Culture
Salon du Livre : Cécile Guidot, un roman chez les notaires et une future série télévisée
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Retrouvez Cécile Guidot samedi 7 (rencontre "Histoires singulières" à 17h au Cinéma Landowski, avec Serena Giuliano) et dimanche 8 décembre au Salon du Livre de Boulogne-Billancourt
Salon du Livre de Boulogne-Billancourt : Vous avez exercé la profession de notaire avant de vous consacrer à l’écriture. Comment vous est venu l’envie de raconter les coulisses de ce métier ?
Cécile Guidot : J’ai été notaire pendant dix ans ; je m’occupais principalement des dossiers de divorces et de successions. Je me suis beaucoup impliquée psychologiquement, parfois affectivement. Il y a des cas qui touchent particulièrement, je ne comptais ni mon temps, ni mon énergie. J’ai éprouvé le besoin de me réunir, de me recentrer, d’autant que l’écriture a toujours été là, en souterrain, comme une source secrète. J’ai toujours écrit depuis l’adolescence et je voulais donner une chance à cet autre chemin de vie. J’ai donc arrêté de travailler pour me consacrer à l’écriture. C'était un risque que je devais prendre. J’ai commencé par voyager pour me libérer l’esprit. Et, loin de la France, avec le recul, il m’a paru évident d’écrire sur ce que j’avais vécu.
SDLBB : Chez un notaire, on vient pour l’achat d’une maison, un mariage, un divorce, un décès... Comment avez-vous choisi d’utiliser ce formidable matériau dramatique ?
C.G. : Je voulais rendre compte du foisonnement des vies qui se croisent, se nouent et se dénouent, dans ce point de contact qu’est l’étude de notaires. C’est violent, cruel, tragique, parfois comique. Parce que l’argent et les sentiments se mêlent, parce que ce sont des moments cruciaux de vie, profondément humains.
Comme toute entreprise, c’est une microsociété hiérarchisée, hétéroclite, avec ses codes, ses affinités, ses rivalités. Il m’a semblé symbolique de situer l’action dans un office notarial rue de la Paix, à Paris, car on est parfois très éloigné de la paix des familles !
Pour cela, j’ai choisi une écriture visuelle, dialoguée, rythmée, à travers les regards successifs des notaires et employés de l’étude, avec leurs langages propres, et en particulier de l’héroïne Claire Castaigne.
SDLBB : Votre personnage central est jeune, libre, tatouée, inscrite sur un site de rencontres. Que vous doit-elle ?
C.G. : Elle me doit la liberté, sans doute née dans mon enfance solitaire et libre, presque sauvage, dans les mondes imaginaires que je m'inventais à la ferme familiale, au bord de la rivière, dans les bois, dans mes cabanes dans les arbres. Et elle me doit un parcours de la campagne à la vie urbaine choisie, Paris, les voyages, le métier de notaire. Ensuite, elle a ses tatouages, sa vie amoureuse, sa vie à elle, qui n’est pas la mienne. C’est un personnage de roman !
SDLBB : Le livre est annoncé comme le premier d’une trilogie et va devenir une série télé. Aviez-vous imaginé une telle "succession" ?
C.G. : Avant même d’écrire ce roman, je savais que je voulais dessiner, autour d’une héroïne principale, une grande fresque, une comédie humaine, polyphonique, développée en trilogie, à la manière des romans feuilletons et sociaux de Balzac ou Zola, et des séries actuelles en immersion dans des milieux professionnels.
J'ai été très heureuse (mais pas vraiment surprise) de l'intérêt des producteurs de télévision. Il y a dans la fiction française des séries et des films sur les avocats ou les médecins, mais il n’y avait rien encore sur les notaires, alors qu’ils sont au coeur de notre société, qu’ils sont dépositaires de nos secrets et acteurs de nos grands moments de vie.
Propos recueillis par Christiane Degrain