigeants. C’est très long et donc forcément même si on est fort mentalement, il y a des passages à vide, des gens nous manquent, on est pas toujours content de se faire secouer sur le bateau, une douche et un bon repas ne seraient pas de trop parfois. Pas plus tard que ce matin quand j’ai changé l’hydrogénérateur à plat ventre au fond du cockpit à moitié dans l’eau, c’était vraiment un défi quotidien, faire avancer le bateau, le maintenir, rester en forme physique, garder un mental d’acier pour faire face, c’est une épreuve exceptionnelle et plus dure pour moi qu’en 2016 du point de vue météo et technique. Je n’étais déjà pas rentré pareil en 2016, mais là, je suis encore en train de changer, je vais vers la sagesse tout doucement.
Il y a des moments durs voire intacts, il y a deux nuits, mon emmagasineur a cassé, le bateau est devenu incontrôlable, je me suis mis plein vent arrière, il y avait 4-5 mètres de mer, je me suis attaché et j'ai été à l’avant du bateau pour pouvoir affaler ma voile. J’étais rincé, tétanisé, mais après ça, c’était une victoire. A côté de ça, hier soir il n’y avait pas de vent, je rangeais et j’étais accompagné par deux baleines qui m’ont suivi pendant 15 minutes. C’était comme si elles me félicitaient. Pour pouvoir vivre ça, il faut venir ici. Ces images que personne ne reprendra, qui sont gravées dans ma mémoire, rien que pour ça, ça valait le coup de venir.
Vendredi 18 décembre : Stéphane Le Diraison nous écrit
En route vers le cap Leeuwin !
Hier, une dépression me rattrapait, le vent montait à une vitesse impressionnante.
Je devais rester à l’affût... Prêt à choquer, border et régler le bateau.
J’ai retrouvé de bonnes sensations cette nuit... Puis, la bosse d’enroulement de mon Jibtop s’est cassée alors que je tentais de le rouler !
Le vent dépassant les 36 noeuds, il m’était impossible de rouler la voile...
Grosse frousse avec ce vent qui continuait de monter.
La galette est au bout du bout dehors ... au milieu de la nuit, le bateau impossible à arrêter puisque je suis sous gennaker... Surfs, accélérations, plantés dans les vagues.
J’ai réussi à repasser la ligne dans la galette située au bout du bout dehors, quel soulagement.
La situation revient sous contrôle, mais, j’ai les bras tétanisés et le cœur à 200 pulsations/minute.
Je ne sais pas comment c’est possible, la ligne était neuve... Plus de peur que de mal, je ne lâche rien.
Bonne nouvelle, j’ai réussi à reprendre quelques milles à ceux de devant et à garder mes poursuivants à distance.
Jeudi 17 décembre : Stéphane reprend de la vitesse
J’étais en train de remettre ma grand-voile haute, c’est toujours un moment d’émotion puisque je n’ai plus mon système de hook normal mais un système bricolé. Ça a bien marché, je suis content. Tout va bien.
On a eu un peu de vent il y a 24h, gentiment. On avait 25 nœuds. Derrière, il y a une autre dépression un peu plus hargneuse. Mais je ne vais pas m’en plaindre, on revient dans un système plus conventionnel, c’est le terrain de jeu des dépressions ici ! J’ajuste ma lattitude en fonction de la force du vent que j’accepte d’encaisser. Ça m’a bien remonté le moral d’avoir du vent, dans la bonne direction, et de refaire de la stratégie par rapport au positionnement des dépressions. C’est ce qu’on vient chercher dans le grand Sud, donc je suis super content !
Dans six jours, ce sera l’Australie, j’ai envie de dire « enfin » ! J’ai plus de quatre jours de retard sur mes temps de 2016, ce qui est quand même incroyable. Ces quatre jours, je les ai pris dans l’océan Indien, sèchement. J’aurais mis quasiment 40% de temps en plus entre le cap de Bonne-Espérance et le cap Leeuwin. Je suis content d’avancer et de faire route vers l’Est, car j’ai déjà perdu pas mal de temps en chemin. La route est encore longue et il peut se passer pas mal de choses pour tout le monde, même si les écarts avec le groupe de devant sont abyssaux.
C’est motivant d’avoir du monde derrière, nottamment les deux anciens bateaux avec Didac (Costa) et Pip (Hare) qui avaient des chronos assez incroyables ces dernières 24h. Ils avaient un vent un peu plus soutenu mais ils arrivent à faire particulièrement bien marcher leur bateau. Ça me force à rester concentré. C’est une grosse pression de derrière avec aussi Manuel (Cousin). Ça va me permettre de ne rien lâcher pour rester accroché à Arnaud (Boissières) et Alan (Roura) qui m’ont distancé mais sont à portée de fusil.
Il faut être patient. Quand ça creusait, il fallait que je garde mon calme. Dans une sitation donnée, on fait ce qu’il y a de mieux à faire dans l’instant, il faut être à l’affût, garder la tête froide et se dire que les opportunités viendront sans doute plus tard.
J’ai une montre que je règle à l’heure solaire pour être en phase avec les rayons de soleil, c’est à dire avoir un rythme biologique qui ressemble le plus possible à la longitude à laquelle je navigue. Ça veut dire qu’il y a un petit décalage horaire tous les 15° de longitude à l'Est : je décale d’une heure. J’essaye de m’imposer un rythme au niveau des repas, des siestes… Ce sont des choses que j’ai bien travaillé en amont. Ce qui ne se décale pas, c’est la météo, j’aime bien travailler avec les fichiers de midi et de minuit qui sont livrés à 5h et 17h. Il y a aussi le suivi des classements. Ça j’essaye de le faire avec parcimonie parce que ça peut vite monter à la tête. Je m’impose aussi de me laver quotidiennement, parce que c’est facile de se laisser aller. Pour moi ça participe au bien-être et à la performance.
J'ai des soucis d’étanchéité, rien de grave mais c’est désagréable parce que je passe presque une heure par jour à tout assécher et je dois aller dans des compartiments qui ne sont pas accessibles. En fait ce sont les puits de foils et de quille qui rentrent en pression, ça avait été sous-estimé dans la préparation et j’ai beau essayé de colmater, ça rentre. J’ai aussi une entrée d’eau dans la crashbox et dans un compartiment arrière par l’axe de la barre. Ça fait partie de mon quotidien du bord !
Mercredi 16 décembre : direction le cap Leeuwin
Dans un océan Indien particulièrement doux et clément, Stéphane Le Diraison navigue désormais vers l'est et le cap Leeuwin à la vitesse moyenne de 13,8 noeuds, soit 25,6 kilomètres par heure.
Je suis de retour dans les Alizés.
Comme vous avez pu le voir, les derniers jours à bord n’ont pas été évident pour moi.
Le retour du soleil et du vent me font le plus grand bien. J’en profite pour me reposer un peu, mettre de côté le bonnet et le ciré.
C’est tout de même étrange, je ne m’attendais pas du tout à des conditions comme celles-ci arrivé entre Crozet et Kerguelen... Il semblerait que le réchauffement climatique ne soit pas un fantasme.
N’oubliez pas que chaque action que vous faites en faveur de l’environnement compte, nous sommes les acteurs de demain.
Lundi 14 décembre : cap vers les Kerguelen
Aux prises avec une série d'anticyclones qui ralentissent l'Imoca, Stéphane Le Diraison enchaîne les manoeuvres pour prendre de la vitesse au nord-ouest des îles Kerguelen.
Nouvelle semaine à bord, je suis au large des îles Kerguelen !
Les conditions météorologiques actuelles et mes quelques problèmes techniques ne sont pas propices à la performance.
Je navigue actuellement au près serré dans la pétole… Et il fait presque chaud !
Je suis à la 17e place, toujours aux côtés d'Arnaud Boissières.
Dimanche 13 décembre : Stéphane écrit un livre...
Avec humour, le skipper de Time for Oceans, 17e, raconte son tour du monde des anticyclones :
Je suis en train de travailler sur mon livre "Le Vendée Globe 2.0". Les dépressions dans les mers australes, c’est complètement 'has been' — le tour du monde des hautes pressions, c’est tellement mieux ! Ça fait 3.000 milles que je suis entré dans les latitudes des mers australes et 3.000 milles que je lutte contre les anticyclones qui m’accompagnent, qui se créent sur moi, des dorsales qui me rattrapent... Ambiance de franche bonne humeur à bord ! Hier, j'ai ressorti les cours de météo : 80 pages sur l’océan Indien et la façon de traiter les dépressions de tout type, mais seulement un tout petit paragraphe sur les anticyclones… Je dois compléter les informations !
Je vous le dis : les bases de location pour la plaisance en Méditerranée c’est fini, maintenant, il faut aller à Crozet et aux Kerguelen ! Tout à l’heure, j’étais au portant... et puis non, me voici au près... Je viens de me faire un vrac, le bateau à moitié couché sur l’eau. Le vent est instable et ça varie fort en intensité. Hier, j’ai eu entre 10 et 30 nœuds, il faut aimer faire des manœuvres ! Je fais aussi des routes bizarres. C’est un vrai casse-tête, j’aimerais trouver la sortie et des vents plus stables !
Samedi 12 décembre : dialogue avec les élèves boulonnais
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Au 34e jour, à environ 40% de la course, Stéphane a parcouru plus de 15.000 km. Il se maintient à la 17e place en plein océan Indien, l’un des plus difficiles au monde car le malström entre air froid et air chaud crée une succession d’anticyclones et de dépressions, entre 5 et 10°C.
Après la fameuse dépression tropicale, un vent fort m'a fait perdre du temps et de l’énergie : chaque fois qu'il fallait diminuer la voilure, je devais affaler complètement et, malgré le vent arrière, me mettre face pour pouvoir la hisser de nouveau… La dernière fois, j’ai accepté de perdre un peu plus de temps en changeant le système, ce qui me satisfait mais me demande désormais plus d’anticipation.
Les 40e Rugissants ont la réputation d’être des forts vents d’ouest avec des dépressions qui s’enchaînent. Depuis 48hque je suis dans le Grand Sud, j’ai vu une seule dépression, qui descendait du Mozambique. Je fais du contournement d’anticyclones, dans la brume… Il fait froid, il pleut à peu près tout le temps, le vent varie beaucoup en force et en direction. J’ai l’impression de faire un Vendée Globe à l’envers !
Je fais tout pour me décaler vers l’est, pour ne pas me retrouver sans vent, car une dorsale anticyclonique s’annonce. Même si j’arrive à aller vite, pendant au moins 4-5 jours je vais être amené vers l’Australie par la bordure anticyclonique. C’est seulement quand j’aurai dépassé les Kerguelen que je devrais rencontrer ma première dépression des mers australes... Au moins, elles permettent d’aller vite et tout droit !
Merci aux élèves de CE2 de l’école Robert Doisneau d’être venus, ça me fait chaud au cœur ! Le Vendée Globe est une course titanesque où il faut puiser sans cesse dans son énergie physique et mentale. A défaut du souffle de la dépression, celui de votre soutien me porte quand le moral est bas : je me dis que je dois faire le maximum dans cette aventure que je partage avec tous !
Les classes boulonnaises suivent le parcours de Stéphane Le Diraison
Antoine : "Êtes-vous plus un aventurier ou un compétiteur ?"
"Je suis un compétiteur dans l’âme, et c’est avant tout une course de l’extrême où il faut donner le meilleur de soi-même... mais l’aventure humaine prend le pas sur la compétition !"
Jérémie : "Avez-vous peur quand vous mettez le pilote automatique ?"
"Avant de partir, je faisais un peu le malin, mais j'avoue que j’ai un peu peur tout le temps depuis le début de la course : de me faire rattraper par les anticyclones, de taper dans les vagues dès qu’il y a du vent…"
Gabriel : "Avez-vous retrouvé le moral après le passage difficile de mercredi ?"
"Dans un tour du monde, c’est un vrai défi de trouver sa motivation tout le temps ! Mercredi, affronter ces situations météo incroyables me semblait au-dessus de mes forces, me retrouver sans vent du tout après un vent force 8, au centre d’une dépression tropicale, avec des creux de 4 m... J’ai réussi à m’en extirper en avançant dans l’est, et en parlant beaucoup avec Alan (Roura) et Arnaud (Boissières).
Louis : "Avez-vous croisé des animaux marins ?"
"Oui ! Au début, des dauphins, puis j’ai pu observer (de loin, heureusement) un troupeau de baleines au large du Cap-Vert, sans oublier les poissons volants dans les mers tropicales. J’ai aussi croisé une tortue géante de presque 1 mètre de large vers Sainte-Hélène. Maintenant, dans la brume, des albatros majestueux m'accompagnent. Ils effleurent l’eau de leurs ailes et ont l’air de jouer avec le vent..."
Dans toutes les écoles, comme à Robert Doisneau, les enfants très impliqués suivent la course sur une planisphère et sur dalle numérique. Deux petits journalistes en herbe font du reporting dans chaque classe. C'est un exemple concret d'interdisciplinarité :
- en géographie en suivant le parcours sur le globe avec le kit pédagogique Kids for Oceans
- en français, grâce au livre Le Vendée Globe de Mam offert par la ville de Boulogne-Billancourt
- en anglais, grâce à l'outil pédagogique de Samantha Davies
- en science sur les animaux marins, la pollution des eaux...
- en jouant à Virtual Regatta, qui crée à la fois émulation et cohésion avec l'esprit aventurier : à chaque classe une équipe, et la moitié des élèves ont créé leur bateau, avec les conseils des parents modérateurs.
Vendredi 11 décembre : Stéphane nous écrit
Mes hooks continuent de me jouer des tours, c’est un sérieux handicap... Hier, en essayant de prendre un deuxième ris dans la grand-voile, alors que j’avais dépassé Arnaud Boissières, le système externe de commande de hook s’est coincé dans un des chariots. Pour le libérer, j’ai dû affaler totalement la grand-voile, puis de nouveau la hisser avec 30 nœuds de vent ! Malheureusement, l’opération ne s’est pas déroulée comme prévu : les lattes se sont coincées derrière le lazy jack.* J’ai donc dû changer de voile d’avant pour passer du J2 (voile de 100 m2 environ) au J3 (environ 50m2) afin de changer d’allure, pour ralentir et stabiliser le bateau dans l’axe du vent. Coût de la manœuvre : 2 heures d'efforts physique intenses pour prendre un ris. Avec mon ancien système, cette manœuvre prenait 15 minutes...
J'ai multiplié les prises de ris depuis hier soir, je suis épuisé, tout est trempé partout et les conditions sont dures dehors… La météo et tous les problèmes techniques rencontrés depuis le départ me frustrent beaucoup sur le plan sportif. Je reste un compétiteur et, forcément, je suis déçu de ne pouvoir répondre présent à 100% avec mon bateau. Au fond de moi, je sais que faire un tour du monde en solitaire envers et contre tous les ennuis du bord, c’est déjà un challenge ! Mais ce n’était pas celui que je m’étais fixé avant le départ.
Je suis motivé pour donner le meilleur de moi-même. Une partie de mon objectif n’étant plus atteignable, il faut que j’arrive à canaliser mes pensées sur la course que je peux réaliser désormais et arrêter de me flageller en pensant au groupe de tête et au temps perdu avec les divers problèmes techniques auxquels je suis confronté.
Merci à tous pour votre soutien et vos messages d’encouragement, c’est très réconfortant de vous lire !
* Lazy jack : ensemble de bouts tendus entre le mât et la bôme permettant de guider et de retenir efficacement la voile lors de l'affalage de celle-ci
Jeudi 10 décembre : à travers la dépression tropicale
Un vent changeant, parfois violent, souvent manquant, des vagues hautes de 5 m... Notre skipper tient bravement le cap vers les îles Kerguelen, malgré les conditions de navigation épouvantables de ces derniers jours.
Avec Alan (Roura) en se parlant à la VHF, on avait les larmes aux yeux... Ce n'est pas possible, il faut que ça s'arrête. Se tester à la résistance au mal, au bout de 30 jours, c'est long...
Mercredi 9 décembre : conditions de navigation exécrables
Dérouté vers le nord pour éviter le pire d'une dépression tropicale à la limite de la zone des glaces, Stéphane Le Diraison affronte actuellement des vagues immenses dans un vent très faible. Des conditions particulièrement difficiles pour le marin boulonnais, qui a confié son état d'esprit à la vacation de 5h.
C’est un véritable calvaire. Je suis au bord de la dépression avec ‘Cali’ (Arnaud Boissières). Il y a 4 mètres de vagues et 4 nœuds de vent. On se fait massacrer, on n’avance pas : ça roule, ça tape… En plus d’être très lent, les conditions sont extrêmement désagréables. Le ciel est gris, bouché, la mer ne ressemble à rien... Je n’ai jamais eu une pétole avec de telles conditions. Des montagnes d’eau s’abattent sur le bateau qui ne peut même pas avancer, les voiles se battent dans tous les sens... J’ai vraiment l’impression de vivre une punition ce matin.
Avec ces nombreux obstacles de suite, c’est dur de garder un moral positif. Tout est tordu niveau météo. Je n’ai pas fait un surf depuis le Cap-Vert ! C’est là qu’on réalise la pertinence de la préparation mentale pour supporter ça. Mais il faut encore tenir.. là, je suis dans l’œil de la dépression. Faire le tour, c’était vraiment trop long et ce n’était pas ‘secure’.
Après, on devrait retrouver un vent orienté au nord, assez fort, qui devrait permettre l’aller relativement vite vers l’archipel Crozet. Ensuite, si je suis un peu optimiste, il semblerait que la suite vers l’Australie soit plus propice à la vitesse avec un vent maniable. Ce sera peut-être la récompense !
L’option d’Armel Tripon n’était pas faisable du tout pour moi. Avec un bateau de 2020, il est capable d’aller à des allures plus rapides que moi. Armel a joué avec le feu, il est en train de passer mais c’était risqué. Pour nous, ça ne pouvait pas passer. Avec ‘Cali’ et Alan Roura, on a certes des bateaux dôtés de foils, mais plus lents. On se serait retrouvés, avec le vent qui tourne vers l’est, à devoir tirer un bord vers le nord sans échappatoire vers le sud. La perspective de devoir tirer des bords dans 35, 40 nœuds, des rafales jusqu’à 60 nœuds, un angle extrêmement défavorable et l’impossibilité de fuir – on aurait buté dans la ZEA* (Zone d’Exclusion de l’Antarctique, ou "Mur de glace") – rendait l’option infaisable.
L’objectif de ce Vendée Globe reste de ramener le bateau aux Sables-d’Olonne, avec moi en entier si possible, et là c’était un coup de poker. À l’instant, une vague énorme (plus de 4m) est passée. Sans vent, c’est impressionnant parce que le bateau est impuissant dans sa trajectoire. On se croirait à Hawaï... La suivante est belle aussi, je crois que je n’ai jamais vu autant de vagues avec si peu de vent !
Mardi 8 décembre : face à une dépression tropicale
La dépression qui va nous tomber dessus n'est pas rassurante. Sur la route directe, la météo annonce un vent supérieur à 35 noeuds avec des rafales à 50, au près puis travers avec des vagues de 6 m, le tout à la limite de la zone des glaces.
Dans ces conditions où il est impossible de se mettre en fuite, et en tenant compte du besoin de valider les récentes éparations effectuées, j'ai choisi de contourner la dépression par le nord. Pas d'inquiétude si vous me voyez très lent sur la carto pendant 2 ou 3 heures, tout va bien à bord !
Lundi 7 décembre : Stéphane Le Diraison nous écrit
C’est la fête à bord de Time for Oceans ! J’ai tout rangé, tout remis au carré, j’ai désormais la bonne voile, je suis sur la bonne route et j’ai même réussi à me laver. Un bon déjeuner dominical, puis une petite sieste : je me sens reposé et reboosté. Croyez-moi sur parole, tout fonctionne à merveille et cela me fait un bien fou !
Samedi 5 décembre : des conditions difficiles
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Stéphane passe la zone du cap de Bonne Espérance, particulèrement difficile pour les marins. Si ces conditions extrêmes ne nous permettent pas d'assurer une visioconférence comme tous les samedis, Stéphane a pu nous livrer ses impressions par téléphone.
Vendredi 4 décembre : bord à bord avec Alan Roura
Une course-poursuite exceptionnelle dans les 40è rugissants s'est achevée hier à l'ouest du cap de Bonne-Espérance. Stéphane Le Diraison, poussé par des vents propices, navigue désormais en 17e position et dépasse peu à peu son concurrent suisse Alan Roura.
Dès demain, le skipper de Boulogne-Billancourt vous donne rendez-vous à 16h pour la 4e visioconférence en live sur notre page Facebook. Invité sur le plateau du PC course, Philippe Guigné, fondateur de Virtual Regatta, répondra aux questions des joueurs boulonnais.
Il n'est pas trop tard pour vous inscrire ! Rejoignez 1 285 Boulonnais et embarquez gratuitement pour le Vendée Globe virtuel en composant le code BB92100. >Cliquez ici pour plus d'informations !
Je suis toujours à la 17e place aux côtés d’Alan Roura, que je salue. Dans notre ligne de mire : le cap de Bonne-Espérance, de plus en plus proche. Arrivés à ce niveau de la compétition, il est plaisant de naviguer bord à bord avec un autre skipper !
Jeudi 3 décembre : Stéphane nous écrit
Porté par les vents des 40e rugissants, le skipper boulonnais a dépassé Alan Roura par le sud et se hisse à la 17e place du classement.
J’ai pris énormément de vitesse ces dernières 24 heures, avec une moyenne de 14,6 noeuds ! Ces mers du Sud tant redoutées m’ont permis de réduire le retard avec ceux de devant. Je vous avais prévenu, je ne lâcherai rien !
Je suis actuellement aux portes de l’océan Indien, en approche du cap de Bonne-Espérance. La houle a commencé à se former (un peu plus de 3 m de hauteur) alors que j’étais englué il y a peu de temps dans les calmes de mon amie Saint-Hélène.
Joli présage des conditions à venir... La température a chuté de 10 degrés en une seule journée, me faisant basculer en quelques heures de l’été à l’hiver ! Sans transition, il a fallu ressortir les vestes polaires et les chaussettes étanches alors que crème solaire et lunettes régnaient en maître dans le cockpit.
La lumière a changé : elle est plus nuancée à présent. Quant à la mer, elle est passée d’un bleu envoûtant à un vert profond fascinant... mais nettement moins engageant.
Grand Sud, je me mets au défi de te traverser ! Sur la pointe des pieds et pas impunément : j’ai beau avoir l’expérience de ces mers peu hospitalières, l’appréhension est bien présente et j’ai le ventre noué...
Mercredi 2 décembre : à l'ouest du cap de Bonne-Espérance
Toujours 18e, Stéphane Le Diraison se rapproche rapidement du cap de Bonne-Espérance grâce à une succession de caps judicieux le long de la zone d'exclusion antarctique (ZEA). Le skipper fait face sereinement aux vents violents des quarantièmes rugissants et à des creux de 3 mètres.
Mardi 1er décembre : Stéphane en 18e position
Au large de l'île Gough, notre skipper navigue désormais à la 18e place du classement et ne cesse de remonter sur son concurrent suisse Alan Roura, qu'il devrait bientôt dépasser sous le vent. Le Boulonnais n'a pas manqué d'adresser quelques mots de soutien à son concurrent Kevin Escoffier, dont l'Imoca PRB, plié en deux, a coulé la veille. Près de 10h après le déclenchement de sa balise de détresse, le Malouin a été secouru sur zone par le skipper Jean Le Cam. Trois autres concurrents, Sébastien Simon, Yannick Bestaven et Boris Herrmann, avaient également été déroutés.
"Pensées pour Kevin Escoffier, ses proches, le Team PRB et les concurrents présents pour lui porter secours."
Lundi 30 novembre : les quarantièmes rugissants
Le skipper boulonnais prend de la vitesse pour son entrée dans la célèbre zone. Porté par une brise de nord bienvenue après les calmes de ces derniers jours, l'Imoca aux voiles bleues fait route au sud-ouest de l'île britannique Gough. Après la chaleur tropicale, Stéphane change radicalement de décor pour cette deuxième partie de course. Pendant près de 3 semaines, le marin devra faire face aux difficultés des mers australes : vents forts, parfois violents, vagues impressionnantes et températures glaciales.
Pour remporter une navigation privée avec Stéphane Le Diraison à bord de Time for Oceans, rendez-vous sur la vente aux enchères des amis de Yann Arthus-Bertrand au profit de la fondation GoodPlanet : cliquez ici !
Samedi 28 novembre : en direct avec Stéphane
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Après quelques réparations sur son voilier, Stéphane Le Diraison se dit prêt à entrer dans le Grand Sud.
Le bateau arrive dans le Grand Sud en bon état, et moi aussi ! J'arrive à maintenir un bon équilibre à bord niveau sommeil et nutrition et je suis prêt pour un vent évolutif.
Aprés avoir mis à l'eau une bouée dérivante pour collecter des données météorologiques et océanographiques, et à l'occasion de la Semaine européenne de réduction des déchets, le skipper est interrogé sur son alimentation à bord par Muriel Papin, fondatrice de l'association No Plastic In My Sea. Avec 50% de sa nourriture achetée en vrac et un dessalinisateur d'eau de mer, Stéphane Le Diraison réduit considérablement ses déchets plastiques.
Vendredi 27 novembre : Stéphane nous écrit
Me voici dans l’Atlantique sud ! De nombreuses îles totalement isolées suscitent toute ma curiosité : Sainte-Hélène, Ascension, Trinidad ou encore Tristan Da Cunha et Gough... Petite précision : le sens de rotation des dépressions et des anticyclones est inversé entre les deux hémisphères. C'est très perturbant, un peu comme prendre le volant au Royaume-Uni !
Côté météo, je passe de 5 à 25 noeuds de vent oscillant du 60 au 120, grains et instabilité au rendez-vous. Il faut vraiment être sur le pont pour faire avancer le bateau, je reporte donc encore un petit peu les réparations que je dois effectuer sur mon système de prise de ris et sur certains hublots qui ne sont plus étanches.J'ai repris 200 MN en 48h sur mes camarades de devant, je veux recoller le groupe de tête afin de rester dans le même système météo qu'eux !
Jeudi 26 novembre : collecte de données pour protéger les océans
Au large de Sainte-Hélène, Stéphane Le Diraison a mis à l'eau une bouée dérivante attachée à une ancre flottante, afin de collecter des données météorologiques et océanographiques : température, courant de surface et pression atmosphérique. Recueillir ces données dans des endroits reculés du globe permet de mieux comprendre les problèmes qui menacent les océans et ainsi de soutenir la recherche scientifique marine. Les informations sont transmises directement aux centres opérationnels météorologiques dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour l'Océan. De 2021 à 2030, cet événement a pour but de renforcer la gestion des océans et des côtes au profit de l'humanité :
- Un océan propre où les sources de pollution sont identifiées et éliminées
- Un océan sain et résiliant où les écosystèmes marins sont cartographiés et protégés
- Un océan où la société a la capacité de comprendre ses conditions actuelles et futures
- Un océan sûr où tous sont protégés contre ses dangers
- Un océan exploité de manière durable assurant l'approvisionnement alimentaire
- Un océan transparent avec un accès ouvert aux données, aux informations et aux technologies
Mercredi 25 novembre : Stéphane réduit l'écart
En tête du classement de la plus grande distance parcourue et de la meilleure vitesse enregistrée pour la journée de mardi, notre skipper contourne l'anticyclone de Sainte-Hélène et réduit encore l'écart qui le sépare de ses concurrents.
Je navigue actuellement le long des côtes du Brésil et j’ai dépassé Sainte-Hélène, île britannique située dans l'Atlantique Sud, à 1.856 km à l'ouest des côtes de la Namibie. Actuellement à la 19e place, je continue ma route et réduis progressivement la distance avec le groupe situé devant moi.
Mardi 24 novembre : face à l'anticyclone
Après le passage de l'équateur et du Pot au Noir, Stéphane Le Diraison continue sa route vers le sud-est et le cap de Bonne-Espérance. Malgré quelques aléas techniques, le skipper boulonnais maintient une bonne vitesse et contourne l'anticyclone de Saint-Hélène sous quelques grains.
Naviguer dans les conditions actuelles est un vrai casse-tête. Le vent très variable oscille entre 8 et 20 noeuds et passe de 80° à 140°... Autant dire une vraie girouette ! Beaucoup de grains, ce qui ne me permet pas de me reposer sereinement.
Un grand marin disait "Le Vendée Globe, c'est une emm** par jour"... Personne ne pourra jamais le contredire !
Quelques soucis techniques m'occupent jour et nuit :
- Les bloqueurs textiles (constrictors) situés dans la bôme ne tenaient plus du tout les bosses de ris 1, 2 et 3 depuis samedi après-midi : la pièce dans la bôme s’est littéralement arrachée. Je suis donc condamné à prendre mes ris en les bloquants autour du winch du piano.
- Une gaine électrique décollée dans le mat : il faut que j’arrive à la bloquer, mais la zone est inaccessible.
- Une sangle de grand-voile : atelier couture au programme !
Tout ceci ne m’enchante pas, je suis donc en contact étroit avec mon équipe et David de Prémorel, l’architecte du bateau, pour tout réparer en essayant de ralentir le moins possible !
Lundi 23 novembre : Stéphane nous écrit
Il était temps que je m'extirpe de cette zone ainsi que du Pot au Noir, mais le vent est maintenant plus refusant et moins stable que les précédents. C'est tout à fait navigable, mais des variations et des grains gênants freinent ma progression. Actuellement à la 19è place, je descends le long des côtes du Brésil.
Dimanche 22 novembre : place à la stratégie
Passé le célèbre Pot au noir et le franchissement de l'équateur, pas franchement une partie de plaisir en raizson de vents erratiques, Stéphane ne lâche rien. Malgré la persistance de grains gênants, le skipper boulonnais ne perd pas la course de vue et réfléchit à la meilleure stratégie pour rester dans le groupe de tête. Pas simple au vu des écarts qui se sont creusés ces derniers jours.
Je suis en train de scruter mon radar pour slalomer et éviter de me faire prendre dans les grains. C’est acceptable, mais pas reposant.
Ce début de course est une frustration : les décalages aujourd’hui sont la conséquence décuplée de ce qui s’est passé au cap Finisterre. Les décalages qui s’y sont créés ont fait des écarts monstrueux, même entre des bateaux au potentiel équivalent : j'avais 50 milles d’écart avec Damien (Seguin – Groupe APICIL) après deux jours et demi de course… il en a aujourd’hui 500 d’avance, et c’est la même chose dans l'autre sens avec Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle). C’est hallucinant comme ça s’est étiré. 500 milles ne se refont pas comme ça ; il me faut de la patience et une opportunité.
Il faut que je reste accroché au groupe de devant, que je croise les doigts pour rencontrer une situation favorable. Or, dans cette course, plus on est devant, plus on est favorisé. Peut-être l’anticyclone de Sainte-Hélène ? Il faut au moins garder cet écart et espérer. En 2016, les leaders n’avaient pas eu de Pot-au-Noir et ils avaient pu couper cet anticyclone, contrairement aux poursuivants… ça se reproduit cette année. On risque de devoir faire un joli tour avec 300 milles de plus à parcourir, sachant qu’il n’y aura pas d’alternative. La seule serait de faire du près, mais ce n’est pas rentable avec nos bateaux. Patience : tous les Vendée Globe ont aussi proposé des scénarios impossibles. Alors j'y crois!
Samedi 21 novembre : entrée dans l'hémisphère Sud
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Nouvelle étape franchie ! Stéphane Le Diraison a dépassé l'équateur samedi 21 novembre à la mi-journée. Classé à 19e position du Vendée Globe, le skipper fait son entrée dans l'hémisphère Sud, 2 jours, 23 heures et 17 minutes après le leader Alex Thomson.
Ce fut une sacrée nuit à bord du Time For Oceans... Les dernières 24 heures que je viens de vivre ont été plus qu’épuisantes. Je continue malgré tout à profiter pleinement de ma chance ! Être en mer pour faire le tour de la planète est un privilège dont je savoure chaque instant.
Vendredi 20 novembre : la traversée du Pot au Noir
À la vacation de 5h, Stéphane Le Diraison a raconté ses premières heures dans cette zone difficile. Après un début de traversée très rapide, à l'image des premiers concurrents, Time for Oceans fait face à une succession d'orages et de grains. Aux dernières prévisions, ce passage compliqué devrait durer une vingtaine d'heures.
Mon corps me gratte partout, je n’en peux plus de cette chaleur. Sinon, je vais bien ! J’essaie de m’extirper de cet endroit. Après un ciel très clair, en début de nuit, j’ai vu d’un seul coup des masses nuageuses sur mon radar. Il y eu des éclairs, des pluies diluviennes intenses, un front de rafales en avant d’un nuage. Difficile de se retrouver dans cette chape de plomb, il faut être patient et malin ! Il y a un joli feu d’artifice derrière le bateau en ce moment… Je croise les doigts. Lâcher prise peut coûter cher, il faut sans arrêt ajuster le cap, régler le bateau, changer les voiles pour s’adapter. Je roule, je déroule, je lofe, j’abats, je choque, je borde ! La porte de sortie est au Sud.
Jeudi 19 novembre : à l'approche du Pot au Noir
Derniers instants de calme et de soleil pour le skipper boulonnais ! Porté par les Alizés, Time for Oceans approche du Pot au Noir, cette zone de basses pressions entourant la Terre près de l'équateur, où peuvent se succéder rapidement grains violents et calmes plats.
Hier, je profitais du vent et du soleil à l’ouest des îles du Cap-Vert. Aujourd’hui, je m’apprête à entrer dans cette fameuse zone tant redoutée qu’est le Pot au Noir !
Stéphane Le Diraison a renforcé sa vigilance face à une prolifération de sargasses, des algues brunes constituées de différentes espèces, dont certaines flottent depuis plusieurs années à la surface des océans.
Elles peuvent atteindre des tailles impressionnantes de plusieurs centaines de m2 sur plusieurs mètres de profondeur, et se baladent en fonction des vents et courants. Je reste vigilant pour éviter d'en retrouver un gros paquet coincé dans mes foils, ma quille ou mes safrans !
Mercredi 18 novembre : Stéphane nous écrit
La blague qui s’annonce n’est pas du meilleur goût : le Pot au Noir est en train de se reconstituer par l'est... Pile poil pour moi ! Selon les fichiers météo du jour, ça va commencer à coincer dans 36h. Tous les bateaux devant moi sans exception passent sans ZCIT* active. J’ai déjà vécu cela en 2016, mais rassurez vous, ce n’est qu’un mauvais moment à passer qui ne m’empêchera pas de repartir à l’assaut de mes petits camarades de devant !
* La zone de convergence intertropicale, zone intertropicale de convergence (ZIC), de front intertropical, de zone de convergence équatoriale ou, plus familièrement pour les marins, "Pot au Noir", est une ceinture de quelques centaines de kilomètres du nord au sud, de zones de basses pressions entourant la Terre près de l'équateur.
Retrouvez la carte des vents et le kit pédagogique en cliquant ici !
Mardi 17 novembre : avancée au classement
À l'approche des îles du Cap-Vert par l'ouest, Stéphane Le Diraison prend une place au classement du Vendée Globe. Le skipper boulonnais navigue désormais en 19ᵉ position, cap plein sud pour rejoindre les Alizés et le Pot au Noir. Cette Zone de convergence inter tropicale (ZCIT) correspond à un passage météorologique très instable. Les marins peuvent s'y engluer dans des zones de calme ou, au contraire, y subir des grains violents.
9e jour de compétition : le moral est bon à bord de Time for Oceans. Je trouve mon rythme avec le bateau, j’espère gagner quelques places au classement dans les prochains jours. Les petits soucis techniques restent d’actualité… À nouveau 100 litres d’eau dans la soute à voile à l’avant du bateau ; le panneau de pont est pourtant bien fermé. Je viens de passer une heure à plat ventre, encastré sous le puit de foil, bateau lancé à pleine vitesse (je vous laisse imaginer les mouvements !) et frontale vissée sur la tête, jurant de ne repartir qu’en ayant compris d’où vient cette eau ! À part un très léger suintement au niveau des vis de la cale basse de foils, je n’ai rien trouvé. Pourtant, quand je reviens après de longues heures, inexorablement, il y a de l’eau, beaucoup d’eau !
Je suis actuellement à une vitesse de 15,7 nœuds, à 779 milles du leader, à 22.325 milles de l’arrivée. À l’approche du Pot au Noir, j'analyse de près la météo afin d’élaborer la meilleure stratégie possible.
Samedi 14 novembre : en direct de la course
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La première visioconférence en Facebook live a montré un Stéphane Le Diraison, 21e au classement, en pleine forme, comme l'a remarqué Pierre-Christophe Baguet. Le Maire a remercié notre skipper pour "la belle aventure qu'il offre, en ces moments de repli sur soi, aux Boulonnais fiers et heureux de le suivre".Ses deux filles et son petit garçon Simon sont même venus faire un coucou virtuel, depuis Boulogne-Billancourt, à leur papa à bord de son Time for Oceans.
En 6 jours, j'ai eu plusieurs petits tracas : les fixations n'étaient pas assez solides, un filtre a explosé dans un bol de gasoil, j'ai encore l'odeur de moteur dans la cabine (un paradoxe sur un voilier !) et c'est gras partout... Ce genre d'aléas ne m'a pas permis de donner le meilleur du bateau.
On a eu des mers assez cassantes où le Time for Oceans tapait très fort mais a tenu bon structurellement : rien n'est abîmé au niveau des voiles ni du grément. Quand le bateau a pris beaucoup de gîte, un sac est venu appuyer sur le disjoncteur des pilotes, alors que j'étais dehors à la barre face à un grain très fort, sans pouvoir manoeuvrer. Une fois le contrôle repris, j'ai constaté qu'il n'y avait pas de problèmes électroniques. L'Imoca est tout à fait sain ! D'ici 24h, je vais profiter d'une zone de vent assez molle pour tout bien vérifier.
C'est réjouissant d'avoir un tel bateau, pour l'ergonomie et la protection. Ça permet d'être beaucoup plus en sécurité et de s'économiser, comme cette nuit, où le vent était fort. Quant à la performance, je n'ai pas encore exploité tout son potentiel, mais le Time for Oceans est bien plus facile : je navigue quasiment à la vitesse du vent, à 16-17 noeuds sans me forcer, ce qui ne m'était pas accessible il y a 4 ans.
Je vais bien, malgré la fatigue due au nombre de manoeuvres en ce début de course. La nuit dernière, la dépression creuse et la mer hachée m'ont fait prendre pleinement conscience que je suis prêt à affronter le Grand Sud. J'ai choisi d'aller le plus au sud possible pour avoir des vents plus maniables et ne pas prendre le risque d'abîmer le bateau dès la 2e nuit de course. J'ai donc laissé partir les autres en avant, en me rappelant que c'est un tour du monde, avec une arrivée dans 3 mois, pas dans une semaine !
Prochaine étape : le "Pot-au-Noir", Zone de Convergence Intertropicale. On s'est tous décalés vers l'ouest, ce qui va nous donner un angle favorable pour aborder le large du Cap Vert avec de la vitesse. Je vais me prépositionner dans cette zone d'orages diluviens et de calme plat dans les 24 à 36 heures, et j'affinerai en me rapprochant.
Vendredi 13 novembre : Stéphane nous écrit
Cela fait maintenant 5 jours que la course du Vendée Globe est lancée, et elle n’est pas de tout repos ! Aujourd’hui, je m’approche avec prudence de la tempête tropicale Theta en la contournant par l’ouest. J’essaye de me reposer au maximum, car cette nuit la dépression devrait être tonique. Petit clin d’œil à Kojiro Shiraishi, avec qui je suis au coude à coude depuis ce matin. Il était le plus au nord de la flotte et moi le plus au sud. C’est quand même dingue, après plus de 1.000 MN et des routes radicalement différentes, de se retrouver exactement au même endroit !
Jeudi 12 novembre : à la vacation de 5h
Je vais bien ! A l'instant, il y a une grosse bascule du vent et il va falloir que je manœuvre vite. C’est le reflet du début de course : il y a beaucoup, beaucoup de choses à faire. C’est intéressant mais assez exigeant, comme hier où on est passés sans transition d’un vent très fort au près à un vent très mou au portant. Pas de quoi s’ennuyer !
Je suis très content de reprendre le rythme du large en solitaire, je commence seulement à réaliser que je suis bel et bien parti pour un tour du monde. Il y a pas mal de fatigue, donc j’ai profité que la nuit soit plus calme pour essayer de récupérer.
Depuis le début de la course, j’ai réussi à m’alimenter convenablement — un peu moins bien quand ça tapait fort au près. C’est toujours moins motivant d’aller se faire cuire quelque chose quand on se fait projeter à chaque vague., qui tapaient vraiment très fort ! Sinon, j’ai réussi à rentrer dans le rythme, avec des repas à des heures calées et le sommeil bien en place.J'éprouve déjà beaucoup de plaisir. Au moment du départ, c’était fantastique de reprendre la mer dans de très bonnes conditions. Et puis il y a pas mal de coups à jouer, c’est toujours intéressant d’être au contact. Le plaisir, c’est aussi d’avoir réussi à passer ce front où il y avait plus à perdre qu'à gagner. J'ai ensuite passé une nuit calme, une récompense qui fait du bien !
Je n’ai pas regardé ce qu’ont fait les autres. Il se trouve que je ne suis pas le seul à avoir choisi cette option. Ce n’est sans doute pas par hasard. Ce qui a dicté mon choix, c’est la préservation de mon matériel. Le Vendée Globe, c’est 4 ans de préparation et je ne voulais pas prendre des risques dès la 2e nuit de course, à affronter des vents forts au près. Donc j’ai préféré prendre une option de préservation. Chemin faisant, je me suis rendu compte que cette option était intéressante. On a pu le voir : ceux qui était dans ce groupe-là ont recroisé en même temps que les bateaux de tête qui étaient partis vers l’ouest.La suite va être compliquée, avec une succession de dépressions à contourner. C’est une alternance de zones un peu ventées et de zones plus calmes : pendant 3 jours, il aura plusieurs opportunités à saisir et de pièges à éviter.
Stéphane a pris le départ sur Time for Oceans
Que d’émotions pour Stéphane Le Diraison ! Le skipper boulonnais a embrassé sa famille une dernière fois ce matin sur le port des Sables-d’Olonne afin de prendre le départ à 14h20. 80 mn ont été nécessaires afin que la brume se dissipe pour que le top départ soit donné. À 14h20 au lieu de 13h02, les 33 concurrents se sont élancés à l’assaut du globe dans des conditions météo parfaites : 10 nœuds de vent de sud-est, ciel bleu parfaitement dégagé, mer plate. Le majestueux survol de la flotte par la patrouille de France a ajouté à la magie du moment. Sur son "Time For Oceans", Stéphane a mis, comme tous les autres bateaux, cap plein ouest désormais pour rejoindre la bouée de dégagement à 7 milles laissée à bâbord. Les conditions doivent progressivement se muscler dans la nuit de dimanche à lundi avec, sans doute, des contraintes de changements de voile et des options de course à prendre. Bon vent et bonne mer, Stéphane !
Retrouver la vidéo du départ ici !
C'est parti pour l'aventure
Seule course à la voile autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, le Vendée Globe est de retour ! 33 concurents, un chiffre record, ont pris le départ de la 9e édition, dimanche 8 novembre à 14h20 aux Sables d'Olonne (suivi en direct sur France 3). Soutenu par la Ville de Boulogne-Billancourt, les groupes Suez et Bouygues, ainsi que le Département des Hauts-de-Seine, le skipper Stéphane Le Diraison est bien sûr de la partie. Au programme : 40.075 kilomètres, soit 21.638 milles, à effectuer le plus rapidement possible (74 jours et 3 heures lors de la dernière édition) !
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