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Les Kogis, peuple autochtone de Colombie, à Boulogne-Billancourt
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Une conférence exceptionnelle entre les Kogis et les scientifiques
Si les peuples autochtones ne représentent que 5% de la population mondiale, ils gèrent au moins 25% de la surface terrestre, où se concentrent 80% de la biodiversité. Parmi ces sociétés, les Kogis se considèrent comme les gardiens de la « Mère Terre » et jouent un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité et des écosystèmes de la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie. Leurs savoirs ancestraux ont été reconnus patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2022. Ils sont venus les partager lors d’une conférence exceptionnelle à La Seine Musicale le dimanche 15 octobre, en présence d’Arregocés Conchacala Zalabata, gouverneur du peuple Kogi, et de plusieurs scientifiques comme Barbara Glowczewski, anthropologue, ethnologue, directrice de recherche au CNRS, Emma Haziza, experte en hydrologie, Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet, naturalistes, Erik Orsenna, écrivain, président d’Initiatives pour l’avenir des grands fleuves, et Cédric Villani, mathématicien.
La main tendue des Kogis face à l'urgence climatique
Cette conférence, « Quand connaissances ancestrales et savoirs scientifiques dialoguent pour soigner ensemble la Terre », a conclu un voyage de trois semaines de la délégation de Kogis en France, débuté le 25 septembre. La mission consistait à établir un diagnostic de la santé de territoires fragilisés sur le bassin du Rhône, en Corse et en Île-de-France. Face à l’urgence écologique, les Kogis sortent de leur isolement et nous tendent la main, à nous les " modernes ", pour nous aider à comprendre et réparer nos territoires. Comme un pont entre connaissances ancestrales et scientifiques pour soigner ensemble la Terre. En France, les Kogis sont soutenus par l’association Tchendukua, qui les aide à récupérer leurs terres ancestrales en Colombie dans le but de restaurer leurs écosystèmes. " En 2024, ce sera le 500e anniversaire de l’arrivée des Conquistadores en Colombie, signale Éric Julien, cofondateur de l’association Tchendukua. 500 ans de destructions et de barbarie. Que nous soyons capables aujourd’hui de dialoguer en paix, alliant nos savoirs et leurs connaissances pour faire face ensemble à l’immense défi écologique, est source d’espoir pour notre humanité. "
L’association Tchendukua – Ici et Ailleurs
Dans le but de freiner la destruction de la Sierra Nevada de Santa Marta, l’association Tchendukua Ici et Ailleurs entreprend, depuis 1997, le rachat et la restitution de terres au profit des Kogis, estimés les plus à même de restaurer les écosystèmes forestiers des zones dégradées. La Sierra Nevada de Santa Marta, située dans le Nord de la Colombie, est une montagne haute de 6000 mètres considérée comme l’une des régions les plus riches au monde en termes de biodiversité. Elle est également l’habitat des 16000 Indiens Kogis, derniers descendants des grandes sociétés précolombiennes du continent sud-américain. En raison de la conversion en terres de culture et d’élevage, de l’exploitation des bois précieux et de la pression touristique, la Sierra Nevada de Santa Marta a perdu 78% de sa couverture forestière en trente ans. La restitution de leurs terres ancestrales aux communautés Kogis permet la régénération des écosystèmes forestiers et de la biodiversité grâce à leur savoir-faire traditionnel.
Rencontre entre les Kogis et les collégiens et lycéens boulonnais
Le lundi 16 octobre, les Kogis avaient rendez-vous au musée Albert-Kahn avec les membres des Entretiens Albert-Kahn en vue d’un partenariat avec le conseil départemental des Hauts-de-Seine pour les aider à racheter leurs terres ancestrales. Après cette visite, les Kogis se sont rendus le mardi 17 octobre au Bois Saint-Martin, où 280 hectares privés ont été rachetés par la Région Île-de-France et classés " Espace naturel sensible ". L’après-midi, ils étaient attendus dans les salons d’honneur de l’hôtel de ville pour un échange avec les éco-délégués des collèges et lycées boulonnais, en présence de Pierre-Christophe Baguet.
En amont de cette rencontre historique, les élèves avaient préparé l’intervention et leurs questions avec les équipes municipales de la Maison de la Planète et les bénévoles de l’association Tchendukua. Ils se sont appuyés sur le documentaire issu de l’émission télévisée " Rendez-vous en terre inconnue " avec Thomas Pesquet, qui s’est rendu plusieurs jours chez les Kogis. La Maison de la Planète, service public municipal environnemental, est totalement inscrite dans cette démarche qui consiste à parler de la Terre et de son histoire aux jeunes, pour qu’ils prennent le relais, avec ces enseignements.