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Emblème patrimonial de notre ville, l'Eglise Notre-Dame de Boulogne restaurée, mise en valeur et bientôt érigée en basilique

Le conseil municipal du 21 mars a approuvé la délibération qui engage la restauration de l’église Notre-Dame, bâtiment emblématique du patrimoine boulonnais, dont la construction marque la naissance de la ville en 1319. Des travaux importants seront lancés en 2024, qui vont durer quatre ans. Les derniers travaux de rénovation et d’agrandissement remontaient à 1860 !

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En 2019, la très belle exposition « Boulogne a 700 ans  » avait célébré avec éclat l’histoire de la ville, ses racines médiévales et le patrimoine exceptionnel lié à sa fondation. L’église Notre-Dame-des-Menus, devenue Notre-Dame de Boulogne, y avait été racontée : sa construction, au XIVe siècle, marque la naissance de la ville, lui offre son nom. Les pèlerins viennent en nombre, souvent de loin, vers cet édifice où chaque jour, disait-on, s’accomplissaient des miracles.
Au fil des siècles, l’édifice a subi de nombreuses rénovations. Comme dans un livre, on perçoit les influences architecturales, les consolidations successives dont certaines furent financées par souscription par les habitants. De tout temps, les Boulonnais ont témoigné de leur profond attachement à ce lieu unique, classé monument historique dès 1858.
Le maire et le conseil municipal, afin de maintenir en état cet édifice emblématique, ont lancé une vaste étude pour engager la restauration et la mise en valeur de l’église. Le bâtiment appartenant à la Ville, un premier diagnostic a été effectué en 2019, suivi d’un approfondissement des études afin de programmer la restauration complète de l’édifice. Le diagnostic a révélé des altérations du bâtiment, parfois importantes, y compris la flèche en plomb. D’importants travaux sont nécessaires.

La Ville et le Département ont inscrit le projet de réhabilitation dans le contrat de développement territorial 2022-2024. La Ville a également noué des partenariats étroits avec la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) et l’évêché. L’agence de Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques, a été retenue comme maître d’œuvre de l’opération en janvier 2023. Un comité de pilotage suit ce projet ambitieux, constitué par la Ville, le Département, la Région, la Drac, l’ABF (architectes des Bâtiments de France) mais aussi la paroisse et l’évêché. Selon le maire, «   ces investissements considérables destinés à Notre-Dame seront opérés, avec l’objectif de la réhabiliter et de la transformer en basilique   ». Les travaux, d'un montant de 12,5 millions d'euros, commenceront en décembre 2024 et devraient s’étendre sur quatre années.

Bientôt, la basilique Notre-Dame de Boulogne !

Les évêques de France ont donné leur accord le 22 mars à l’évêque de Nanterre, Matthieu Rougé, pour qu’il engage les démarches auprès du dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, afin de conférer le titre de basilique mineure à l’église Notre-Dame de Boulogne.

Selon le droit canonique, la dignité de basilique doit être exclusivement réservée à des «  églises remarquables par leur antiquité, leur célébrité, leur grandeur ou leur beauté  ». La grâce et l’histoire de l’église Notre-Dame de Boulogne lui permettent d’y répondre aisément. Elle est à l’origine de la naissance de Boulogne en 1319 et du grand pèlerinage marial, presque aussi important que celui de Compostelle, dont l’origine se trouve à Boulogne-sur-Mer.

La rénovation de Notre-Dame : chiffres et nature des travaux

COÛT TOTAL 12 500 000 EUROS (TRAVAUX ET HONORAIRES)
Après une subvention de 3 millions d’euros du conseil départemental des Hauts-de-Seine dans le cadre du contrat de développement 2022-2024, la Ville va solliciter la Drac. Ce qui porterait les financements externes à 6,5 millions HT et les fonds propres par la Ville à 4 millions HT, soit 38% du coût total HT.

LA RÉALISATION DES TRAVAUX SE FERA EN DEUX PHASES :
- la première phase, d’une durée de vingt mois, sera consacrée à la restauration extérieure de l’église : remplacement de 110 m² de pierres de taille, la restitution de pierres sculptées et moulées, le rejointement de 3800 m² de parement extérieur, la révision et des restaurations de la charpente, la réfection de la flèche, la réfection de 1000 m² de couverture en ardoise et la restauration et le nettoyage de 300 m² de vitraux.
- la deuxième phase, d’une durée d’environ 22 mois, sera consacrée à la restauration intérieure de l’église : la prépose et des restaurations ponctuelles des stalles et lambris, la restauration de 2600m² de décors peints, une rénovation complète du système de chauffage.

Notre-Dame de Boulogne, sept siècles d’histoire

L’église est née de la volonté du roi Philippe le Bel. Pour célébrer le mariage de sa fille avec le roi d’Angleterre, il se rend en 1308 à Boulognesur-Mer, ville d’un miracle de la Vierge, devenue un lieu de pèlerinage fréquenté. À son retour, le roi souhaite prolonger le culte avec un lieu également dédié à la Vierge, mais qui permettrait un voyage «  raccourcy », moins dangereux. Son fils Philippe V choisit le village des Menuslez-Saint-Cloud pour poser la première pierre de l’église vers 1319. Une fois construite, elle permet l’expansion du village et devient un lieu de pèlerinage très fréquenté pendant plusieurs siècles.
Pendant la Révolution, l’église est pillée, les vitraux et les statues détruits; mais sa transformation en grenier à fourrage la préserve de dommages plus graves. Elle retrouve sa fonction cultuelle en 1802.

Classée monument historique en 1858, elle est restaurée entre 1860 et 1863 par l’architecte Eugène Millet, ancien élève de Viollet-le-Duc. Afin de recouvrer le style primitif de l’église, celui du XIVe siècle, on détruit les constructions accolées surajoutées au fil du temps. On y érige un «  transept saillant  » qui aurait été prévu à l’origine, et une flèche «  visible de loin  ».
Entre 1872 et 1879, l’intérieur est rénové, par Just Lisch. À la demande des Boulonnais qui financent les travaux, il fait appel à des artistes prestigieux dont Émile Hirsch, ancien élève de Delacroix, et Charles Lemeire. Les murs de l’édifice sont couverts de motifs décoratifs créant une atmosphère colorée, dans le goût du XIXe siècle, qui seront restaurés à plusieurs reprises.