Aménagement urbain
Après 37 ans d’attente, le château Rothschild sera restauré sans aucune contrepartie de constructions nouvelles
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Haut lieu de la vie financière et historique, décrit comme « l’un des plus fastueux témoignages des demeures privées du Second Empire », le château Rothschild, laissé à l’abandon, vandalisé, semblait promis à une triste fin. C’était sans compter sur la détermination du maire Pierre-Christophe Baguet, et du groupe Novaxia, présidé par Joachim Azan, qui est parvenu à en acquérir la propriété en 2016, non sans difficultés. Cette restauration a été confiée à l’atelier d’architecture Philippe Prost. L’architecte, lui-même féru d’histoire, fut récemment, entre autres réalisations, le chef de projet de la rénovation de l’hôtel de la Monnaie, à Paris.
UN SUCCÈS PARTI DE TRÈS LOIN
En 1986, le propriétaire étranger, via une société basée en Hollande, gérée elle-même par de nombreux intermédiaires avocats internationaux, s’était mis en tête, après quelques études de faisabilité portées par des promoteurs en lien avec la Ville, de restaurer le château en contrepartie de 11 000 m² de constructions nouvelles dans le parc classé du domaine. Dès son élection, le nouveau maire Pierre-Christophe Baguet lui notifie un refus formel pour ne pas défigurer le site. Pour rendre définitivement impossible la construction
de ces 11 000 m², la Ville a alors engagé avec le ministère de l’Environnement la rédaction d’un schéma directeur qui a réduit toute construction nouvelle à 6 000 m² maximum. Fort de cette relative protection, le nouvel objectif du maire était de trouver un nouveau propriétaire qui accepterait de restaurer le château sans utiliser la constructibilité même réduite, autorisée. Après des années d’échanges de propositions diverses, de rendez-vous internationaux, la Ville a trouvé en l’investisseur Novaxia et son président, Joachim Azan, l’heureuse issue à cette situation bloquée depuis tant d’années.
« Il a fallu trouver un équilibre entre les contraintes réglementaires, urbanistiques et financières sans oublier le développement de l’hôpital Ambroise-Paré, commente Pierre-Christophe Baguet. Les négociations initiales avec les administrations concernées furent longues, parfois complexes. Mais le jeu en valait la chandelle car cela débouche sur un projet d’exception dont nous pouvons tous être fiers. Cela faisait tout de même trente-sept ans que ce château était à l’abandon ! » Le lancement de certains travaux est attendu dès l’année prochaine. Le groupe Novaxia y mènera un projet patrimonial dans le respect de l’art et de l’histoire.
AUCUN MÈTRE CARRÉ SUPPLÉMENTAIRE NE SERA CONSTRUIT DANS LE CADRE DE CETTE RESTAURATION
Annoncé à la rencontre du quartier le 18 septembre, salué par les applaudissements, le projet a été dévoilé dans ses grandes lignes, le vendredi 20 septembre, en mairie, aux premiers concernés, riverains et associations, en présence de Joachim Azan, président-fondateur de Novaxia, du maire, de Gauthier Mougin, premier adjoint au maire, et de Gaël Lesterlin, associé de l’architecte Philippe Prost. Étaient notamment représentés l’association de sauvegarde Boulogne-Les Princes, l’association Boulogne Patrimoine, l’association pour la sauvegarde de Boulogne Nord-Ouest, Val de Seine vert et des membres du conseil syndical de la Villa Alexandrine. « C’est le plus beau jour de la vie de mon association », a commenté Sylvie Jumentier, présidente de l’ASBNO. La rencontre a permis d’affirmer les ambitions de Novaxia. « Nous sommes des investisseurs patrimoniaux et non des promoteurs ! », a rappelé Joachim Azan. Il a été confirmé, de concert avec le maire, qu’aucun mètre carré supplémentaire, aucun programme de logement ne sera construit dans le cadre de cette restauration. La réhabilitation permettra d’accueillir, à terme, un locataire qui partagera le goût pour le patrimoine d’exception.
URGENCE D’AGIR POUR « SAUVER LE CHÂTEAU »
Chronologiquement, le premier permis de construire signé fin septembre par le maire concerne le « clos
et couvert », autrement dit le toit et les murs. Deux autres permis devront suivre, l’un pour aménager les extérieurs dont le parc, puis un troisième pour la partie intérieure de l’édifice. Des discussions sont par ailleurs en cours, entre la Ville et Novaxia, concernant l’avenir de la parcelle sud du terrain des Canadiens actuellement en déshérence, avec la future recréation du jardin japonais. Ce jardin serait ouvert au public. Des travaux de défrichage du terrain des Canadiens commenceront prochainement. Certains arbres, dangereux, devront être abattus, et remplacés à la demande expresse du maire. L’opération a été autorisée après une expertise fine de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites, et est coordonnée par la Driee (Direction régionale et départementale de l’environnement et de l’énergie). Un travail de rénovation, littéralement extra-ordinaire, s’apprête à débuter à Boulogne-Billancourt.