Culture, Musique
Qui était le Boulonnais Jean-Baptiste Clément ?
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L’acte de naissance de Jean-Baptiste Clément (né le 31 mai 1836 à Boulogne-sur-Seine) est soigneusement conservé aux Archives municipales. Il est le fils de Jean-Baptiste Clément, âgé de 23 ans, meunier, et de Marie-Thérèse Compoint, sa femme, blanchisseuse, âgée de 19 ans. Deux Boulonnais sont témoins de cette naissance : Jean-Joseph Adancourt, un meunier de 55 ans, et Baptiste-Joseph Adancourt, un jeune grainetier de 28 ans.
Un gamin du pont de Saint-Cloud
L’enfant vient au monde au domicile des parents, ce qui est pour le moins surprenant aujourd’hui : un moulin-bateau amarré à la dixième arche du pont de Saint-Cloud. Un plan cadastral de 1825 en donne une représentation complétée par un tableau conservé au musée de l’Île-de-France, sur lequel on voit une barge arrimée surmontée d’une maison. L’habitation, d’une superficie de 36 m², comprenait un rez-de-chaussée et un grenier éclairé par une fenêtre. La famille ne semble guère être restée longtemps dans ce lieu exigu, car nulle autre trace de leur présence n’apparaît dans les archives communales.
Une enfance pas si facile
Les premières années de Jean-Baptiste sont mal connues et, selon lui, plutôt malheureuses, parce que dénuées d’affection de la part de ses parents. Dès lors, il fut mis en nourrice et seuls les moments passés auprès de sa grand-mère au moulin de Cage, à Saint-Ouen, semblent lui avoir laissé de bons souvenirs de son enfance. Après un passage au pensionnat, jusqu’en 1850, il entre en apprentissage comme garnisseur de cuivre puis exerce toutes sortes de métiers et connaît des années d’errance.
L'auteur d'un chant révolutionnaire
Ses premières chansons datent de 1859 : "Le Joueur de vielle", "Pauvre Ninette", "Le Rêve du soldat"... mais c’est en 1866 qu’il compose celle qui lui apporte son premier succès et le fera passer à la postérité : "Le Temps des cerises", interprété par plusieurs artistes à l'image, un siècle plus tard, du célèbre Yves Montand. Une pastorale qui deviendra pour les travailleurs un chant révolutionnaire. Aujourd’hui encore, il demeure un symbole de la Commune. Cette chanson et son succès marquent un tournant dans la vie de Jean-Baptiste Clément : il fait évoluer son répertoire et multiplie les chansons engagées, dans lesquelles il exprime sa révolte contre l’injustice sociale.
L'homme politique
Il se consacre aussi à la vie politique et est élu maire de Montmartre puis député du 18e arrondissement, après le 18 mars 1871. La participation active de Jean-Baptiste Clément à la Commune lui vaut d’être condamné à mort, mais il s’exile à Londres. Amnistié, il revient à Paris en 1891, écrit dans les journaux de gauche et ouvre une librairie socialiste. À sa mort, le 23 février 1903, on lui accorde des funérailles grandioses ; il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, près du mur des Fédérés. Outre avoir donné son nom à une avenue, Boulogne-Billancourt, à l'initiative de son maire d'alors, André Morizet, organise en 1933 des festivités célébrant le trentenaire de sa mort.
Liberté, égalité, fraternité (extraits)
Quand nous avons bien appris
Que nous avons été sages
On nous donne le jour des prix
De beaux livres et des images
Ainsi le cœur plein de bonté
Bien heureux de nos récompenses
Nous nous en allons en vacances…
Vive la liberté, O gué,
Vive la liberté.
Paroles Jean-Baptiste Clément, musique Eugène Manescau