Environnement, Evénement

Les low-tech arrivent en ville

Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz ont aménagé un local de la Ville pour expérimenter leur mode de vie durable en milieu urbain. Avec l’objectif de mener une vie citadine normale, de ne produire aucun déchet et de diviser par dix leur consommation d’eau.

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Dans sa volonté d’être pionnière en matière de transition écologique, Boulogne-Billancourt accueille Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz pour leur expérience de « biosphère urbaine ». Depuis le 15 juillet, la Ville a mis à leur disposition un local qui servira, pendant quatre mois, de laboratoire low-tech en milieu urbain. À l’intérieur, le duo d’ingénieurs poursuit un triple objectif : mener une vie citadine normale tout en ne produisant aucun déchet et en divisant par dix sa consommation d’eau. Une problématique se pose néanmoins : comment rendre ce quotidien à la fois désirable et accessible à tous? Pour y répondre, ils vont peaufiner des techniques qu’ils ont déjà expérimentées dans le désert et en mettre au point de nouvelles. « Nous voulons nous assurer de la viabilité économique et sanitaire de notre modèle. Sur le plan médical, par exemple, nous sommes soumis à des tests d’effort réguliers et suivis par un nutritionniste », confient les deux scientifiques.

UNE COLONIE DE GRILLONS ET 124 PLANTES DANS 26 M2

Pour faire le plein de protéines, le binôme mise sur des œufs et un élevage de grillons. Le chant de ces insectes participe d’ailleurs au charme de l’appartement : en y pénétrant, on s’imagine quitter la région parisienne pour l’herbe verte d’une prairie. En parallèle, Caroline et Corentin vont donner un coup de main hebdomadaire à la ferme des Loges (78), en échange d’un panier d’œufs et de légumes frais. « Ainsi, nous arrivons à prendre trois repas par jour, comme tout lemonde », commentent-t-ils. Afin de conserver une alimentation variée et goûteuse, le duo a créé un véritable jardin aromatique d’intérieur, en bricolant un bassin de 300 litres d’eau qui fonctionne en circuit fermé. Salade, menthe, ciboulette et autres aromates y déploient leurs racines dans des billes d’argile. En tout, 124 plantes s’épanouissent dans 26 m2 . L’engrais provient des déchets organiques collectés grâce aux toilettes sèches.

LES EAUX USÉES DE LA DOUCHE SONT FILTRÉES PAR DES BACTÉRIES

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait Antoine Lavoisier. Corentin et Caroline appliquent cette formule à la lettre. Les eaux usées de leur douche à vaporisateur sont récupérées et filtrées par des bactéries qui deviennent, elles aussi, de l’engrais. La cabine de douche fait par ailleurs office de serre à pleurotes, un champignon comestible que chacun peut cultiver chez soi. « Ainsi, on arrive à passer d’une consommation moyenne de 150litresd’eau par jour et par personne à 15 litres », avance Corentin. Et les lessives dans tout ça? Grâce à un ingénieux système de rameur à tambour, le linge se lave à la force des bras et des abdominaux. L’énergie emmagasinée par les panneaux solaires disposés sur le toit peut servir à d’autres activités telles que la préparation des repas. Si les deux ingénieurs ont trouvé leur rythme de croisière en cette fin d’été, le défi consiste à maintenir cette routine low-tech quand le mercure va baisser et les jours, raccourcir. C’est pourquoi l’expérience est poussée jusqu’au mois de novembre : « Nous avons bien travaillé sur l’isolation en utilisant des panneaux de laine de chanvre. Ça devrait bien se passer », glisse Corentin, optimiste.

Vous pouvez suivre le quotidien de Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz dans leur appartement low-tech sur Instagram : @lamaisondelaplanete et @biosphere.experience