Entreprises, Numérique
Avec l’application Vera, la Boulonnaise Nada Bargachi lutte contre le gaspillage vestimentaire
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Le constat est sans appel. Nous ne portons que 30% des vêtements rangés dans nos armoires, la production textile a doublé en vingt ans et est devenue la deuxième industrie la plus polluante. Et si Vera, application mobile créée par la Boulonnaise Nada Bargachi, était LA solution contre le gaspillage vestimentaire ?
UNE LEVÉE DE FONDS DE 8 MILLIONS D’EUROS
"L’idée m’est venue en 2017, l’année même où je me suis installée à Boulogne-Billancourt, explique la jeune maman. Tous les matins, je me demandais comment m’habiller." Nada Bargachi pense alors à inventer un algorithme capable de proposer des tenues en fonction de son agenda, mais aussi de la météo et des vêtements de son dressing (un peu comme dans le film Clueless, avec Alicia Silverstone). Elle s’intéresse aux nouvelles technologies, à l’intelligence artificielle et choisit de développer une application mobile avec l’agence boulonnaise Captive, située rue de Paris. "J’ai toujours voulu travailler avec des partenaires proches, remarque-t-elle. Je ne me vois pas du tout quitter Boulogne-Billancourt. J’ai eu un vrai coup de cœur et c’est la ville où j’ai vécu le plus longtemps."
Née au Maroc, Nada a grandi en Suisse et a fait ses études en France. Après une licence en sciences économiques puis un master en marketing et communication, elle travaille chez Chanel, puis s’envole à New York pour rejoindre Interparfums. Elle prolonge sa carrière dans la mode en intégrant l’Institut français de la Mode, à Paris, où elle peaufine son concept. La première version de l’application Vera voit le jour en décembre 2019. Un nom choisi pour rendre hommage à Vera Molnar, célèbre artiste française d’origine hongroise et précurseur de l’art numérique et de l’art algorithmique. Aujourd’hui installée route de la Reine, au sein de l’espace de coworking Spaces, Nada a d’abord élaboré Vera depuis le Starbucks des Passages ou le Pop Coffee, rue de Paris. Grâce à une exceptionnelle levée de fonds de 8 millions d’euros en février 2022 auprès de Perpetua Investment Group, Vera compte aujourd’hui une équipe de 15 personnes, 80.000 utilisateurs, plus d’un million de vêtements enregistrés, soit une moyenne de 120 pièces par dressing (985 pour le plus fourni).
LA FIN DU "JE N’AI RIEN À ME METTRE!"
Comment fonctionne Vera ? Une fois l’application gratuite téléchargée, l’utilisateur.trice prend en photo ses vêtements et ses accessoires sur fond neutre, le logiciel se charge du détourage et du classement, car il fait la différence entre les pantalons, les chemises, les robes, etc. À la demande, Vera propose plusieurs tenues différentes adaptées au programme de la journée.
Le but ultime étant de lutter contre le gaspillage vestimentaire, insiste Nada. Nous sommes confrontés à une surconsommation et à une accumulation de vêtements. L’industrie textile est aussi très polluante, les conditions de travail des ouvriers sont souvent déplorables, et la qualité régresse.
Très attachée à l’économie circulaire, l’entrepreneuse boulonnaise a imaginé de nouvelles fonctionnalités. Vera propose désormais aux utilisateurs dans un faible rayon de se rapprocher pour s’échanger ou s’acheter des pièces, façon Vinted. Elle affiche également les vêtements qui pourraient compléter une tenue, vendus dans les magasins de seconde main ou les ateliers d’upcycling de la ville. "Je travaille avec des boutiques boulonnaises, notamment La Placette, qui se trouve près du métro Jean-Jaurès", détaille Nada. Avec Vera, Nada a inventé le dressing intelligent, qui devrait séduire les victimes de la mode.
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